Barcelone

Les crises stimulent les start-up

BARCELONE — « C’est ma dernière journée chez Twitter », lance-t-il. Le jour de notre entretien téléphonique, Sylvain Carle en était à ses dernières heures de travail comme évangéliste techno chez Twitter à San Francisco. De retour à Montréal depuis juillet dernier, l’entrepreneur porte maintenant le chapeau de directeur général de FounderFuel, un accélérateur d’entreprises technologiques dont le fonds est chapeauté par Real Ventures.

Figure connue dans le milieu des start-up à Montréal, l’ex-ambassadeur officieux du Québec dans la Silicon Valley répond à nos questions.

Qu’est-ce qui rend une ville fertile aux start-up ?

Il suffit que quelqu’un fasse deux ou trois pas pour que d’autres le suivent et qu’il se crée un écosystème. Dans la culture de la côte Ouest, les gens sont généreux et ouverts. Des gens super occupés sont intéressés à jaser avec toi pendant 30 minutes sur un sujet qui les touche. Il y a une curiosité intellectuelle et une générosité personnelle assez extraordinaires. Montréal a ce côté-là.

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Culturellement, Barcelone ressemble à Montréal et même à San Francisco. Ce ne sont pas des capitales financières (comme Madrid, Toronto et New York), mais elles font partie d’un réseau de villes créatives avec le petit côté rebelle des start-up.

Barcelone a beaucoup de start-up dans le domaine du voyage et du tourisme. Comment les villes peuvent-elles se distinguer ?

Chaque ville doit trouver ses racines. Je dis souvent qu’il faut plus de start-up de bouffe et de jeux vidéo à Montréal. À Barcelone, le tourisme est très fort.

La crise économique de Barcelone peut-elle avoir joué un rôle dans l’éclosion des start-up ?

Les crises économiques sont la meilleure chose pour les start-up, car elles libèrent le talent. La renaissance des start-up à New York est arrivée après la chute des banques. Des gens sont consciemment des entrepreneurs et d’autres sont des entrepreneurs accidentels, et les deux se valent. Que Montréal ait moins de sièges sociaux que Toronto en finance est une bonne chose pour les start-up. Le super hacker qui sort de l’université, va-t-il aller chez Bell, chez Ubisoft ou dans une start-up ? S’il est bright, il va aller dans une start-up. Il y a une tension entre l’écosystème des start-up et celle des grandes entreprises.

Les crises économiques semblent stimuler les start-up comme elle favorise l’émergence artistique. Ce fut le cas à Berlin. Ou à Seattle où la morosité du début des années 90 a participé au mouvement du grunge. Cela crée-t-il un effet d’entraînement ?

Oui. Un groupe de musique à succès (comme Nirvana à Seattle, par exemple) va aider les autres qui suivent. Le groupe a le choix de signer avec un major, un label indie ou de rester dans l’esprit punk.

Peu de personnes savent qui est le groupe montréalais Godspeed You ! Black Emperor. C’est ultraspécialisé. Mais leur succès (d’estime) leur a permis d’ouvrir la Casa del Popolo, la Sala Rossa… Puis a suivi Arcade Fire.

Il est arrivé la même chose il y a 10 ou 15 ans avec les start-up. Des gens pas nécessairement hyper connus ont aidé d’autres gens derrière eux.

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