Le Québec dans l’assiette

L’essor des pousses

Aquafuchsia
Laval et Rigaud
Depuis 1978
Produits
15 variétés de germinations et de pousses de culture hydroponique, dont celles du fenouil, de la carotte, de l’oignon, du chou frisé, du radis japonais, du tournesol, de l’asperge et du maïs. L’entreprise produit également des oignons perlés

Aux quatre coins de la province se concoctent des aliments qui n’ont rien à envier à ceux d’ailleurs. Pause vous fait découvrir ces produits et les gens qui les fabriquent avec enthousiasme et conviction.

Ce qui la distingue

L’entreprise cultive ses produits de manière hydroponique, ce qui, selon son directeur, permet de concentrer les saveurs et d’optimiser leur teneur en nutriments.

Produits phares

Populaire depuis les années 70, la luzerne est toujours la meilleure vendeuse chez Aquafuchsia. Elle est suivie des pois mange-tout.

L’astuce en cuisine

En smoothie, en salade, en sandwich, en garniture, et partout où l’on veut subtilement et joliment ajouter des saveurs et des vitamines à nos plats.

La petite histoire

La luzerne, les pousses… « Au départ, je ne connaissais rien à tout ça. J’ai tout appris des employés. C’est à eux que revient le mérite », tient à souligner Jean-Pierre Joseph, actuel directeur d’Aquafuchsia, dont il a pris les commandes en 2014.

L’histoire de l’entreprise remonte en effet à une époque qui le précède, à la fin des années 70. Jessie Taras, une Albertaine immigrée au Québec, a alors 37 ans et embrasse les valeurs du mouvement hippie. Dans son appartement de la rue Sherbrooke, la jeune entrepreneure commence une petite production de luzerne sous le nom de Luzernobec.

Sans être faramineuses, les ventes se portent bien, assez pour qu’en 1992, Jessie Taras s’associe à une autre entrepreneure afin d’augmenter sa production et de tenter d’atteindre le marché ontarien. La nouvelle entreprise prend son nom d’aujourd’hui, Aquafuchsia, et s’installe à Rigaud, qui constitue un parfait point d’ancrage entre Ottawa et Montréal.

Le duo développe de nouvelles pousses et germinations, et améliore ses procédés de production. Mais la contamination de la luzerne aux États-Unis porte une rude atteinte à la réputation du produit et un coup dur à l’entreprise. Dix ans plus tard, l’association entre les deux partenaires bat de l’aile, et Jessie rachète ses parts.

« Elle partait en minivan et faisait elle-même ses livraisons aux commerces et aux restaurateurs. Il fallait avoir beaucoup de détermination », lui reconnaît son successeur, Jean-Pierre Joseph, qui a dû trimer dur pour arriver à la convaincre qu’il était digne de reprendre les rênes de l’entreprise. Cela a été fait deux ans plus tard : en 2014, à l’âge de 70 ans, Jessie Taras a pris sa retraite, non sans être restée six mois de plus pour assurer la transition.

« On n’a fait que mettre en forme les projets de Mme Taras, souligne Jean-Pierre Joseph en parlant des derniers développements. Une simple variation de température peut faire en sorte qu’on perd tout. C’est une culture très fragile, et les pertes étaient énormes. » Le procédé de culture hydroponique a été amélioré en faisant en sorte que la température reste stable en tout temps. De nouvelles pousses ont encore été ajoutées, dont celles de la carotte, de la ciboulette et du poireau.

« On est arrivés au moment où il y avait un buzz autour de la santé », reconnaît l’entrepreneur en relevant le potentiel de ces petites plantes qui ont l’avantage d’être à maturité en quelques jours seulement, pour un rendu qui se compare, et souvent excède, pour une petite portion, la quantité de nutriments contenus dans la version mature du même légume.

Par ailleurs, note-t-il, les mentalités changent. « Avant, on ne voyait que l’aspect “granola” du produit. Les chefs ont contribué à son essor. Maintenant, on ne s’intéresse plus juste aux pousses et aux germinations pour leur aspect ornemental ou santé, mais aussi pour leur goût. » Essayez les pousses de radis japonais avec le poisson, suggère-t-il, et vous verrez.

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