La SQDC croule sous la demande

Le maintien du réseau de succursales représente « un défi », prévient l’organisme

Une semaine après la légalisation du cannabis au Canada, la Société québécoise du cannabis (SQDC) prévient que « le maintien du réseau de succursales sera un défi », alors que la société éprouve « des enjeux importants d’approvisionnement ».

Dans un bilan publié hier en soirée, la SQDC explique que l’effervescence des premiers jours a créé « une pression » sur le réseau québécois de vente. Plusieurs produits, dont certains types de gélules, d’atomiseurs ou d’huiles de cannabis, sont déjà en rupture de stock en succursale ou même sur le site web transactionnel de la SQDC.

« Nous prévoyons que cette situation perdure à différents niveaux pour les premiers trimestres d’opération. La SQDC travaille de concert avec ses fournisseurs afin de minimiser les impacts sur la clientèle, mais dans l’état actuel des choses, le maintien en opération du réseau de succursales sera un défi », a écrit la SQDC dans un communiqué.

La clientèle peut donc « continuer à s’attendre » à un manque « important » de produits offerts dans l’ensemble du réseau de 12 magasins québécois ainsi qu’en ligne. La SQDC a enregistré pas moins de 138 150 transactions (84 850 en succursale et 53 00 en ligne) au cours des sept premiers jours de la légalisation du cannabis.

Des fermetures à prévoir ?

En entrevue avec La Presse, le porte-parole de la SQDC a précisé que la demande avait pourtant bien été évaluée par la société avant le démarrage des activités. « Si les commandes qu’on avait passées pour le lancement avaient été livrées dans leur ensemble, on ne gérerait pas ces problèmes d’approvisionnement », a assuré Mathieu Gaudreault.

« C’était une première semaine pour tout le monde », ajoute-t-il. Ces enjeux ne sont d’ailleurs pas étrangers à « l’offre limitée » de la part des fournisseurs et aux « limites du cycle de production ». La SQDC s’approvisionne principalement auprès de fournisseurs québécois et ontariens. « [L’approvisionnement] est un défi au quotidien », dit-il.

Il est difficile pour la SQDC de « donner un ordre de grandeur » du nombre de produits en pénurie puisqu’elle « gère des arrivages au quotidien », explique M. Gaudreault. Est-ce que les difficultés d’approvisionnement pourraient jusqu’à entraîner la fermeture temporaire d’une succursale ? « Je ne suis pas en mesure de confirmer ou infirmer ça », affirme-t-il.

« Aucun intérêt » pour le pétrole à Anticosti, dit Legault

QUÉBEC — François Legault a affirmé hier qu’il n’avait « aucun intérêt » pour l’exploration pétrolière dans l’île d’Anticosti.

Au terme d’une réunion de son cabinet, le premier ministre a affirmé sans détour que son gouvernement n’était pas chaud à l’idée de relancer l’aventure pétrolière à laquelle le gouvernement Couillard a mis fin l’an dernier.

« Il n’y a aucun intérêt de notre part, a dit M. Legault. Il n’y a pas de projet sur la table. »

Quelques heures plus tôt, le ministre des Ressources naturelles, Jonatan Julien, s’est montré ouvert à écouter tout promoteur qui manifesterait le désir de reprendre les travaux.

« S’il y a des projets qui arrivent, on va les regarder », a dit M. Julien à son arrivée au caucus des députés de la Coalition avenir Québec.

Cette ouverture était cependant accompagnée d’une mise en garde : tout projet d’hydrocarbures devra passer le test de « l’acceptabilité sociale », tant chez les « gens de proximité » que dans « l’ensemble du Québec », a expliqué le ministre.

site patrimonial de l’UNESCO

M. Julien n’a pas exclu non plus de renoncer à faire reconnaître l’île d’Anticosti comme site patrimonial de l’UNESCO, une démarche lancée par la communauté d’Anticosti et à laquelle le gouvernement Couillard et le gouvernement Trudeau avaient donné leur appui.

Mais M. Legault a jeté de l’eau froide sur cette possibilité quelques heures plus tard. « On va suivre le processus de l’UNESCO », a déclaré le premier ministre.

Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, s’était lui aussi montré sceptique devant une possible reprise du projet pétrolier à Anticosti.

« Ce n’est pas une priorité, a dit M. Fitzgibbon. On a beaucoup de priorités : ça fait trois-quatre jours que je suis en fonction et ce n’est pas dans nos priorités, c’est sûr. »

« trop tôt pour conclure »

Il a également dit que toute relance de l’exploration pétrolière ou gazière dans l’île devrait obtenir l’acceptabilité sociale.

