Remaniement ministériel

Nouvelle ministre de la Culture, le milieu s’interroge

Surprise, étonnement, regret. Voilà la réaction du milieu culturel hier, après l’annonce de la nomination, à Québec, d’une nouvelle ministre de la Culture et des Communications, et ce, à la veille du dépôt prévu de la nouvelle politique culturelle. Si on veut bien donner la chance au coureur, tout le monde souhaite que Marie Montpetit attrape la balle au bond. Et rapidement !

Le changement de garde était à peine annoncé que déjà, par voie de communiqué, l’Union des écrivains (UNEQ) sonnait l’alarme.

« On a encore une fois le sentiment que le gouvernement accorde peu d’importance à la continuité dont a besoin le milieu culturel […]. » L’UNEQ déplore aussi que Luc Fortin « doive abandonner son poste après avoir mené pendant un an des consultations auprès du milieu culturel et sans avoir eu le temps de déposer le plan d’action de sa nouvelle politique ». 

Le gouvernement Couillard a promis une politique culturelle d’ici la fin de la présente session parlementaire, le 8 décembre prochain. Mme Montpetit hérite d’un gros dossier qui arrive dans sa phase finale et cruciale. Lancé par Hélène David il y a trois ans, ce projet a été parrainé par l’ex-ministre de la Culture, qui a rencontré des centaines d’acteurs du milieu à travers la province.

D’ailleurs, la présidente de l’Union des artistes, Sophie Prégent, a salué hier « le bon travail » du ministre sortant, affirmant regretter son départ.

« Mais je commence à être habituée aux changements de ministre. Je suis à l’UDA depuis moins de quatre ans, et c’est mon quatrième ministre de la Culture. Mais on me dit qu’il y a des ministères, comme aux Transports, où c’est pire. » 

— Sophie Prégent, présidente de l’Union des artistes

Dossier prioritaire

La révision de la politique culturelle québécoise est donc une priorité du milieu. « L’actuelle politique date de 25 ans. C’est long, accoucher d’une politique culturelle, dit Mme Prégent, mais ça reste longtemps. » Elle voit aussi un autre écueil à l’horizon, avec la tenue des prochaines élections dans un an : « Il faut donc faire très vite. »

Le directeur général Regroupement des centres d’artistes autogérés du Québec, Bastien Gilbert, se demande si la ministre sera capable de rattraper ce dossier au pied levé. Il souhaite aussi que l’échéancier soit respecté et que le Ministère dépose sa politique et son plan d’action d’ici la fin de l’année. « Le milieu culturel patiente depuis assez longtemps, dit-il. On espère que tout sera prêt pour que des investissements en culture fassent partie du prochain budget provincial, prévu pour mars 2018. » On attend aussi avec impatience sa prise de position concernant Netflix, autre dossier délicat depuis la décision du gouvernement fédéral de ne pas taxer le diffuseur.

Marie qui ?

Tout en soulignant que le ministère de la Culture devient souvent « un club-école » pour les élus, le coprésident du Conseil québécois du théâtre (CQT), David Lavoie, confie que ses membres sont « sur le qui-vive ». « On souhaite que Mme Montpetit soit une bonne élève et respecte les échéanciers serrés. »

Hier, de nombreuses personnes ont lancé leur moteur de recherche pour en savoir un peu plus sur la nouvelle ministre. À 38 ans, la nouvelle ministre, élue pour la première fois en 2014, a bien sûr ses preuves à faire. Elle a obtenu un diplôme en gestion culturelle des HEC Montréal et a fait des études en chant et en piano à l’École de musique Vincent-d’Indy.

Durant une mêlée de presse à l’hôtel du Parlement à Québec, à la sortie du remaniement ministériel, la députée de la circonscription Maurice-Richard (anciennement Crémazie) a affirmé qu’elle ne « compt[ait] pas pour l’instant retarder le dépôt de la politique ». Sur son compte Twitter, la nouvelle ministre a écrit : « Ma passion pour la #culture québécoise, ses artisans, notre patrimoine et notre langue française façonnera mon mandat ! »

À suivre.

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