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Édition du 15 novembre 2017,
section ARTS, écran 8
Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous, disait Paul Éluard. Et Sophie Bienvenu lui donne raison. Car c’est au Salon du livre que l’auteure de Chercher Sam a rencontré l’éditeur qui allait lui permettre de publier son premier roman jeunesse.
Avec sa belle jaquette jaune, La princesse qui voulait devenir générale, publié aux Éditions de la Bagnole, est un roman féministe qui s’adresse aux enfants de 8 ans et plus. Sophie Bienvenu, invitée d’honneur du Salon cette année, a inventé un personnage qui lui ressemble un peu, la petite Emma, une princesse « hors norme » qui n’accepte pas sa condition de princesse et qui voit beaucoup plus grand. « Je n’avais aucune idée de l’âge auquel je m’adressais en écrivant, je ne connais pas ça, les enfants, avoue-t-elle. Alors j’ai pensé à ce que j’aimais lire quand j’étais jeune… »
Sophie Bienvenu a adoré son expérience et songe déjà à une suite, un roman qui parlera de diversité cette fois. « Mon chum est noir et donc, son fils est noir. Et j’ai réalisé qu’il n’y a jamais de petits garçons noirs dans les livres qu’il lit. Dans les émissions qu’il regarde à la télé non plus, d’ailleurs. »
« Même dans les histoires de petits lapins, le petit lapin qui n’est pas bon à l’école est noir. Ça n’a aucun sens ! Alors j’ai vraiment envie d’aborder cette question de façon ludique. »
— Sophie Bienvenu
« Je n’ai pas de message dans mes livres pour adultes, ajoute l’écrivaine, mais quand j’écris pour les jeunes, j’ai l’impression d’avoir une mission. »
Le Salon du livre qui débute aujourd’hui est une grande source de stress pour Sophie Bienvenu, qui a reçu récemment un diagnostic de syndrome d’Asperger. « Je n’aime pas trop les foules, les lumières, les textures, serrer des mains, reconnaît l’auteure qui sait maintenant pourquoi elle réagit ainsi à tous ces stimuli. Mais j’adore rencontrer mes lecteurs et avoir des discussions avec eux, alors ça compense. Au final, c’est plus positif que négatif. »
Tout en se préparant pour le Salon du livre qui, dans son cas, s’apparente à un véritable marathon (voir son horaire ci-dessous), Sophie Bienvenu continue à travailler à ses projets. Et ils sont nombreux : l’adaptation de Chercher Sam, un scénario de film, un recueil de poésie, un nouveau roman… Et elle a également accepté d’écrire une pièce de théâtre à partir de son roman Autour d’elle !
« Je sais, je fais beaucoup de choses, dit-elle en riant. Mais j’en profite, j’ai peur qu’un jour, tout s’arrête. »
Roman jeunesse
La princesse qui voulait devenir général
Sophie Bienvenu
Éditions de la Bagnole
136 pages
Quand LA voir au Salon ?
Confidence d’écrivain, vendredi 16 h 30, place Confort TD
Triangle amoureux, samedi 15 h, Carrefour.
Le Salon présente : du roman au grand écran, dimanche 14 h.
Elle sera également l’invitée de René Homier-Roy à l’émission Culture Club, dimanche 14 h, Studio Radio-Canada
Séances de dédicace
Jeudi, 18 h à 19 h, et vendredi, 19 h à 20 h 30, pour Et au pire, on se mariera (Éditions La Mèche)
Vendredi, 14 h à 15 h, pour Ceci n’est pas de l’amour (Éditions poètes de brousse)
Samedi, 16 h à 18 h, et dimanche, 13 h à 14 h, pour Autour d’elle (Éditions Le Cheval d’Août)
Vendredi, 15 h à 16 h, samedi 13 h à 13 h 30 et dimanche, 12 h à 13 h pour La princesse qui voulait devenir générale (Éditions de la Bagnole).
Pour la majorité des auteurs, les séances de signature sont un exercice de grande humilité. Dans Passez au salon – 150 anecdotes de salons du livre (Québec Amérique), les journalistes Hugo Fontaine et Isabelle Massé ont recueilli les témoignages de plusieurs auteurs, dont celui de Georges-Hébert Germain. Il confiait que lors d’une séance de dédicace pour sa biographie de Guy Lafleur, les gens ignoraient complètement qui il était. Quand il proposait une dédicace aux lecteurs, venus pour voir leur héros, ces derniers répondaient : « Si vous voulez… » Claudia Larochelle, qui a déjà signé des livres aux côtés d’India Desjardins, raconte pour sa part qu’une jeune fille lui avait demandé une signature « parce qu’ [elle faisait] pitié ». Petit conseil aux visiteurs : ménagez l’ego des pauvres écrivains moins connus. Et ne leur demandez pas où se trouve la table de Patrick Senécal ou de Louise Penny…
On aime bien aller au Salon du livre pour faire dédicacer le livre de son auteur préféré, mais le Salon, c’est beaucoup plus que cela. Durant six jours, on présente des dizaines de tables rondes, des entrevues devant public et toutes sortes d’activités autour du livre. Les occasions d’écouter des écrivains échanger autour d’une œuvre ou d’une idée sont assez rares, il faut en profiter.
Quand l’auteure Sophie Bienvenu visite le Salon du livre, elle en profite pour sortir des sentiers battus. « Je vais visiter les petites maisons d’édition, celles qui publient des romans graphiques ou de la poésie. Souvent, l’éditeur est sur place et on a le temps de discuter. » Une bonne idée à emprunter.
« On est là pour parler, pas pour vendre des livres », confie Marie Laberge dans Passez au salon. Alors si vous ou votre enfant collectionnez les signets, prenez tout de même la peine d’échanger quelques mots avec l’auteur s’il est seul à sa table. Ça lui fera sûrement plaisir.
Vous n’aimez pas les foules ? Ne visitez pas le Salon du livre le samedi après-midi, vous allez souffrir. Cela dit, ce n’est pas une raison pour bouder le Salon. En début ou en fin de journée ainsi qu’autour de l’heure des repas, l’affluence diminue.
« À la fin du Salon, tout le monde finit avec une grippe du c…, raconte Marie-Sissi Labrèche dans Passez au salon. Nous sommes desséchés, la peau nous craque dans la face comme la Joconde, l’air est sec, les lèvres sont gercées au possible et les yeux sont injectés de sang. » Vous voyez le topo ? Alors n’oubliez pas de vous hydrater.