Les francs-tireurs de la danse
Voilà près de trois décennies que Paul Lightfoot est le témoin privilégié du succès du Nederlands Dans Theater (NDT). Tout d’abord comme danseur durant le règne du grand chorégraphe Jiří Kylián. Puis en tant que chorégraphe résident, créant aux côtés de Sol León une cinquantaine d’œuvres depuis 2002.
Alors qu’il a repris les rênes de NDT il y a cinq ans, c’est avec fierté que le directeur artistique Paul Lightfoot vient présenter une série de cinq représentations après 21 ans d’absence de la compagnie à Montréal. « J’étais sur scène la dernière fois que NDT est venue ici ! », lance-t-il.
« La compagnie a eu des visages très différents. J’ai vu de grands changements au cours des 30 dernières années. Jiří Kylián m’a fait entrer dans NDT2 [volet de la compagnie réservé aux moins de 22 ans] quand j’étais jeune danseur. Il a toujours veillé à ce que la compagnie évolue, ne tombe pas dans le conformisme. Il a invité des centaines de chorégraphes, et les meilleurs ! J’aimerais poursuivre ce lien avec les plus grands créateurs internationaux », explique le directeur artistique, qui se fait un point d’honneur de collaborer avec des artistes comme Sharon Eyal ou Crystal Pite.
De Jiří Kylián à Hans van Manen en passant par William Forsythe, Mats Ek et Ohad Naharin, nombreux sont en effet les grands noms de la danse qui ont travaillé avec la troupe installée à La Haye depuis près de 57 ans.
Dès le début des années 60, la compagnie s’est forgé une réputation de franc-tireur de la danse. Elle a même été surnommée par la presse « Bad Boy of Ballet » quand Glen Tetley et Hans van Manen ont présenté une pièce dont la nudité a provoqué un séisme dans le milieu, à l’époque.
« Je trouve incroyable que la compagnie ait su garder cette réputation de franc-tireur depuis sa création. Il s’agit d’une mentalité que tous les membres de NDT partagent, autant les interprètes que les chorégraphes ou les techniciens. »
— Paul Lightfoot, directeur artistique
La barre est haute pour le directeur artistique de NDT, qui se donne pour mission de respecter l’ADN de la compagnie et de toujours rester hors des sentiers battus. « Il ne s’agit pas pour autant d’être scandaleux. La compagnie ne doit pas être différente juste pour être différente. J’aime quand les choses changent, qu’on ne tombe pas dans le confort. Les prochaines années devraient avoir leur lot de chaos ; c’est la seule manière de trouver l’harmonie », observe Paul Lightfoot.
Le chorégraphe a choisi de présenter au public montréalais une soirée en trois temps très représentative du style actuel de NDT : Sehnsucht (2009) et Stop-Motion (2014), deux créations signées Paul Lightfoot et Sol León, ainsi qu’In the Event, une œuvre de la chorégraphe canadienne Crystal Pite.
« Je pense que c’est un programme vibrant et contrasté qui permet de montrer certaines couleurs du NDT. La troupe de danseurs est très internationale et j’ai vraiment essayé de pousser cet aspect au cours des cinq dernières années », conclut le directeur artistique.
Au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, du 1er au 5 novembre, dans le cadre de Danse Danse