TROUBLES D’APPRENTISSAGE ET DE DÉVELOPPEMENT

Le vélo virtuel pour calmer les élèves

Faire du vélo stationnaire avec un écran simulant une piste pendant les cours d’éducation physique diminue de beaucoup les problèmes de comportement des élèves ayant un trouble d’apprentissage ou de développement, selon une nouvelle étude. Cette approche est proposée pour les écoles spécialisées, mais pourrait être utilisée pour l’intégration de ces élèves dans les classes ordinaires.

« On a vu une amélioration énorme de l’attention et du fonctionnement en classe », explique l’épidémiologiste April Bowling du collège Merrimack, au Massachusetts, qui est l’auteure principale de l’étude publiée au cours de l’hiver dans la revue Pediatrics. « On savait que l’exercice aérobique [comme le vélo] aide beaucoup le fonctionnement du cerveau, particulièrement pour les élèves ayant ce type de troubles. Le problème, c’est de trouver comment leur faire faire de l’exercice dans la vraie vie, pas en laboratoire. » 

« Dans ces écoles, la moitié des élèves refusent de participer aux cours d’éducation physique. Avec le vélo virtuel, tout le monde participe. »

— April Bowling, auteure principale de l’étude

L’école où l’intervention a été testée, à Boston, accueille des élèves ayant des troubles de développement ou de comportement sévères. Il y a 10 enfants et 3 professeurs par classe, la moitié des enfants prennent des médicaments psychiatriques et seulement 20 % sont jugés « en forme ». L’écran du vélo stationnaire pouvait aussi être utilisé pour un jeu vidéo où les enfants capturaient des cibles en pédalant.

Dans le groupe témoin, qui ne faisait que des exercices aérobiques standards durant le cours d’éducation physique, plus d’un enfant sur cinq dépassait un seuil critique d’impulsivité et d’hyperactivité. Les jours des cours d’éducation physique (deux fois par semaine), un enfant sur huit ou neuf dans le groupe de vélo virtuel dépassait ce seuil. L’amélioration était semblable pour deux autres mesures de comportement.

La prochaine étape : les classes ordinaires

Cette approche pourrait-elle être utilisée pour les élèves intégrés en classe ordinaire ? « C’est la prochaine étape dans les recherches », dit Mme Bowling, qui a fait cette analyse dans le cadre de son doctorat à Harvard. « Mais il n’y a pas de raison de penser que ça ne marchera pas. »

Quelle est la raison biologique de cette amélioration ? « On voit en laboratoire des changements biochimiques dans le cerveau avec l’exercice aérobique comme le vélo, dit Mme Bowling. Ça donne aux enfants quelque chose de différent que les autres traitements, thérapies ou médicaments. »

La chercheuse américaine est en train d’introduire l’approche dans une autre école spécialisée et s’attend à ce qu’une bonne partie de la centaine d’écoles de ce genre dans l’État du Massachusetts emboîte le pas. « On veut arriver à permettre aux élèves en crise de sortir pour faire du vélo virtuel, pour que ça ne soit pas seulement limité aux cours d’éducation physique. »

Au Québec

Une poignée d'écoles québécoises utilisent quelques vélos stationnaires pour aider les élèves à se concentrer. Le projet le plus connu, qui existe depuis 2015, est celui de vélos-pupitres pour élèves ayant un déficit d'attention à l'école Des Cèdres, à Laval. Il s'agit de vélos qui ne génèrent habituellement pas d'effort aérobique.

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