Portfolio PME en aérospatiale

Alunir grâce à une technologie de Sherbrooke

La PME sherbrookoise NGC Aérospatiale permettra à de futurs engins spatiaux de se poser en douceur sur la Lune. Après avoir été choisie par Airbus, l’entreprise de 15 personnes a signé une entente de collaboration avec Moon Express, qui prévoit d’envoyer des missions d’exploration du satellite de la Terre dès 2020.

NGC Aérospatiale est la seule entreprise québécoise parmi les sept sociétés canadiennes choisies par Moon Express pour équiper ses futurs engins spatiaux. Cette entreprise de la Silicon Valley compte mettre en œuvre un système de transport spatial, en vue d’exploiter les ressources minières lunaires. « Ce sera une sorte de Federal Express entre la Terre et la Lune », illustre Jean de Lafontaine, président et fondateur de NGC Aérospatiale.

Se poser au bord des cratères

Or, la cartographie disponible n’offre qu’une précision de l’ordre de 100 m, quand NGC Aérospatiale arrive à déceler des roches de 30 cm de diamètre. « Notre système permet de détecter les rugosités dangereuses et les roches qui pourraient rendre l’alunissage instable, explique Jean de Lafontaine. Moon Express veut pouvoir trouver un site d’alunissage sécuritaire, proche de l’endroit où elle veut déposer son matériel. »

GPS lunaire

La technologie de NGC Aérospatiale facilite aussi l’alunissage grâce à un calcul en temps réel durant la descente, tandis qu’une caméra capte l’image du sol. La PME sherbrookoise pallie ainsi l’absence de réseau GPS sur la Lune, en utilisant les cratères comme repères. « Notre logiciel reconnaît les cratères à partir d’une base de données, et, par triangulation, il peut positionner l’atterrissage à un endroit très précis », poursuit le fondateur de NGC Aérospatiale.

La collaboration amorcée avec Moon Express n’est pas une première pour NGC Aérospatiale. L’entreprise québécoise fournit déjà sa technologie à Airbus pour un programme de l’Agence spatiale européenne (ESA) qui enverra ses propres engins sur la Lune à compter de 2021.

Le mois dernier, son laboratoire de Sherbrooke a même inauguré un mur de 15 m de longueur sur 3 m de hauteur, répliquant la surface de la Lune, afin de mener des tests le plus réalistes possible.

L’expérience de la mission Rosetta

Et l’ESA devrait lancer officiellement début 2019 une autre mission utilisant la technologie de NGC Aérospatiale. L’Agence spatiale européenne compte en effet lancer un satellite dans l’espace afin d’étudier la qualité de l’atmosphère terrestre. Pour cela, NGC Aérospatiale met au point un système de pointage de l’horizon, qui permettra au satellite de se mettre dans la position idéale pour analyser les polluants.

Cette collaboration entre l’ESA et NGC Aérospatiale ne doit rien au hasard. Jean de Lafontaine a lui-même travaillé pour l’agence européenne dans les années 90. « J’ai travaillé sur des technologies d’évitement d’obstacles, dont une partie a été utilisée pour la sonde spatiale Rosetta qui s’est posée sur la comète Tchouri », précise-t-il.

Son travail achevé pour la sonde Rosetta, Jean de Lafontaine a continué de travailler sur ces technologies. Rentré au Québec en 2001, il a vu l’ESA revenir vers lui quatre ans plus tard pour développer de nouveaux systèmes de détection et d’évitement d’obstacles… ce qui l’a conduit aujourd’hui à guider les projets lunaires les plus avancés.

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