Les p’tits bobos

Comment l’ergothérapie peut-elle aider les tout-petits ?

Être parent d’un enfant en bas âge comporte son lot de défis. Et il arrive qu’on ne sache plus vers qui se tourner pour trouver des réponses à ces petits soucis du quotidien. Une fois par mois, La Presse explore une question qui touche le bien-être des enfants d’âge préscolaire à l’aide d’un spécialiste. Aujourd’hui : une ergothérapeute nous explique comment sa discipline peut aider les jeunes enfants à préparer leur chemin vers l’école en améliorant leur autonomie.

Ce qu’il faut savoir avant tout, c’est que l’ergothérapie intervient pour améliorer l’autonomie et le fonctionnement à tout âge, explique d’emblée Emmanuelle Beaulieu, ergothérapeute en pédiatrie. « Pour un très jeune enfant, l’autonomie, ça commence par être capable de s’asseoir, ramper, se déplacer, marcher, courir, sauter, jouer… »

Puis l’enfant apprend à faire des activités plus complexes, à manger et à s’habiller seul, aussi – un pas de plus vers ces apprentissages essentiels qui précèdent l’entrée à la maternelle.

« Souvent, les parents font la découverte de l’ergothérapie quand leur enfant arrive à l’école et qu’il a des difficultés pour ce qui est de l’écriture », dit Emmanuelle Beaulieu. Mais certains indices « peuvent nous mettre la puce à l’oreille » et permettre une intervention bien avant l’entrée à l’école, précise-t-elle.

« Parfois, on remarque que l’enfant [qui a de la difficulté à tenir un crayon et à écrire] avait de la difficulté à utiliser ses ustensiles, à attacher ses boutons, sa fermeture éclair… Il voulait toujours que ça soit quelqu’un d’autre qui le fasse. »

« C’est sûr qu’il y a une période d’apprentissage ; chaque enfant a son propre rythme, aussi. Mais est-ce que l’enfant se décourage tellement qu’il n’a juste plus envie de le faire, que l’habillement devient un combat ? S’il n’y arrive toujours pas après beaucoup de pratique, d’enseignement et de démonstration, ça vaut peut-être la peine d’aller consulter à ce niveau-là. »

— Emmanuelle Beaulieu, ergothérapeute

Même si l’ergothérapie est souvent associée à la motricité, elle peut également aider l’enfant à améliorer sa perception visuelle ou encore intervenir dans la sphère sensorielle, notamment.

« Il y a des enfants qui ont certaines hypersensibilités, donc des hyperréactions à leur environnement : ils n’aiment pas qu’on leur coupe les ongles, recevoir l’eau de la douche sur la tête… Ça peut être parfois les textures de vêtements, illustre Emmanuelle Beaulieu. Ça peut créer une crise qui, pour le parent, peut avoir l’air d’une crise “pour rien”, parce que l’enfant ne veut pas prendre son bain, parce qu’il veut toujours manger la même chose et qu’il refuse de goûter à de nouveaux aliments. […] L’ergothérapeute peut aider l’enfant à trouver les sensations qui vont l’apaiser. »

Devant l’éventail de raisons qui peuvent expliquer les défis que connaît un enfant, l’ergothérapeute procède d’abord à une évaluation afin de déterminer l’approche qui sera nécessaire. Et bon nombre de spécialistes offrent même des consultations à domicile.

Exposer l’enfant à une variété d’activités

Ce qui est très important à retenir, c’est qu’il faut exposer l’enfant à une variété d’activités dès son jeune âge, insiste Emmanuelle Beaulieu. « Si on a un enfant qui aime beaucoup jouer avec les autos, on peut colorier une auto avec lui, la découper, faire un petit bricolage avec une auto pour rester dans son champ d’intérêt et le stimuler un petit peu, même si c’est deux minutes par jour. Au moins, il va essayer », dit-elle.

« On veut l’exposer un peu à tout, comme ça, il a la chance de se pratiquer un peu ; il ne va pas arriver à l’école et ne jamais avoir lancé de ballon, par exemple. »

Explorer les modules de jeu adaptés à son âge est tout aussi essentiel, à son avis. « On veut vraiment que l’enfant bouge, qu’il se développe sur le plan moteur pour être capable, après ça, de faire des petits mouvements. C’est en faisant des grands mouvements quand ils sont jeunes – apprendre à se tirer, à monter, à glisser, à grimper –, où ils doivent forcer et développer leur coordination, que leur corps sera assez développé pour être capable de stabiliser le bras et être ensuite capable d’écrire. Ce sont toutes des choses qu’on peut travailler en amont. »

« L’école, c’est tellement d’apprentissages qui arrivent vite qu’il faut essayer de faire en sorte que l’enfant ait toutes les chances de son côté pour réussir à emboîter le pas. Et toutes ces choses vont enrichir son expérience et l’aider après », conclut-elle.

Une question liée au bien-être ou au développement de votre tout-petit vous préoccupe ? Écrivez à notre journaliste, nous tâcherons d’y répondre avec l’aide d’un expert.

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