FINTECH

Près de 50 emplois créés à Montréal

Une entreprise britannique spécialisée dans les technologies financières (fintech) entend créer une cinquantaine d’emplois au cours des trois prochaines années à Montréal. Le bureau montréalais d’Adaptive Financial Consulting est officiellement ouvert depuis la mi-août et compte actuellement 13 employés. « Nous faisons du développement logiciel en finance, principalement dans le commerce électronique. Donc des plateformes pour les traders, que ce soit pour le taux de change, les commodités, etc. », explique le directeur général de Technologies Adaptive, Marc-Antoine Latour. — Richard Dufour, La Presse

Chronique

Assurance sur l’internet : trop complexe, trop risqué

Je sais bien qu’en 2016 on peut acheter à peu près n’importe quoi sur l’internet. Vêtements, voyages, bidules électroniques… Il est tellement plus facile de comparer les prix en ligne et de commander dans le confort de son foyer. Quand le produit reçu ne fait pas l’affaire, hop, on le remet dans sa boîte et on le retourne au cybercommerçant.

Mais pour l’assurance, il faut se garder une petite gêne. L’assurance n’est pas un produit comme les autres. C’est une bête complexe que les consommateurs peinent à maîtriser. La moitié des assurés avouent ne pas comprendre toutes les clauses de leurs polices d’assurance, d’après un sondage de la Chambre d’assurance de dommages (ChAD).

Malheureusement, ce n’est que lorsqu’un sinistre survient que l’assuré réalise qu’il est mal couvert. Zut, la police ne couvrait pas les tremblements de terre ! Oups, la cave à vin était exclue ! Rendu là, impossible de remettre l’assurance dans la boîte et de la retourner par la poste à l’assureur. Le client se retrouve le bec à l’eau.

Voilà pourquoi je partage tout à fait l’inquiétude d’Option consommateurs face à la vente de produits d’assurances en ligne. L’organisme de défense des consommateurs publie ce matin une étude exhaustive sur la vente d’assurance par internet à travers le monde.

Il en vient à la conclusion que seule la vente d’assurance automobile pourrait être envisageable au Québec, parce que la police d’assurance a été standardisée. Mais encore, il faudrait bonifier le cadre réglementaire pour s’assurer que les consommateurs sont aussi bien protégés qu’en Europe, où la vente d’assurances sur le web est en plein essor.

Mais pour les autres types d’assurances – habitation, invalidité, vie –, la vente par internet ne devrait pas être permise. Point. Trop complexe. Trop dangereux, car une partie importante du patrimoine des consommateurs est en jeu.

La ChAD et la Chambre de la sécurité financière sont du même avis. Pour elles, les produits d’assurance ne sont pas de simples produits de consommation courante. Leur distribution doit impérativement passer par un professionnel.

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Pourtant, Québec semble vouloir ouvrir la porte à la distribution d’assurances sur le web.

Pour l’instant, la loi est muette sur l’internet, ce qui laisse l’industrie dans un flou juridique qui mériterait d’être éclairci. La plupart des assureurs se contentent d’offrir de l’information ou des soumissions en ligne, laissant le soin à un agent en chair et en os de conclure la transaction de vive voix avec le client.

Mais en faisant une interprétation créative de la loi, certaines entreprises considèrent que l’intervention d’un professionnel n’est pas nécessaire, ce qui leur permet de vendre de l’assurance sur le web. C’est le cas de la société Sonnet, qui permet aux internautes de contracter une assurance habitation directement sur l’internet, sans jamais parler à un agent.

De leur côté, les sites de comparaison d’assurances en ligne agissent dans un vide réglementaire complet, ce qui est plutôt étonnant.

Au Royaume-Uni, la manière dont ces sites présentent l’information inquiète les autorités réglementaires, rapporte l’auteure de l’étude d’Option consommateurs, Annick Bélanger-Krams.

Ces sites mettent l’accent sur les prix, plutôt que sur les caractéristiques de chaque assurance. Et les consommateurs qui pensent recevoir un conseil, alors que ce n’est pas le cas, risquent donc de se retrouver avec une assurance qui ne correspond pas parfaitement à leurs besoins.

La transparence pose aussi un sérieux problème : les sites de comparaison ne divulguent pas clairement leurs liens d’affaires et leur mode de rémunération, avec tous les risques de conflit d’intérêts que ce genre de modèle comporte.

Au Québec, les cabinets d’assurance doivent divulguer les liens d’affaires avec les assureurs à qui ils réfèrent des clients. Je ne vois pas pourquoi les comparateurs en ligne n’en feraient pas autant.

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En fait, Québec doit agir avant que l’industrie de l’assurance ne soit complètement dépassée par la technologie. Les fintech sont les bienvenues dans le monde ultra-traditionnel de l’assurance, mais pas au détriment de la protection des consommateurs.

Aux États-Unis, l’ubérisation de l’assurance prend forme. Des entreprises de l’économie du partage mettent en commun des consommateurs qui veulent assurer eux-mêmes leurs biens. C’est ce qu’on appelle l’assurance pair-à-pair.

Par exemple, Lemonade a obtenu le feu vert réglementaire cette année pour distribuer de l’assurance pair-à-pair dans l’État de New York. Et attention, la société est appuyée financièrement par le fonds de capital Sequoia, qui a été parmi les premiers investisseurs de géants comme Apple, Google et Oracle, souligne Annick Bélanger-Krams.

Quoique séduisant, le modèle de l’assurance pair-à-pair soulève des questions particulièrement troublantes. Y aura-t-il assez d’argent pour payer les réclamations ? Qui gère les sommes mises de côté ? Le processus d’indemnisation sera-t-il impartial ou favorisera-t-il certains membres du groupe ?

En avril dernier, l’Autorité des marchés financiers a mis en garde les Québécois face à cette forme d’assurance complètement déréglementée. Il y avait de quoi !

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