Relancer Montréal

Sauvons Sainte-Catherine et réinventons McGill College

Montréal est un peu à l’image de sa principale artère commerciale :  maganée, rapiécée et concurrencée par ses banlieues, mais toujours charmante, accueillante et vibrante.

Montréal va s’en sortir. Elle s’embellit avec les années et le leadership économique et politique y est bien plus solide. Nous avons aussi une meilleure idée de ce qu’est réellement Montréal et de son vrai potentiel. Nous sommes à la fois plus réalistes et plus déterminés, me semble-t-il.

Mais j’ai peur pour la rue Sainte-Catherine.

Dès le printemps 2016, la rue sera éventrée entre Bleury et Mansfield pour qu’on y remplace les infrastructures souterraines. Ce sera ensuite jusqu’à Atwater.

Ces travaux sont nécessaires, mais les commerçants risquent de trouver le temps long. Le commerce de détail est déjà engagé dans une profonde mutation et la survie de plusieurs enseignes est en péril. Une rationalisation est en cours, alimentée par des changements profonds dans les habitudes de consommation avec le vieillissement de la population, la précarisation de l’emploi et la montée de l’endettement personnel.

Comme si cela ne suffisait pas se développent en banlieue de nouveaux types de centres commerciaux qui attirent de plus en plus de monde et qui ont d’immenses stationnements pour accueillir les consommateurs.

Je vous mets déjà au défi de vous stationner au centre-ville de Montréal avec les travaux déjà en cours, les voies protégées pour le transport collectif sur René-Lévesque, la piste cyclable et les nouvelles terrasses concédées aux cafés et restaurants sur De Maisonneuve. Les places dans les parkings à ciel ouvert ou souterrains sont limitées et elles coûtent cher.

Parallèlement aux travaux prévus, on a aussi engagé une vaste consultation publique sur l’aménagement de l’artère emblématique de Montréal. Les tentations seront grandes d’en faire une rue piétonne et de marginaliser davantage l’automobile.

Je ne vois pas les choses de la même façon. La rue Sainte-Catherine, ce sont d’abord quelque 750 magasins, dont 450 qui ont une façade sur la rue. Dans le quadrilatère entre Bleury, Atwater, Sherbrooke et Saint-Antoine, on recense 8000 entreprises.

Ce sont ces commerces et entreprises qui assurent la vitalité du quartier centre et en font un pôle d’attraction touristique. Ces commerces et bureaux ne peuvent pas respirer dans un centre qui rend la vie misérable ou impossible à leurs employés, clients et fournisseurs qui utilisent leur véhicule.

Bannir les automobiles de la rue Sainte-Catherine risque d’avoir deux conséquences malheureuses : accélérer le déplacement des commerces et bureaux vers la banlieue et donner tout l’espace aux restaurants et bars, comme c’est le cas sur Sainte-Catherine Est.

Il faut préserver ce moteur économique, mais il faut aussi trouver une façon de rendre le centre-ville plus agréable pour les piétons.

Sur l’esplanade de la Place Ville-Marie, on a peut-être le plus beau point de vue de Montréal. McGill College, l’une des plus belles avenues de la ville, ouvre un chemin vers le mont Royal. C’est sur cette avenue que l’immeuble le plus représentatif de la ville se lie à son lieu le plus emblématique et à son université la plus prestigieuse.

Pourquoi ne transformerions-nous pas McGill College en rue piétonne ? L’avenue est large et permet à la fois l’établissement de jolies terrasses, beaucoup d’espace pour circuler et un aménagement paysager à la hauteur de ce qui a été construit au square Victoria. L’avenue a aussi le grand mérite de ne pas être une voie de transit nord-sud très utilisée.

Avec le réaménagement prévu du square Phillips et celui en cours du square Dorchester, cette nouvelle avenue McGill College ferait du centre-ville de Montréal à la fois un lieu magnifique et vibrant.

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