Communauté hassidique

Félix, Meira et Hershy

Le film Félix et Meira raconte l’histoire d’amour d’une jeune mère de famille hassidique à Montréal qui s’affranchit de sa communauté.

Quand Hershy Moskovits, fondateur de l’organisme Forward venant en aide aux juifs hassidiques qui quittent la communauté, a appris en écoutant les nouvelles que Maxime Giroux était en train de tourner ce film, il lui a envoyé un long message.

« Je lui ai dit que j’avais grandi dans le Mile End près de la boulangerie de bagels Fairmount. Il a proposé que l’on se rencontre, ce qu’on a fait. Et quand le film est sorti, il a organisé un visionnement gratuit pour d’ex-membres de la communauté. Plusieurs acteurs sont d’ailleurs eux-mêmes des gens qui ont quitté la communauté. »

Qu’a-t-il pensé du film ? « L’histoire m’a fait rire. Il y a beaucoup de silences… J’ai quand même beaucoup aimé et trouvé que c’était très intéressant. Je le regarde d’une autre perspective… Ça me fait drôle de voir ça. »

DOUBLE VIE

Les femmes comme Meira, qui choisissent de tourner le dos à la communauté hassidique, ne courent pas les rues. Mais les possibilités du web permettent à de plus en plus de gens de mener une double vie et d’explorer d’autres chemins, constate Hershy.

« J’ai vu une grand-mère hassidique de New York envoyer un message dans le groupe Facebook privé des OTD [gens qui quittent le chemin ultra-orthodoxe] disant : " Je serai à Montréal ce week-end. Est-ce qu’il y a des OTD que je pourrais rencontrer ? " »

Hershy est allé à sa rencontre. « Dès qu’elle a quitté le quartier hassidique où elle devait rendre visite à sa famille, elle a troqué sa jupe pour un pantalon. Nous sommes allés prendre un café. On a parlé pendant trois heures. Elle m’a dit qu’elle ne croyait pas en Dieu. Même son mari ne le sait pas. »

COMMUNAUTÉS HASSIDIQUES DE MONTRÉAL

18 450 individus (estimations de 2010)

Répartis en une douzaine de groupes (Belz, Satmar, Loubavitch, Tosh…)

4 zones : Outremont, Côte-des-Neiges, Snowdon et Boisbriand

UNE PRATIQUE MORALE ET RELIGIEUSE EST SUPÉRIEURE À LA NORME

Le terme hassid sert aujourd’hui à désigner un membre d’une secte hassidique. En hébreu, hassid désigne les personnes dont la pratique morale et religieuse est supérieure à la norme. « Le fondateur du hassidisme est Israël Ben Eliezer, connu sous le nom de Baal Shem Tov. Deux générations après lui se sont établis des groupes hassidiques distincts, chacun autour de son rebbe, connu sous le nom de la localité d’origine de ce dernier. » Particulièrement touchés par la Shoah, les juifs hassidiques se sont isolés afin de faire revivre leur identité. À leur arrivée en Amérique du Nord, ils étaient mus par un désir de tout reconstruire. Plusieurs ont ainsi accentué l’idée de s’isoler du reste du monde afin de protéger ce mode de vie anéanti par l’Holocauste.

Sources : Julien Bauer Les communautés hassidiques de Montréal, Les communautés juives de Montréal, ed. Pierre Anctil et Ira Robinson, 2011 ; Jessica Roda, anthropologue

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.