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— Donald Trump

Élections provinciales

Réflexions économiques sur quelques enjeux

Protection de l’environnement et croissance économique

Pour les économistes, création de richesse et de bien-être et protection de l’environnement vont de pair. La croissance économique favorise la protection de l’environnement, un « bien » dont la valorisation et la consommation augmentent avec le revenu et la richesse.

La protection de l’environnement est une source de création de richesse et de bien-être dans la mesure où elle est mise en œuvre par un système de prix (exemples : prix du carbone, péages contre la congestion) et de marchés adéquats et efficaces, donc concurrentiels.

Ces prix sont susceptibles d’envoyer les bons signaux aux utilisateurs, consommateurs, agriculteurs, commerçants et industriels, sans oublier les innovateurs technologiques et organisationnels, quant à la valeur de l’environnement.

Pour être efficace, cette protection de l’environnement doit d’adresser à tous et chacun sans exception. Par exemple, pour réduire les gaz à effet de serre produits par le transport, la meilleure, en fait la seule option est l’augmentation du prix de l’essence pour tous les utilisateurs. Le talon d’Achille des accords internationaux comme ceux de Tokyo et de Paris, c’est l’absence des prix du carbone et de la pollution comme mécanismes de protection de l’environnement, en faveur de réglementations qui toutes visent à faire payer le voisin.

À ce titre, l’émergence actuelle d’une philosophie de la décroissance, répétant les erreurs du Club de Rome des années 70, est non seulement sans fondement mais aussi dangereuse, surtout pour les plus démunis. Le voyou de l’histoire, ce n’est pas l’économie de la croissance, mais plutôt le trio copinage-populisme-incompétence.

L’eau

L’exploitation commerciale raisonnée de nos ressources hydriques renouvelables devrait être envisagée pour le mieux-être de tous les Québécois, et ce, dans le respect de l’environnement. Une société parapublique ou publique-privée (Eau Québec) pourrait prendre la responsabilité de la mise en valeur de notre eau douce renouvelable par le commerce et l’exportation, à l’instar de notre électricité, de notre bois, de notre papier, de notre production porcine, de nos avions, etc.

Seul le manque d’imagination peut expliquer le syndrome « don de Dieu » empêchant l’exploitation de notre eau douce renouvelable : on s’assoit confortablement dessus pour la gaspiller.

Une exploitation rationnelle de nos ressources hydriques pourrait être une contribution originale et significative au mieux-être de toute la société.

L’exceptionnelle dotation en ressources hydriques renouvelables du Québec exige que nous imaginions un modèle d’exploitation commerciale éthique de l’eau. Et le temps presse, car les conflits voire les guerres de l’eau sont imminents.

Gestion de l’offre

Il faut préparer dès maintenant l’après-gestion de l’offre. Pour diverses raisons.

D’abord, c’est un exemple de taxe régressive qui pousse les familles plus démunies vers la pauvreté. Divers analystes ont évalué son coût à 400 $ à 600 $ par an par famille.

Ensuite, il s’agit d’une forme de cartel de copinage (UPA-PLQ-PQ-CAQ-QS), un cartel puissant et impossible à modifier de l’intérieur mais que briseront les fortes pressions externes en émergence.

Enfin, la gestion de l’offre repose sur des tarifs douaniers exorbitants qui pourraient empêcher la conclusion d’un accord de libre-échange avantageux avec les États-Unis : on joue les victimes plutôt que les conquérants.

S’il faut aider et soutenir les agriculteurs, il faut le faire de manière transparente, et socialement et économiquement efficace. La gestion de l’offre ne l’est pas, mais il faudra se résigner à acheter à gros prix sa réforme ou son abolition.

Dans l’immédiat, il faudrait au minimum aider les familles plus vulnérables qui sont les grandes victimes oubliées de la gestion de l’offre en les dédommageant pour les prix excessifs du lait, des œufs et de la volaille.

Pénurie de main-d’œuvre

Il y aurait pénurie de main-d’œuvre au Québec. Avec 6 % de chômage, on y trouve quelque 270 000 chômeurs. On peut estimer que les deux tiers sont ou bien en chômage frictionnel, c’est-à-dire temporairement en passage d’un emploi à un autre, ou bien ne sont pas vraiment à la recherche d’emploi, pour diverses raisons, bonnes et mauvaises. Il reste 90 000 personnes véritablement à la recherche d’un emploi. Qui sont-elles et où sont-elles ? En chômage structurel, donc inemployables ? Trop qualifiées ou trop peu qualifiées ?

Le Conference Board et le Conseil du patronat ne prévoient aucune augmentation de salaire réel en 2018, donc peu ou pas de pressions importantes sur les salaires qui devraient normalement accompagner une pénurie de main-d’œuvre.

Et le Québec continue à souffrir d’une population de jeunes en déclin. Entre 2013 et 2017 (données les plus récentes sur les années Couillard), le Québec a vu sa population des 20-44 ans augmenter de 57 350, soit 11,7 % de l’augmentation totale au Canada, alors que l’Ontario a vu la sienne augmenter de 227 110. Le Québec a vu sa population de moins de 20 ans augmenter de 5339, soit 6,3 % de l’augmentation totale de ce groupe au Canada. En termes relatifs, le Québec peine à attirer et retenir les jeunes de moins de 45 ans. Pourquoi ?

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