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Édition du 23 février 2017,
section ACTUALITÉS, écran 4
« Jusqu’à maintenant, tout le monde cherchait des exoplanètes autour d’étoiles similaires à la nôtre », explique Emmanuël Jéhin, de l’Université de Liège. « Nous avons décidé de chercher autour d’une naine ultra-froide, qui a 100 fois moins de masse que notre Soleil. Nous avons été surpris de trouver rapidement trois planètes semblables à la Terre. Et maintenant, nous sommes rendus à sept, toutes dans la zone habitable, avec de l’eau liquide à la surface. Il pourrait y en avoir d’autres autour de Trappist-1. Nous sommes en train de chercher des planètes autour de 1000 autres étoiles similaires et devrions avoir les résultats d’ici quelques mois. Nous nous attendons à un nombre semblable d’exoplanètes, donc plusieurs milliers où il pourrait y avoir de la vie. Il y a dans notre galaxie 200 milliards de naines ultra-froides. Donc on parle potentiellement de 1000 milliards de planètes habitables. » Jusqu’à maintenant, seulement une quarantaine d’exoplanètes, sur les 3500 découvertes, sont jugées habitables.
Les naines ultra-froides sont beaucoup moins massives que notre Soleil. Elles ont donc moins d’énergie et une température à la surface de deux à trois fois moins grande, de l’ordre de 2700 °C. Elles forment environ 15 % des étoiles de notre galaxie.
0,41 fois la Terre
Masse de la plus petite des sept planètes en orbite autour de Trappist-1
1,38 fois la Terre
Masse de la plus grande des sept planètes en orbite autour de Trappist-1
Source : Nature
Pour le moment, non. « Nous pensons que d’ici quelques années, nous pourrons exclure la vie selon certains paramètres, et au maximum d’ici 10 ans, nous pourrons déterminer avec beaucoup de certitude si ces planètes abritent la vie », explique Amaury Triaud, de l’Institut d’astronomie de Cambridge, en Angleterre. « C’est beaucoup plus vite qu’avec des exoplanètes en orbite autour d’étoiles comparables à notre Soleil, parce que les exoplanètes autour des naines ultra-froides sont beaucoup plus grosses, par rapport à leur étoile, que la Terre ne l’est par rapport à notre Soleil. Donc, il est plus facile de les observer, et notamment d’observer la présence d’oxygène, de dioxyde de carbone et d’autres molécules avec le télescope spatial James Webb. » Ce télescope spatial sera lancé l’an prochain.
« Le Soleil serait 200 fois moins lumineux que le nôtre, à peu près comme nos couchers de soleil, dit M. Jéhin. Mais la chaleur serait comparable, à cause des infrarouges. Et on verrait probablement les autres planètes, comme notre Lune. Ça doit être très beau. Comme les planètes sont très proches de l’étoile, il y a un système de résonance comparable à celui que forment Jupiter et ses lunes. Ça veut dire qu’il y aura un effet de marée important, donc beaucoup de volcanisme. Le volcanisme pourra probablement aider à la préservation d’une atmosphère. Selon nos calculs, les planètes se sont probablement formées plus loin de leur étoile. Mais il est difficile de déterminer quand, parce que les naines ultra-froides évoluent très lentement. Quand notre Soleil sera mort, Trappist-1 sera encore jeune. Elle a probablement été créée quelques milliards d’années avant le Soleil. » Notre Soleil est né il y a 4,5 milliards d’années.
L'étoile Trappist-1 et ses planètes sont situées dans notre galaxie, dans la constellation du Verseau. Elles sont situées à 40 années-lumière, ce qui signifie que les sondes spatiales les plus rapides jamais envoyées, Juno et Hélios, mettraient des dizaines de milliers d’années à s’y rendre. Par contre, on pourrait y envoyer un signal radio qui mettrait 40 ans à s’y rendre. Et pourquoi le nom « Trappist-1 » ? « Je suis belge et la trappiste est une bière belge », explique l’auteur principal de l’étude de Nature, Michaël Gillon, de l’Université de Liège.