« C’est un dossier que le privé va financer, a indiqué M. Fitzgibbon. Et il y a beaucoup de conditions précédentes qu’on a établies qui ne sont pas encore respectées, alors il est trop tôt pour conclure. »

Le gouvernement péquiste de Pauline Marois avait lancé l’exploration pétrolière dans l’île en 2014 en la confiant au consortium Hydrocarbures Anticosti. Le gouvernement libéral de Philippe Couillard avait d’abord semblé favorable à la poursuite du projet, mais avait changé de cap. Il a finalement mis fin à l’aventure en versant une compensation aux entreprises.

Médecins spécialistes 

Gel salarial et report de la négociation

QUÉBEC — Le premier ministre François Legault gèle la rémunération des 10 000 médecins spécialistes d’ici à ce qu’une nouvelle entente soit intervenue avec leur syndicat. La négociation commencera plus tard que prévu en raison d’une « mauvaise surprise » qui l’attendait quand il a pris le pouvoir.

Au terme d’une réunion de son Conseil des ministres hier, M. Legault a indiqué qu’à partir de maintenant, les nouvelles augmentations prévues à l’entente avec la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) « vont être mises en fiducie, donc ça ne sera pas donné ». Le versement de ces hausses est ainsi suspendu le temps de convenir d’une nouvelle entente.

En campagne électorale, la Coalition avenir Québec (CAQ) avait affirmé qu’une telle mesure avait pour effet de retenir des sommes de 192 millions pour 2019-2020 et de 289 millions pour 2020-2021. L’entente prévoit des hausses annuelles d’environ 1,4 % en moyenne.

« Ce n’est pas des montants importants par rapport aux milliards » versés annuellement aux médecins, a convenu le premier ministre. Il a précisé que les hausses les plus importantes avaient été accordées dans le passé.

François Legault a réitéré qu’il est « injuste et inacceptable » que les médecins spécialistes du Québec gagnent plus que ceux de l’Ontario, alors que ce n’est pas le cas pour les autres professionnels – les omnipraticiens et les infirmières, par exemple. C’est pourquoi il a pris l’engagement de renégocier l’entente, en se servant d’une étude que le gouvernement Couillard s’était engagé à réaliser pour comparer la rémunération des spécialistes québécois et celle de leurs collègues de l’Ontario.

« Or, malheureusement, on a eu une mauvaise surprise en arrivant : on a vu que le mandat n’a pas encore été donné » à l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) pour la réaliser, a-t-il révélé.

Cette étude comparative est prévue à l’entente Québec-FMSQ dévoilée il y a huit mois. Elle devait être produite d’ici le 1er septembre 2019 – M. Legault ambitionnait même d’accélérer sa réalisation.

« Les libéraux n’ont pas réussi à s’entendre [avec la FMSQ] sur les devis, sur les mandats à donner à l’ICIS pour faire l’analyse comparative », a-t-il déploré, accusant le gouvernement Couillard de s’être « traîné les pieds ».

Le plan qu’il avait en tête est par conséquent retardé. « Effectivement, on ne peut commencer une négociation tant qu’on n’a pas encore l’étude comparative », a-t-il répondu.

Dubé mandaté

Il entend « le plus rapidement possible » obtenir une étude, de la part de l’ICIS ou d’une autre firme indépendante, et ensuite entreprendre les négociations. « Je ne veux pas me donner d’échéancier. Moi, c’est le plus rapidement possible. Si on est capable de le faire avant [le 1er septembre], on va le faire avant ça. » Il a chargé le président du Conseil du trésor, Christian Dubé, de piloter ce dossier.

En entrevue à La Presse un peu avant le déclenchement des élections, François Legault avait annoncé son intention de réduire rapidement de 1 milliard de dollars la rémunération totale des médecins spécialistes. Ils gagnent, en moyenne, 80 000 $ de trop par année si l’on compare avec l’Ontario et en tenant compte du coût de la vie, plus faible au Québec, disait-il.

La CAQ n’avait pas inclus dans son cadre financier l’argent qu’un gouvernement caquiste économiserait en réduisant la rémunération des spécialistes. François Legault projetait de baisser les impôts avec les économies qu’il dégagerait en renégociant l’entente.

— Avec la collaboration d’Hugo Pilon-Larose

Politique fédérale

Le CO2 « nourrit les plantes », plaide Bernier

Ottawa — Le député Maxime Bernier a remis en question le lien entre la production de dioxyde de carbone (CO2) par l’activité humaine et le réchauffement climatique, hier, une position qu’il a eu du mal à expliquer pendant un point de presse haut en couleur à Ottawa.

