Économie

Et l’indépendance du Québec ?

Que pensent Paul Krugman et Kenneth Rogoff du projet d’indépendance du Québec sur le plan économique ?

PAUL KRUGMAN

« C’est problématique d’un point de vue économique. Le Québec aurait-il son propre système monétaire ? Ma supposition, c’est que non. [Sans monnaie autonome], il y a le risque d’un scénario comme en Espagne ou au Portugal. Pourquoi voudriez-vous faire ça ? L’indépendance de l’Écosse est aussi une mauvaise idée, pour des arguments similaires à mon avis. [L’indépendance] est plus facile à gérer avec sa propre monnaie. C’est vrai que certains petits pays font très bien avec leur propre monnaie, mais le Québec est très déjà endetté. Dans une grande économie nord-américaine, ça ne serait pas une grande idée [sur le plan économique]. L’économie d’un Québec sans sa propre monnaie serait assez mauvaise. L’économie d’un Québec avec sa propre monnaie pourrait être meilleure, mais ce serait délicat de faire fonctionner ça. »

KENNETH ROGOFF

« Je ne crois pas que ce serait dans l’intérêt du Québec d’un point de vue économique. Ce n’est même pas serré. C’est un choix personnel [des Québécois] si les enjeux sociaux et politiques priment les enjeux économiques. Je ne crois pas que l’indépendance raviverait l’économie du Québec. Ça la mettrait dans une situation bizarre [il serait séparé du Canada mais aurait des liens économiques importants avec lui]. Les coûts de transition, [par exemple] qui va investir au Québec, seraient plutôt substantiels. Si vous aviez une baguette magique que vous agitiez et que le Québec n’avait jamais fait partie du Canada, je ne vois pas de raison que ça n’aurait pas pu fonctionner correctement. En plus, le Québec reçoit des transferts fédéraux [la péréquation]. Si vous étiez dans la situation contraire comme en Catalogne [plus riche en moyenne que le reste de l’Espagne], je pourrais voir un argument plus solide, mais je ne suis même pas sûr que ce serait bon pour la Catalogne. »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.