Les gardes à vue de trois proches de Khamzat Azimov ont été prolongées hier pour déterminer si le djihadiste, qui a tué un homme samedi à Paris, a bénéficié de complicités pour cet attentat, qui a relancé le débat sur le suivi des personnes fichées pour radicalisation.
Deux jours après cette attaque au couteau sur des passants par un Français de 20 ans originaire de Tchétchénie, sans antécédent judiciaire et fiché S (pour « sûreté de l’État ») depuis l’été 2016, la présidente du Front national, Marine Le Pen a estimé que les fiches S « ne servent à rien ».
Face aux critiques de l’opposition et à certaines voix réclamant l’internement des individus les plus dangereux, la ministre Jacqueline Gourault a fustigé des critiques « politiciennes, et plutôt très à droite, voire d’extrême droite ».
L’ex-premier ministre de droite Jean-Pierre Raffarin a, quant à lui, estimé que la France devait « resserrer [son] organisation » en matière de renseignement face au terrorisme, car « il y a des trous énormes dans [son] filet », mais aussi engager « un dialogue multilatéral avec les pays sources de terrorisme ».
Face à la polémique qui enfle comme après l’attaque djihadiste du 23 mars dans le sud du pays (quatre morts), dont l’assaillant était également fiché S, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a rappelé que « les fiches S servent toutes les semaines à démanteler des réseaux, à empêcher des attentats ».
Prolongation exceptionnelle
Du côté de l’enquête, un juge a ordonné hier la prolongation exceptionnelle de la garde à vue des parents de l’assaillant, qui a débuté dimanche matin et peut s’étendre au maximum jusqu’à jeudi matin. Les chambres que la famille louait dans un hôtel meublé parisien ont fait l’objet de perquisitions, sans résultat concluant.
Dimanche après-midi, un ami de l’assaillant, Abdoul Hakim A., âgé de 20 ans aussi, a été interpellé à Strasbourg, ville où la famille Azimov a vécu plusieurs années. Hier, le parquet a prolongé une première fois sa garde à vue pour 24 heures supplémentaires.
Abdoul Hakim A. est suivi par les services de renseignement depuis son mariage religieux avec Inès Hamza, femme radicalisée de 19 ans qui avait tenté de partir en Syrie. En janvier 2017, elle avait été mise en examen pour association de malfaiteurs à visée terroriste et placée sous contrôle judiciaire dans une instruction à Paris où trois autres femmes sont impliquées, selon des sources proches de l’enquête.
C’est en raison de ses liens avec son ami que Khamzat Azimov avait été entendu il y a un an par la section antiterroriste de la brigade criminelle.
— Agence France-Presse