Portfolio Aérospatiale

Vers un fonds de financement des jeunes pousses

Un fonds d’amorçage des jeunes pousses aérospatiales pourrait voir le jour dès cette année au Québec. L’idée est actuellement débattue au sein de la grappe aérospatiale. L’industrie pourrait ainsi se doter d’un outil calqué sur une formule qui a du succès en Europe.

Ce fonds d’amorçage viendrait pallier un déficit de jeunes pousses aérospatiales au Québec. « Montréal est un terrain fertile en aérospatiale pour les grands acteurs comme Bombardier, Pratt & Whitney et d’autres, souligne François Chopard, fondateur et directeur général de Starbust Accelerator, un accélérateur d’entreprises établi à Paris. Mais paradoxalement, il y a peu de jeunes pousses. »

Or, l’industrie québécoise a tout à gagner à voir se développer des firmes innovantes. « Les grands acteurs ont besoin d’idées fraîches, venues de domaines transversaux comme la fabrication avancée et l’intelligence artificielle, ajoute Suzanne Benoit, PDG d’Aéro Montréal. Or, notre secteur innove encore de manière traditionnelle », ajoute-t-elle, en citant en exemple la collaboration entre Uber et Bell Helicopter, qui vise à concevoir des véhicules autonomes volants. 

« Notre industrie doit s’alimenter avec des technologies venues de tous les horizons. »

— Suzanne Benoit

Certes, les laboratoires des centres de recherche et des universités ne manquent pas de projets. À Montréal, les innovateurs ont de nombreux atouts avec la présence de grandes firmes, de laboratoires de pointe, d’un accompagnement par les centres de recherche, énumère Hany Moustapha, directeur d’AÉROÉTS, qui regroupe les activités d’enseignement et de recherche en aérospatiale de l’École de technologie supérieure de Montréal.

Du financement stimulant

« Mais les grandes firmes comme les PME sont débordées devant l’afflux de nouvelles technologies », affirme-t-il. Le tissu aérospatial québécois gagnerait ainsi à voir de jeunes pousses concevoir des projets d’innovations au carrefour de la recherche et de l’industrialisation, poursuit-il. De ce point de vue, « la question financière est un enjeu prioritaire », assure M. Moustapha, en soulignant qu’offrir davantage de financement conduirait à stimuler l’innovation, et donc à faire naître davantage de jeunes pousses.

Pour cela, la grappe aérospatiale québécoise compte se baser sur le modèle mis en place par Starbust Accelerator. En Europe, depuis 2012, cet accélérateur accompagne de jeunes pousses durant de 12 à 18 mois en les faisant rencontrer de grands acteurs de l’industrie, comme Airbus, Thalès et Safran. « En aérospatiale, les portes s’ouvrent difficilement si on n’est pas introduit », explique François Chopard, qui se revendique comme le seul accélérateur de jeunes pousses aérospatiales du monde.

De 30 à 40 millions au Québec

L’accélérateur investit de 4 à 8 millions de dollars dans les firmes innovantes ayant le plus fort potentiel, avec l’objectif clair de trouver le prochain SpaceX, la firme d’Elon Musk qui, en 16 ans, est devenue le lanceur des plus grosses fusées au monde. Jusqu’à présent, Starbust Accelerator a ainsi recueilli plus de 300 millions de dollars auprès d’investisseurs, séduits par l’objectif d’amener de jeunes pousses à une valorisation de 400 millions de dollars et plus.

Et c’est bien ce modèle d’amorçage qui est visé à court terme à Montréal. « Nous visons à créer un fonds de financement au Québec d’ici la fin de l’année, avance M. Chopard. Nous devons aller vite pour que l’écosystème ne soit pas pénalisé par le manque d’innovation. » Une dizaine de jeunes pousses pourraient être accompagnées chaque année, précise l’homme d’affaires français. Pour cela, le fondateur de Starbust Accelerator compte mobiliser de 30 à 40 millions de dollars.

François Chopard ne cache pas l’intérêt pour sa firme de venir étendre ses activités au Québec. « Montréal est un débouché supplémentaire pour les jeunes pousses qui sont déjà avec nous », explique-t-il, en soulignant la perspective d’« embarquer dans [son] programme un acteur incontournable comme Bombardier ».

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