COURSE À LA DIRECTION DU PARTI CONSERVATEUR

Des députés du Québec à la défense du français de MacKay

OTTAWA — Des députés conservateurs du Québec se sont portés lundi à la défense de l’ancien ministre de la Justice Peter MacKay, qui a éprouvé certaines difficultés à s’exprimer en français au moment du lancement officiel de sa campagne à la direction du Parti conservateur samedi à Stellarton, en Nouvelle-Écosse.

La connaissance suffisante des deux langues officielles s’est imposée comme le thème de la journée alors qu’un autre candidat, le député conservateur Erin O’Toole, a donné le coup d’envoi en Alberta à sa campagne pour succéder à Andrew Scheer à la tête du parti.

La maîtrise du français de Peter MacKay a été tournée en ridicule par le quotidien Le Journal de Montréal, qui a relevé ses fautes dans la langue de Molière en une dimanche, accompagnant le tout de la manchette percutante « Good luck Mister ! » – une manchette qui a enflammé les réseaux sociaux pendant plusieurs heures.

Cette polémique n’a pas empêché le député conservateur de Montmagny–L’Islet–Kamouraska–Rivière-du-Loup, Bernard Généreux, d’accorder son appui à l’ancien ministre de la Justice.

« C’est un homme d’expérience. C’est un homme d’une grande humanité. Il est très humble. Les Québécois sauront reconnaître cette qualité-là chez lui. Les Québécois n’aiment pas les gens qui se prennent pour d’autres. Sa grande expérience – il a été ministre de trois ministères importants – l’a bien préparé à être premier ministre du Canada, c’est certain », a dit M. Généreux à La Presse.

Jugeant la première page du Journal de Montréal « très ordinaire », M. Généreux a affirmé que la connaissance du français de M. Mackay est meilleure que ce qu’a pu laisser entrevoir son lancement de campagne.

D’autres appuis

M. Généreux emboîte ainsi le pas à deux autres députés conservateurs du Québec, Pierre Paul-Hus et Luc Berthold, qui se rangent dans le camp MacKay. En tout, M. MacKay a obtenu jusqu’ici l’appui d’une quinzaine de députés conservateurs. D’autres élus devraient le faire au cours des prochains jours.

« Nous avons eu une rencontre d’une demi-heure avec lui, les trois députés du Québec, dimanche. Ça s’est déroulé en français de A à Z. Son niveau de compréhension en français est très, très bon. Son français est très compréhensible. Évidemment, il peut s’enfarger dans le masculin et le féminin. Mais l’apprentissage d’une langue, c’est un parcours d’une vie. »

« Dans l’ensemble, parmi les candidats en lice jusqu’ici, [Peter MacKay] est la personne la plus apte pour prendre la direction du parti, mais aussi la direction du pays. »

— Bernard Généreux, député conservateur de Montmagny–L’Islet–Kamouraska–Rivière-du-Loup

Des organisateurs de la campagne de Peter MacKay ont convenu que la livraison de son discours en français samedi a été laborieuse, mais ils insistent pour dire que cela ne reflète pas fidèlement la qualité de sa maîtrise de la langue. Le camp MacKay n’a pas voulu faire de commentaires sur la façon dont il a été traité par certains médias francophones. « On reconnaît qu’il doit y avoir des ajustements et on va le faire. »

Pour sa part, le député Pierre Paul-Hus a affirmé que l’équipe du Québec de la campagne de M. MacKay saurait bien l’entourer pendant les prochains mois pour qu’il s’améliore.

Laisser la chance aux candidats

Contraint à la neutralité en raison du poste de lieutenant politique au Québec qu’il occupe, le député Alain Rayes a affirmé qu’il fallait laisser la chance aux candidats de démontrer qu’ils sont suffisamment bilingues.

Avant le début de la course, M. Rayes avait affirmé que le prochain chef devait, à son avis, être en mesure de s’exprimer dans les deux langues officielles afin de communiquer avec tous les Canadiens.

« Je pense que l’on doit laisser la chance aux coureurs. Je ne me fierai pas à la une d’un journal pour faire ma propre analyse. J’ai eu l’opportunité de parler à plusieurs reprises avec Erin O’Toole en français. J’ai eu la chance de parler aussi à Peter MacKay en français pendant une vingtaine de minutes. Et chaque fois, j’ai eu l’occasion d’avoir une conversation exclusivement en français avec ces personnes », a-t-il commenté.

M. Rayes a ajouté qu’il « y a encore place à de l’amélioration », qu’il souhaite que les candidats en lice fassent la démonstration de leur niveau de bilinguisme.

Devenu le principal adversaire de Peter MacKay après les désistements de Jean Charest, Rona Ambrose et Pierre Poilievre, la semaine dernière, le député ontarien Erin O’Toole a officiellement lancé lundi sa campagne promettant notamment d’unir la droite.

M. O’Toole a rencontré en privé des membres du Parti conservateur en Alberta et a choisi de faire son annonce directement à la population dans une vidéo publiée sur les médias sociaux. Dans la version française de cette vidéo, qui se termine par le slogan « O’Toole : un vrai bleu », l’ancien militaire promet de défendre non seulement les travailleurs de l’automobile, les travailleurs forestiers et les membres des Forces armées, mais aussi les électeurs des villes et des banlieues, un électorat que les conservateurs risquent fort de devoir séduire aux prochaines élections.

« Nous avons besoin d’un leader fort qui va unir notre parti, mettre fin aux divisions et grossir notre mouvement », soutient-il dans un français correct. « Nous devons montrer à plus de citoyens des villes et des banlieues que leurs valeurs de liberté, de famille et d’égalité ont toujours été au cœur de notre parti. »

Sur des images du déboulonnage d’une statue de l’ancien premier ministre conservateur John A. Macdonald devant l’hôtel de ville de Victoria en 2018, M. O’Toole s’en prend par ailleurs à la « gauche radicale » et au « politiquement correct » (la cancel culture, en anglais), qui auraient « mis à mal nos institutions et notre histoire ».

Une troisième candidate, la députée ontarienne Marilyn Gladu, a elle aussi déposé les documents requis et les signatures lundi.

Les conservateurs choisiront leur prochain chef le 27 juin à Toronto.

— Avec La Presse canadienne

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