ALZHEIMER : PLUS DE FEMMES TOUCHÉES !

Saviez-vous que les femmes représentent 72 % de tous les cas de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer au Canada ? Les femmes ont donc tout intérêt à en apprendre le plus possible sur cette maladie neurodégénérative qui, malheureusement, se révèle fatale à plus ou moins long terme.

« La maladie d’Alzheimer n’est pas la conséquence d’une accélération du vieillissement cérébral, mais une véritable maladie », assure Diane Roch, directrice générale de la Fédération québécoise des Sociétés Alzheimer (FQSA). La maladie d’Alzheimer est en effet une maladie progressive, dégénérative et mortelle qui détruit les cellules du cerveau. « Mais contrairement à ce que les gens pensent, la maladie d’Alzheimer n’altère pas que la mémoire », déclare Mme Roch. Elle affecte en fait plusieurs fonctions telles que le langage, la personnalité et le comportement. Cette maladie pose donc de graves problèmes médicaux, sociaux et familiaux. Cela est d’autant plus vrai qu’il n’existe présentement aucun moyen d’inverser ou de ralentir la progression de cette maladie.

UNE MALADIE COMPLEXE

« En ce moment, on ne sait toujours pas ce qui cause exactement la maladie d’Alzheimer », indique le docteur Alain Robillard, Neurologue, Professeur adjoint de clinique à l´hôpital Maisonneuve-Rosemont et conseiller scientifique au conseil d’administration de la FQSA. On pense cependant que les causes de la maladie sont multifactorielles. L’une de ces causes serait la présence de dépôts d’une protéine appelée amyloïde en quantité anormale dans le cerveau. On pense que ces dépôts d’amyloïde provoquent, avec les années, des réactions inflammatoires qui détruisent les neurones. La génétique jouerait également un rôle dans l’apparition de cette maladie, mais on ne connaît pas encore tous les gènes impliqués. Il existe d’ailleurs une forme rare de la maladie d’Alzheimer qui débute avant 50 ans et qui est héréditaire. Bref, il reste encore beaucoup à apprendre au sujet de cette maladie et les chercheurs continuent d’essayer d’en découvrir les causes et d’en comprendre les mécanismes.

LES 10 SIGNES PRÉCURSEURS

• Pertes de mémoire : oublis fréquents (particulièrement des événements récents), difficulté à reconnaître les gens et à retenir de nouvelles informations.

• Difficulté à exécuter des tâches familières : telles que se laver, s’habiller, préparer les repas, etc.

• Problèmes de langage : difficulté à trouver les mots justes et oubli des mots faciles.

• Désorientation dans l’espace et dans le temps : oublier la date ou le jour de la semaine, oublier l’endroit où l’on va, se perdre, etc.

• Jugement amoindri : ne pas porter les bons vêtements selon la saison, ne pas reconnaître un problème de santé nécessitant un traitement, etc.

• Objets égarés : ranger des objets dans des endroits insolites (un fer à repasser dans le congélateur, par exemple).

• Changements d’humeur ou de comportement : passer du calme aux pleurs ou à la colère sans raison apparente.

• Changement dans la personnalité : devenir confus, renfermé, méfiant, etc.

• Perte d’intérêt : devenir passif, ne pas prendre d’initiatives, ne plus entreprendre d’activités par soi-même, etc.

• Difficulté face aux notions abstraites : telles que comprendre les chiffres sur un formulaire d’impôts, planifier un déplacement en métro nécessitant plusieurs correspondances, etc.

« Les gens pensent souvent, à tort, que ces symptômes font partie du processus normal de vieillissement », raconte Mme Roch. De fait, jusqu’à 50 % des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ne reçoivent pas leur diagnostic suffisamment tôt pour profiter des soins et des services de soutien qui pourraient améliorer leur qualité de vie et prévenir des situations difficiles au sein de leur famille. « Bien qu’il n’existe pour l’instant aucun traitement pour guérir la maladie ni pour stopper son évolution, un diagnostic précoce permet néanmoins de bénéficier de traitements qui retardent la perte des fonctions cognitives (mémoire, orientation, langage, etc.) », insiste Mme Roch. Il est donc important de consulter un médecin dès l’apparition d’un ou de plusieurs de ces symptômes. « Il ne faut pas non plus hésiter à s’adresser à la Fédération québécoise des Sociétés Alzheimer et aux Sociétés Alzheimer du Québec qui offrent des programmes et des services visant à aider les personnes confrontées à la maladie d’Alzheimer ainsi que leurs proches », rappelle Mme Roch.

LE SAVIEZ-VOUS ?

• Aujourd’hui, près de 125 000 Québécois et 747 000 Canadiens vivent avec la maladie d’Alzheimer ou une maladie apparentée. Dans moins de 20 ans, ces chiffres devraient doubler pour atteindre 260 000 Québécois et 1,4 million de Canadiens atteints.

• Les risques doublent tous les cinq ans après 65 ans. Une personne de plus de 65 ans sur vingt est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Chez les plus de 85 ans, la maladie touche une personne sur quatre.

• L’âge demeure le facteur de risque le plus important, mais on dénombre d’autres facteurs de risque tels que les maladies cardiovasculaires, le diabète, l’hypertension, l’obésité et le tabagisme.

• Selon de nombreuses recherches, des modifications au niveau du cerveau pourraient se produire jusqu’à 25 ans avant l’apparition des premiers symptômes.

• La maladie d’Alzheimer dure en moyenne de huit à dix ans, du diagnostic à la mort.

PARTICIPEZ À LA CAMPAGNE « LES 72 % »

À l’occasion du Mois de la sensibilisation à la maladie d’Alzheimer, la Fédération québécoise des Sociétés Alzheimer, les 20 Sociétés Alzheimer du Québec et la Société Alzheimer du Canada lancent une nouvelle campagne nationale intitulée « Les 72 % ». « Dans le cadre de cette campagne, nous abordons pour la première fois la maladie d’Alzheimer sous l’angle des préoccupations féminines, déclare Mme Roch. Les femmes ont une vie très active et très chargée, souvent au détriment de leur santé et de leur bien-être. Nous leur demandons de prendre le temps de s’informer surtout si elles s’inquiètent de leur santé cognitive, qu’elles viennent tout juste de recevoir un diagnostic de maladie d’Alzheimer ou qu’elles prennent soin d’une personne qui en est atteinte. Il est important de faire appel aux Sociétés Alzheimer qui sont là pour aider dès le diagnostic et tout au long de la maladie ». Les femmes sont en effet doublement concernées par la maladie d’Alzheimer ; non seulement en raison de la prévalence de la maladie d’Alzheimer plus élevée pour les femmes, mais aussi en raison de leur rôle de proche aidante auprès d’une personne atteinte.

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