Hockey John Klingberg

L’aspirant inattendu au trophée Norris

Avis aux directeurs généraux de la LNH : n’échangez pas vos choix de cinquième tour aux Stars de Dallas, vous pourriez le regretter !

En 2007, les Stars ont mis la main sur leur éventuel capitaine et champion compteurs de la Ligue nationale, Jamie Benn, au 129e rang. Benn jouait alors pour une équipe de calibre junior A dans une presqu’île de la région de Victoria, et les recruteurs devaient emprunter un traversier pour s’y rendre.

Leur nouvelle trouvaille au cinquième tour est un secret encore bien gardé chez les fans de hockey. Pourtant, John Klingberg, 23 ans, repêché au 131e rang en 2009, mène les défenseurs de la Ligue au chapitre des points avec 27 en seulement 24 matchs. C’est sept points de plus que P.K. Subban. Klingberg en avait obtenu 40 en seulement 65 matchs l’an dernier. Pour une équipe en quête depuis des années d’un défenseur offensif digne de ce nom, l’arrivée de Klingberg constitue une bénédiction.

« Il ressemblait à un cure-dents sur la glace à l’époque », confie au téléphone celui qui l’a découvert, le recruteur des Stars en Europe Rickard Oqvist.

Non seulement Klingberg ne figurait pas sur la liste de recrutement de la centrale de la LNH, mais il n’était répertorié dans aucune liste indépendante, pas même McKeen’s ou Red Line, qui peuvent souvent sortir des sentiers battus.

« Il jouait très peu à son année de repêchage, se souvient Oqvist. Il partageait son temps entre le club U18 et U20 de Frolunda, mais il chauffait le banc chez les U20. Il y avait très peu d’occasions de le voir, car les U18 et les U20 jouaient toujours au même moment. Je m’accordais toutefois du temps pour aller voir jouer les plus jeunes. »

La plupart des sérieux espoirs de la LNH jouent chez les U20 à l’âge de 17 ans. Pas Klingberg. « Il n’était pas assez développé physiquement. Il devait mesurer 5 pieds 11 pouces et peser 150 livres. On compare souvent son style à celui d’Erik Karlsson, mais celui-ci était beaucoup plus dynamique au même âge. Nous aimions cependant le calme de Klingberg avec la rondelle, et il ne craignait pas le jeu robuste malgré son gabarit. »

Les Stars n’ont même pas eu à user de stratagème avant le repêchage pour éviter de mettre la puce à l’oreille des autres équipes, comme les Red Wings de Detroit l’avaient fait dans le cas de Nicklas Lidstrom en 1989.

« Nous savions qu’il serait disponible dans les rondes plus tardives. Nous l’avons rencontré une semaine avant le repêchage et il n’avait parlé à aucune équipe. Il n’avait même pas d’agent ! »

— Rickard Oqvist, le recruteur des Stars en Europe

Les Stars détenaient le 11e choix au total en 2009 et ils ont jeté leur dévolu sur le gardien Jack Campbell, vedette de l’équipe junior américaine. Campbell, 23 ans, a beaucoup de difficulté à s’imposer dans les rangs professionnels. Il a même été rétrogradé dans la Ligue de la côte Est l’hiver dernier.

« Si on m’avait dit à cette époque que Jack Campbell n’aurait pas encore percé six ans plus tard et que John deviendrait un défenseur aussi dominant, je ne l’aurais jamais cru, dit Oqvist. Campbell était un gardien unique. Je me rappelle encore de ses performances lors des tournées de l’équipe américaine de développement en Europe. »

Erik Gudbranson a été le premier défenseur choisi en 2009, au troisième rang par les Panthers de la Floride, derrière Taylor Hall et Tyler Seguin. Sept autres défenseurs ont reçu l’appel au premier tour, parmi lesquels Dylan McIlrath, Jarred Tinordi, Derek Forbort et Brandon Gormley, tous des défenseurs qui tardent à percer.

UNE QUESTION DE PROJECTION

Au deuxième tour, Dallas a repêché un autre défenseur suédois, Patrik Nemeth, un costaud très limité offensivement, dont le statut se compare à celui de Jarred Tinordi à Montréal. « Il était nettement plus développé physiquement. Il jouait même au sein du gros club de Frolunda parmi les hommes à son année de repêchage, dit le recruteur des Stars. Tout est une question de projection dans ce métier, et c’est ce qui fait la beauté du repêchage. Il faut tenter de prédire l’avenir selon ce que nous avons sous les yeux. »

Le Canadien de Montréal a peut-être raté lui aussi son coup au premier tour en 2009, mais il s’est aussi racheté au cinquième. Un certain Brendan Gallagher, choisi 16 rangs après Klingberg…

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