Karaté

Trois amies, un seul objectif

Les judokas Nancy Croteau, Julie Lamarre et Samira Yazit vivront, ensemble, leur baptême au championnat européen de karaté

Complices dans la vie et sur les tatamis, Nancy Croteau, Julie Lamarre et Samira Yazit participeront, demain, au troisième championnat européen de karaté Kyokushin organisé par la World Budokai Karate.

Elles n’y vont pas par quatre chemins pour décrire leur objectif. « Assommer les filles. K.-O. ! Ça finit plus vite et on est contentes », disent-elles en chœur à propos de cette compétition qu’elles vont disputer pour la première fois.

« Les championnats européens n’acceptaient pas les Nord-Américaines, démarre Julie Lamarre, la plus expérimentée du trio. On nous a dit non l’an dernier en Bulgarie, mais ils ont accepté cette fois. Ce n’est pas un championnat du monde, mais c’est l’équivalent parce que les Européennes de l’Est sont les plus fortes. On va affronter du gros calibre, notamment les Russes. »

Les combats se font sans retenue de force et sans protection au visage ou aux poings. Il est interdit de frapper avec les poings sur la tête de son adversaire, mais il est possible de le faire par un coup de pied. Les frappes dans le dos sont aussi interdites.

En préliminaires, les combats durent deux minutes. Lors des rondes finales, la durée du combat passe à trois minutes avec deux prolongations de deux minutes si cela s’avère nécessaire.

« Ça prend un bon cardio parce que c’est du sport de frapper sans arrêt avec les bras et les jambes pendant trois minutes, précise l’instructrice Sensei Sylvie Comeau. Musculairement, il faut essayer de frapper plus fort que l’autre tout en bougeant plus que l’adversaire et en lisant ses intentions. C’est complet sur le plan cardio, musculaire, résistance et concentration. Le combat peut chavirer en un moment d’inattention et en un coup. »

Unies

Les trois athlètes s’entraînent au Centre Lamarre, dirigé par Sylvie Comeau et Valdaire Lamarre, son conjoint. Julie Lamarre est l’une des filles du couple. « On est quatre sœurs et on est trois encore actives. On est tombées dans le karaté lors de notre enfance, mais ça a fini par devenir notre choix. On n’arrête pas », dit-elle.

La championne du 5e World Weight Karate Tournament en 2013 est une habituée des victoires, dont l’All-American à New York, et des podiums internationaux. À la mi-trentaine, elle n’a rien perdu de sa motivation et du goût du combat. « Plus j’affronte quelqu’un de bon, plus je vais prendre mon pied parce que j’ai encore plus de respect. »

« Mon objectif en Espagne est de gagner et d’affronter le plus de belles machines de combat possible. »

— Julie Lamarre

Une nouvelle fois, elle montrera la voie à ses jeunes partenaires. Samira Yazit, 23 ans, l’a déjà accompagnée au Japon en 2013 – elle se battait chez les juniors – et en 2015, ainsi qu’en Russie il y a deux ans.

« J’ai commencé à l’âge de 9 ans. C’est Sensei Sylvie et Julie qui m’enseignaient et ce sont encore elles qui m’enseignent aujourd’hui. Depuis que je suis jeune, je vois Julie faire des compétitions au Japon ou ailleurs, et c’est venu me chercher. Je voulais faire la même chose. Je la voyais aussi gérer l’école et l’entraînement et ça me rejoignait. »

« On suit les traces des meilleures », ajoute Nancy Croteau, 21 ans, sur le fait de vivre cette expérience en Europe avec ses deux amies.

« Ça change tout d’être ensemble. En plus de la compétition, il y a la préparation qui est très cool parce qu’on est tout le temps ensemble. On s’entraîne ensemble, on s’encourage et on se fait mal. C’est ça qui est beau et c’est ce qui nous fait avancer. »

— Nancy Croteau

Selon Samira, l’entraînement au dojo peut prendre une douzaine d’heures par semaine. Cela s’ajoute aux autres responsabilités de la vie quotidienne. Samira et Nancy sont étudiantes tandis que Julie est technicienne juridique dans un cabinet d’avocats. Certaines de leurs adversaires, notamment les Russes ou les Japonaises, peuvent vivre de leur pratique du karaté.

« C’est encore plus une motivation pour me défoncer et aller jusqu’au bout, souligne Julie Lamarre. Je ne peux pas passer autant de temps dans le dojo qu’elles parce que j’ai d’autres obligations. Mais quand j’entre dans le dojo, je suis à 100 % et il n’y a pas une seconde à perdre. Au moment de la compétition, je veux prouver qu’elles n’ont rien de plus. À un moment donné, ce n’est plus le corps qui s’exprime, mais la tête et le caractère qui prennent la relève. »

Ce qui se passe sur le tatami…

La complicité entre les trois filles est rapidement apparente. Mais les amies se sont parfois muées en adversaires lors des compétitions. Alors, que ressent-on au moment de frapper son amie et habituelle partenaire d’entraînement ?

« C’est spécial, mais c’est un état d’esprit que tu apprends à développer avec le temps », répond Samira Yazit.

« Ce qui se passe sur le tatami reste sur le tatami. Une fois qu’on l’a quitté, on redevient les meilleures amies du monde. »

— Samira Yazit

« Si tu as un respect pour ton amie et ta compétitrice, tu vas justement y aller à fond. Si tu ralentis, c’est que tu n’as pas de respect pour son entraînement », prolonge Julie Lamarre.

Amies ou pas, l’objectif ne change donc pas en Espagne : « K.-O. ! »

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