« Il y a des changements climatiques qui existent, mais la question est de savoir si c’est l’homme qui cause ces changements climatiques ou non, a-t-il lancé. C’est ça, la vraie question. Je ne suis pas un scientifique pour me prononcer là-dessus. »

Plus tôt dans la journée, le chef du Parti populaire du Canada s’en était pris sur Twitter au plan de tarification du carbone annoncé la veille par le gouvernement Trudeau.

Ce plan obligera les gros pollueurs de quatre provinces – Ontario, Nouveau-Brunswick, Manitoba et Saskatchewan – à payer une redevance sur leurs émissions de CO2 dès 2019. Les ménages de ces provinces recevront en contrepartie des chèques pour compenser les hausses du prix de l’essence, notamment.

« Le CO2 n’est PAS de la pollution, a écrit M. Bernier sur Twitter. C’est ce qui sort de votre bouche quand vous respirez et ce qui nourrit les plantes. »

Pas pire que la nourriture

L’ancien député conservateur en a rajouté peu après en dénonçant la « propagande débile » des libéraux sur son compte Twitter. « Le CO2 n’est pas plus de la pollution que la nourriture, quel que soit l’impact s’il y en a trop », a-t-il écrit.

Invité à préciser sa pensée quelques heures plus tard, le député de Beauce a réitéré que le CO2 en lui-même était inoffensif, et qu’il n’était pas certain que l’activité humaine soit vraiment responsable des changements climatiques.

« Tout le monde le sait que le CO2 est un gaz essentiel pour la vie. J’émets du CO2 en ce moment en vous parlant, les plantes se nourrissent de CO2. La question est : est-ce que trop de CO2 peut devenir de la pollution ? »

S’il reconnaît que l’activité économique humaine produit du CO2, Maxime Bernier se questionne sur les niveaux de ce gaz nécessaires pour causer des changements climatiques.

1,5 degré d’ici 2030

Le consensus scientifique est de plus en plus clair quant aux impacts de l’homme sur le réchauffement accéléré de la planète.

Un rapport alarmant du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), publié au début du mois, a exposé les nombreuses menaces qui pèseront sur la planète si les humains n’arrivent pas à limiter ce réchauffement à 1,5 degré Celsius.

Les déclarations faites hier par Maxime Bernier lui ont valu une volée de critiques sur Twitter et dans les couloirs du parlement.

« Il ne comprend rien à la science des changements climatiques, c’est de l’ignorance crasse », a dénoncé à La Presse le député néo-démocrate Alexandre Boulerice. Le bloquiste Mario Beaulieu a aussi condamné ses propos.

Employés de l’État

L’interdiction du tchador, « pas notre priorité », dit Legault

Contrairement à l’interdiction du port de signes religieux chez des employés de l’État en position d’autorité, bannir le tchador « n’est pas notre priorité », a indiqué François Legault, hier. Certes, sa position « n’a pas changé » sur le sujet. « On souhaite que le personnel de l’État ne puisse pas porter de signes comme le niqab et le tchador. » Mais « pour l’instant, ce n’est pas notre priorité ». Ce qui l’est, c’est interdire le port de signes religieux chez les juges, les procureurs de la Couronne, les policiers, les gardiens de prison et les enseignants. Il veut agir « rapidement » avec le dépôt d’un projet de loi. L’enjeu du tchador pourrait être réglé plus tard, dans une autre pièce législative, a-t-il évoqué. Plus tôt dans la journée, son ministre de l’Immigration, Simon Jolin-Barrette, se disait pourtant prêt à inclure l’interdiction du port du tchador dans son projet de loi à venir sur la laïcité. — Tommy Chouinard, La Presse

Déjà un départ à la CAQ

Moins d’une semaine après la nomination du Conseil des ministres, le gouvernement caquiste voit déjà un chef de cabinet quitter ses fonctions. Jean-Luc Benoît, qui devait diriger le cabinet de la ministre de la Justice, Sonia LeBel, ira finalement travailler à la Ville de Longueuil. Un porte-parole du gouvernement a assuré que c’est M. Benoît qui a choisi de partir et que la décision ne découlait pas d’un différend avec sa nouvelle patronne. « M. Benoît a reçu plusieurs offres, dont la nôtre, et il a décidé d’aller œuvrer ailleurs », a-t-on indiqué. Ancien bras de Mario Dumont à l’Action démocratique du Québec, M. Benoît a été directeur des communications de M. Legault au début du dernier mandat. Il a également travaillé au sein du gouvernement conservateur à Ottawa. M. Benoît n’a pas rappelé La Presse hier. — Martin Croteau, La Presse

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