Communauté hassidique

Le bonheur de Batsheva

Originaire de Vancouver, Batsheva Tobin, 30 ans, a grandi dans la communauté Loubavitch de Montréal, souvent considérée comme la plus ouverte des communautés hassidiques. Mais dès l’âge de 7 ans, elle a commencé à s’y sentir à l’étroit et à se désintéresser de l’orthodoxie religieuse. Témoignage.

« Je ne peux pas dire exactement quel jour j’ai quitté la communauté. Mais je peux dire que j’ai visiblement quitté la communauté à 19 ans en portant des pantalons pour la première fois.

« J’étais allée à mes cours le matin en portant une jupe. Le midi, avec une copine non religieuse, je suis allée acheter ma première paire de jeans. Elle était très fière de moi. Et j’étais si fière aussi ! Enfin je portais les jeans que les adolescents ordinaires portent ! Mais mes parents ont été très choqués. Nous nous sommes disputés. Ils ont exigé que j’enlève mes jeans immédiatement et que je remette ma jupe. J’ai refusé. Je leur ai expliqué que je ne le faisais pas par manque de respect, mais parce que j’étais une adulte et que c’était ma propre décision.

« D’une certaine façon, c’était comme une rupture. Je suis très entêtée parfois. Les choses se sont envenimées. J’ai fini par quitter la maison de mes parents après avoir rencontré un gars qui avait lui aussi quitté la communauté à 18 ans. On se comprenait.

« Nous avons emménagé ensemble après un mois. Nous nous sommes mariés. Nous avons eu deux enfants. Nous sommes séparés maintenant.

« Pendant un certain temps, je n’ai pas parlé à mes parents. Quand j’ai eu mon premier enfant, j’ai senti le besoin de renouer avec mes parents. Nous avons travaillé très fort pour y arriver.

« Je crois encore en Dieu. Si j’ai quitté la communauté, c’est que l’orthodoxie a confisqué la relation que j’avais avec Dieu.

« La quête d’une identité sexuelle et le fait de se sentir brimé dans l’expression de cette identité est aussi, à mon avis, une des raisons pour lesquelles des jeunes quittent la communauté. Dans mon cas, je suis bisexuelle et ce n’est pas quelque chose qui était envisageable. C’était stigmatisé. Nous n’avions aucune éducation sexuelle, ce qui est une très mauvaise chose. On ne parlait pas de sexualité avant qu’une fille soit fiancée.

« J’étudie maintenant en psychologie à l’Université Concordia. Je suis très heureuse de mes choix. »

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