RÉSEAUTAGE – C2MTL

« Faire des affaires, c’est se rencontrer »

Les trois prochains jours, François Poirier visitera le site de C2 Montréal, à l’Arsenal de Montréal. Encore une fois. Il sera là en tant que lauréat du prix Montréal inc. 2015 qui lui a valu un laissez-passer gratuit pour l’événement « commerce + créativité » cette année. Mais surtout en tant que fondateur de la start-up de blocs de construction électroniques MakerBloks.

C2 sourit à François Poirier. « Surtout la dernière édition, admet-il. On peut fonder beaucoup d’espoir sur le réseautage, mais c’est dur de prévoir si ce sera profitable. South by Southwest au Texas, par exemple, a été décevant pour moi le mois dernier. J’ai essayé d’y rencontrer des gens, car l’organisation a une plateforme similaire au Hub de C2 pour planifier des rendez-vous. Mais ils sont tombés à l’eau. »

Mais l’an dernier à C2, un tête-à-tête planifié (et concrétisé !) avec la directrice des achats de Mastermind Toys s’est soldé par une lettre d’intention. « Ma première d’un détaillant, lance François Poirier. Ce n’est pas un engagement béton, mais un sceau d’approbation. Cette lettre m’a permis d’aller en chercher quatre autres. On est maintenant en discussion avec des Best Buy et Brault & Bouthillier. »

Peu de transactions se concluent à C2, au dire du patron de MakerBloks. « Mais beaucoup de partenariats se créent, affirme-t-il. Car on a accès à une panoplie de gens à un même endroit. »

De son côté, C2 avance que le tiers des entreprises sont venues à Montréal en 2015 pour conclure des ententes et qu’il y a eu des signatures. Les organisateurs de l’événement, qui peut coûter au participant jusqu’à 3850 $ pour trois jours, disent avoir une grande responsabilité envers les gens d’affaires. « Les participants ont deux grandes motivations : “Ai-je appris quelque chose de nouveau ? Ai-je rencontré quelqu’un d’intéressant ?”, décrit Chloé Langevin, vice-présidente aux partenariats de C2. Le maillage doit être fructueux et mener à des relations à long terme. À C2, on accompagne les gens, on les aide à identifier leurs clients potentiels et on orchestre des rencontres. »

« Il y a des rencontres d’affaires qui contribuent aux affaires à C2. Ce n’est pas une ligne directe. Ça pourrait se conclure à d’autres moments. Mais il reste que C2 attire des gens qui ne se rencontreraient peut-être pas. »

— Michel Leblanc, président et chef de la direction de la chambre de commerce du Montréal métropolitain

En 2016, réseaute-t-on avec le souhait d’un effet immédiat ?

« Il y a différentes façons de réseauter, répond Véronique Gaumond-Carignan, associée du cabinet Davies Ward Phillips & Vineberg et présidente des Jeunes associés de l’Opéra de Montréal. Ma génération prône encore la bonne vieille méthode des 5 à 7 qui permet de rencontrer de nouveaux clients et de voir la communauté qui baigne dans notre milieu. Il y a beaucoup d’échanges de cartes d’affaires. Mais il faut faire un suivi, car c’est trop bref. »

Les entrepreneurs et gens d’affaires réseautent pour de multiples raisons, mais encore souvent pour chasser des clients.

« Réseauter aide, sur le plan de la croissance d’entreprise, à trouver des fournisseurs moins dispendieux, explique Jonathan Riendeau, fondateur du Réseau des gens d’affaires du Québec (RGAQ). Le coût d’impression pour mes cartes d’affaires a diminué de 400 % depuis que je réseaute, car j’obtiens de meilleurs prix. »

« Faire des affaires, c’est se rencontrer, dit Michel Leblanc. Fondamentalement, toutes les ententes contractuelles commencent par une rencontre, bien que les relations virtuelles se développent et servent à faire un tri initial. »

« LA FAÇON DE RÉSEAUTER A CHANGÉ »

La multiplication des activités d’affaires, du dîner-conférence aux randonnées à vélo et à la participation à des regroupements d’institutions culturelles en passant par les tournois de golf et matchs de hockey dans une loge au Centre Bell, prouve que s’entourer de gens d’affaires est encore désiré.

« Mais aujourd’hui, la meilleure manière est de s’impliquer dans une cause qui nous tient à cœur, estime Véronique Gaumond-Carignan. L’Opéra ne touche pas au droit immobilier, mais me permet d’élargir mon cercle professionnel et social. C’est plus enrichissant. On ne peut jamais savoir ce qui va se transformer en contrat demain matin. Si je me restreins à certains types de 5 à 7, je vais passer à côté de certaines choses. »

« La façon de réseauter a changé, ajoute Bruno Poirier, fondateur de Cyclistes Exécutifs et président de MixoWeb (anciennement Coutu communication). Avant, on pouvait consacrer plus de temps à des dîners-rencontres. Aujourd’hui, les gens vont sur le site des entreprises, font trois choses en même temps, ont un déficit d’attention ! Comme on est dans le multitâche, le vélo permet de combiner deux activités. »

Le deuxième mardi de chaque mois, Cyclistes Exécutifs réunit des adeptes de vélo pour des randonnées de 60 à 80 kilomètres. Ces activités rapprochent les membres de conseillers potentiels et d’oreilles attentives. Car réseauter, c’est aussi renforcer des liens avec un client ou un contact d’affaires. « Le but, au départ, est d’échanger sur des problèmes de financement, de ressources humaines, de vente, ce qui est propre à chaque entreprise, énumère Bruno Poirier. L’an dernier, je devais déménager mes bureaux. Une connaissance d’un de mes réseaux m’en a trouvé un nouveau. Tout s’est fait rapidement parce que quelqu’un de confiance m’a référé à des gens de confiance. »

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