Faire le choix des études
Quitter le giron de l’Impact, en décembre 2015, a initialement été vécu comme un « deuil » par Frédéric Lajoie-Gravelle. Mais à 24 ans, le plaisir de jouer au soccer et de faire trembler les filets adverses n’a pas disparu pour l’attaquant gatinois, qui fait les beaux jours des Carabins de l’Université de Montréal.
La transition entre les deux expériences ne s’est toutefois pas faite du jour au lendemain. Quand il a compris qu’il ne débloquerait pas la dernière porte menant à la MLS, Lajoie-Gravelle a eu la lucidité de dire stop au bon moment. En raison de son âge qui ne le positionne plus dans une logique de développement, il aurait eu un temps de jeu famélique avec le FC Montréal, en 2016. Devant cette perspective, il a plutôt choisi la voie des études en se concentrant sur son baccalauréat en psychologie et sociologie.
« Tu passes par plusieurs émotions quand tu pars. L’Académie, c’est une expérience que tu vis intensément pendant trois ans avec les mêmes gars et ça devient comme une famille. Quand ça s’arrête du jour au lendemain, c’est un peu un deuil que tu dois faire. Tu te demandes si tu veux continuer ailleurs et tu te remets en question. Tu t’es beaucoup identifié à un groupe de joueurs, à un club et, tout à coup, tu retrouves ta vie d’avant », indique-t-il dans une pièce adjacente aux vestiaires des Carabins.
À la fin de son aventure avec l’Impact, Lajoie-Gravelle voyait d’abord le côté sombre de la situation. Avec le temps, il a appris à relativiser et à extraire les bons souvenirs qu’il peut toujours utiliser sur le terrain comme en dehors.
« J’ai compris que j’avais vécu une expérience que plein de jeunes n’ont pas pu vivre. J’ai quand même pu faire deux camps avec l’équipe première, je me suis entraîné avec Didier Drogba, j’ai joué avec Marco Di Vaio et j’ai senti que j’avais ma place. Non, je ne reste pas sur un constat d’échec. »
— Frédéric Lajoie-Gravelle
Plusieurs personnes lui ont même conseillé de contacter d’autres clubs de deuxième division, aux États-Unis, tels Rochester ou St. Louis. En 26 matchs de USL, il avait inscrit trois buts avec le FC Montréal. L’année précédente, il avait marqué à 16 reprises avec l’équipe montréalaise des moins de 23 ans.
« Je m’étais quand même fait un nom à travers la USL, mais ce n’est pas ce que je voulais, réplique-t-il. Je ne m’imaginais pas nécessairement jouer aux États-Unis. J’aimais le soccer, mais c’est un sacrifice qui ne valait pas forcément le coup pour une carrière de joueur USL. »
D’ailleurs, il lui a fallu un certain temps avant de simplement rechausser les crampons et de se remettre au soccer. Après plusieurs années dans une structure professionnelle, il n’était pas certain de vouloir reprendre un rythme similaire à l’université. En 2016, il s’est finalement laissé convaincre au cours de la saison automnale, qui est toujours très chargée.
« Même si ça faisait un an que je n’avais pas joué, mon cadre de soccer était quand même professionnel. C’était la USL avec un préparateur physique et un entraînement intense tous les jours. En arrivant ici, je demandais si je voulais m’embarquer dans le même cadre pour trois mois. J’ai d’abord décidé de refuser, mais Pat [Raimondo] m’a de nouveau approché après le début de saison. »
Déjà performant pour sa première campagne universitaire, Lajoie-Gravelle a inscrit 10 buts et délivré 7 passes décisives en 9 rencontres, cette saison. Il est l’un des quatre joueurs des Carabins qui sont passés par l’Académie de l’Impact.
Grâce aux performances de Lajoie-Gravelle, à une défense qui est la meilleure au Canada – six buts encaissés avec une différence de + 36 – et à une belle profondeur, les Carabins sont invaincus en 11 matchs (10-0-1). S’ils ont échappé leurs premiers points, le week-end dernier, ils sont déjà assurés de finir au premier rang de la saison et de participer au Championnat canadien dans quelques semaines.
« Quand j’ai annoncé notre qualification pour le Championnat canadien, c’est à peine s’il y a eu une réaction. C’est comme si le groupe se disait : “OK, bien, qui affronte-t-on maintenant ?”, révèle l’entraîneur Pat Raimondo. Ça ne me surprend pas de la part de ce groupe. Les joueurs savent qu’il reste du travail à faire au Québec, avant le départ pour le Championnat canadien. Ils ne sont pas impressionnés.
« C’est un groupe spécial qui est bien en place. Ils sont jeunes, ils veulent courir et avoir du plaisir ensemble. Ils ne veulent rien savoir du bruit alentour. »