La rue du village
vous présente chaque semaine une artère commerciale à travers ses détaillants incontournables, originaux ou charmants. Aujourd’hui, l’avenue Victoria, à Saint-Lambert.
L’avenue Victoria vit-elle un renouveau ? Plusieurs adresses ont ouvert leurs portes depuis le début de 2015, aux côtés des vénérables Histoire de pâtes, L’Échoppe des fromages et magasin Taylor (1920). Pour une charmante boutique comme Aza & Bela qui a rendu l’âme, des boutiques de vêtements, accessoires et produits québécois proposent du neuf à la clientèle lambertoise.
« Un beau ménage s’est fait ces dernières années, juge l’opticienne Marie-Sophie Dion des bars à lunettes qui portent son nom. Certaines boutiques cadeaux ne correspondaient pas aux désirs des gens. Aujourd’hui, les commerces ciblent davantage les jeunes professionnels et les familles. »
« Il y a un renouveau. La Ville a investi dans la Corporation. Il y a un plan stratégique depuis deux ans pour soutenir la croissance. »
— Vincent Trudel, président par intérim de la Corporation de développement économique de Saint-Lambert
« On appuie les événements majeurs comme Saint-Lambert en fête à la fin d’août qui permet une visibilité non négligeable aux commerçants avec ses 60 000 visiteurs. On opère un marché les jeudis, un succès cette année avec 32 producteurs et transformateurs. Aussi, on organise des petits-déjeuners réseautage. Une centaine de personnes sont venues aux activités. On essaie d’être un catalyseur et d’amener les commerçants à travailler ensemble. »
La Corporation planifie aussi une campagne publicitaire d’achat local, à la fin d’août. « Plus de 40 commerçants veulent participer, ajoute Vincent Trudel. C’est un premier essai. Ce n’est rien d’original, mais c’est une série d’activités qui permettent à tous de se rassembler autour d’une même vision : le meilleur produit et le meilleur service à la clientèle. »
Cinq ans après qu’on ait éventré l’artère commerciale de Saint-Lambert, pour des travaux de réfection, on souhaite que la clientèle reprenne ses aises ! « Les travaux sur Victoria ont été mortifères, lance Max Dubois, propriétaire de L’Échoppe des fromages. Ils ont tué le centre-ville. Certains détaillants ont perdu leur clientèle. Heureusement, quand la rue a été transpercée, j’ai développé la livraison, la clientèle corporative, les cocktails… Et j’ai maintenu mon chiffre d’affaires. »
« La réfection de la voirie a été dure pour plusieurs, ajoute Audrey Martineau-Dumas, copropriétaire du magasin de bières et saucisses Les Assoiffés. Certains ont fermé. Ce fut long, tout un été pour la première phase, de Desaulniers à Green, et les gens ont pris l’habitude d’aller ailleurs. À nous maintenant de les reconquérir ! »
Les commerçants se lancent main dans la main avec Vincent Trudel. « Il a à cœur le village, estime Claude Leclerc, copropriétaire de la boutique-resto Histoire de pâtes. On l’a senti tout de suite. La rue a changé beaucoup, notamment grâce à l’association des gens d’affaires, et c’est bénéfique. On sent un dynamisme. »
« Vincent Trudel écoute beaucoup, est humble, met les forces de chacun de l’avant et éteint les ego », ajoute Max Dubois.
Les 450 commerces, places d’affaires et de services que compte Saint-Lambert attiraient 80 % de ses citoyens, et ce, environ 10 fois par mois, selon une étude d’Altus de 2008. Séduire la clientèle est un travail quotidien, alors qu’on achète de plus en plus sur l’internet et qu’on travaille à 10 minutes du quartier DIX30. « Le DIX30 a un effet d’attraction assez élevé, concède Vincent Trudel. Mais son arrivée a dû affecter davantage les détaillants de Montréal, car nous n’avons pas tout à fait la même offre. »
« La clientèle lambertoise est fidèle et sensibilisée aux produits locaux. »
— Audrey Martineau-Dumas, copropriétaire du magasin de bières et saucisses Les Assoiffés
« Elle m’a suivie quand j’ai ouvert mon commerce après avoir passé 10 ans à L’Échoppe des fromages. Beaucoup disent que le DIX30 va tuer Victoria, mais je crois au commerce local. Si on dynamise l’offre, les gens vont venir. »
La beauté de l’artère et de ses bâtiments, dont on peut constater leur évolution sur des photos au magasin Taylor, n’est pas à négliger en termes de pouvoir d’attraction. Tant pour la clientèle que les commerçants. Le taux d’inoccupation oscille autour de 5 %, selon la Corporation, malgré des baux qui se comparent à certaines artères commerciales de Montréal.
« L’aspect village de Victoria est intéressant, ajoute Marie-Hélène Langevin, propriétaire de la boutique déco Motif. Je ne me voyais pas m’installer sur un grand boulevard où on ne circule qu’en voiture. C’est une rue où il fait bon marcher. »
« Elle a un certain charme grâce à ses édifices, décrit Marie-Sophie Dion. Elle me fait penser à une vieille artère de la Nouvelle-Angleterre. Elle a un cachet champêtre malgré sa proximité avec Montréal. »