COUPES EN ÉDUCATION

Un frein à l’ascension sociale, conclut une étude

Les coupes en éducation mettent en péril l’un des grands acquis de la Révolution tranquille, soit la possibilité pour les enfants défavorisés de se réaliser et de faire mieux que leurs parents, conclut une chercheuse québécoise qui vient d’être publiée dans une revue scientifique du Royaume-Uni.

Avec des collègues de l’Université Concordia, Marie-Hélène Véronneau, professeure de psychologie à l’UQAM, signe dans Development and Psychopathology une étude sur l’ascension sociale qui s’étale sur 30 ans.

À partir de 1976, des chercheurs de Concordia ont retenu une cohorte de 1770 élèves qui étaient alors en 1re année, en 3e année et en 1re secondaire et qui étaient issus de milieux défavorisés.

Trente ans plus tard, 503 de ces héritiers de la Révolution tranquille ont été retrouvés et leur trajectoire a été analysée.

Le résultat ? En moyenne, ces jeunes sont restés trois années de plus à l’école que leurs parents. « Trois ans dans un parcours scolaire, c’est énorme, note Mme Véronneau. Trois ans de plus, ça signifie en gros qu’on termine ses études secondaires. »

Les élèves plus pauvres de l’échantillon sont ceux qui se sont le plus démarqués par rapport à la génération qui les précédait.

« Les politiques sociales peuvent hausser le statut social des gens d’une génération à l’autre, et c’est particulièrement le cas pour les personnes issues des milieux les plus défavorisés », concluent les auteurs de l’étude.

Le texte souligne à quel point la Révolution tranquille, avec ses idéaux d’égalité des chances et de démocratisation de l’éducation, a pu changer le cours de la vie de bon nombre de participants de l’étude qui ne comptaient pas parmi les nantis.

Tous n’en ont cependant pas profité. Certains sont tombés entre les mailles du filet. « Ceux qui présentaient des difficultés scolaires ou des problèmes de comportement ont stagné par rapport à leurs parents », relève en entrevue Mme Véronneau.

« Avec la Révolution tranquille, poursuit-elle, on a créé le réseau de cégeps, mis sur pied celui de l’Université du Québec. On a mis un système en place. Maintenant, il nous reste manifestement à mieux appuyer les cas particuliers. Dans cette perspective, il est inquiétant de voir que l’on fait l’inverse en n’offrant pas de services spécialisés (orthophonie, psychoéducation, etc.) aux enfants qui en ont besoin. »

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