Opinion

À la mémoire de grandes femmes d’ici

Le constat est accablant : les femmes sont cruellement sous-représentées dans la toponymie de Montréal. Nathalie Petrowski et François Cardinal y sont allés récemment de leurs propositions pour pallier ce problème. La Presse a aussi demandé à ses lecteurs des suggestions. En voici un bref aperçu.

Pierrette Alarie, 1921-2011

Cette grande soprano née à Montréal a étudié au Curtis Institute de Philadelphie. Elle a fait une carrière internationale et s’est illustrée notamment aux Variétés lyriques et à l’Opéra-Comique de Paris. Elle a enseigné le chant en Colombie-Britannique et en Californie. Elle a reçu l’Ordre du Canada, l’Ordre du Québec et le Prix du Gouverneur général. Elle a partagé la scène avec son mari, le ténor Léopold Simoneau.

— Ghislaine Champagne

Yvonne Maisonneuve, 1903-1980

Le 18 décembre 1932, à l'âge de 29 ans, Yvonne Maisonneuve ouvre la première maison pour accueillir les femmes en détresse, qui deviendra Le Chaînon, principale maison d'hébergement pour femmes en difficulté au Québec. Son sens inné de l'organisation et sa générosité sans limites font d'elle une notoriété enviable de la communauté montréalaise. Mme Maisonneuve a consacré sa vie entière à la cause des femmes les plus marginalisées de notre communauté. Elle laisse derrière elle une organisation solide et bien structurée. Incontestablement, Yvonne Maisonneuve se classe parmi les femmes d'exception.

— Thérèse Godin, bénévole pendant 30 ans

Vera Danyluk, 1944-2010

En ces années où l'intégrité des élus municipaux peine à s'imposer, il me semble capital de rappeler à la mémoire collective le nom de Vera Danyluk, mairesse de Mont-Royal entre 1987 et 1994, puis présidente de la Communauté urbaine de Montréal, de 1994 à 2002. Dans l'exercice de ses fonctions, Mme Danyluk s'est illustrée par sa profonde connaissance des dossiers, son intégrité à toute épreuve et sa proximité du terrain. En plus de ses activités publiques, Mme Danyluk fut une épouse et une mère aimante, et une aidante naturelle assidue pour sa mère âgée. C'était aussi une voisine attentive, qui trouvait le temps de cuisiner des plats pour les citoyens âgés du quartier.

— Louise Sexton

Eugénie Lepage, 1893-1960

Infirmière, née à Baie-des-Sables, neuvième d’une famille de onze enfants, à l’adolescence, elle quitte d’abord sa famille pour un an, pour apprendre l’anglais au Minnesota. Jeune adulte, elle s’installe à Montréal, pour parfaire ses études et devenir infirmière à l’Hôtel-Dieu de Montréal. Elle y rencontre le DAvila Desroches. Après la Première Guerre mondiale, elle interrompt ses études pour soigner les gens atteints de la grippe espagnole. Mme Lepage assistera toute sa vie son mari, nuit et jour, pour soigner les accidentés, les sans-abri, pour les nombreux accouchements, dans leur domicile comme sur les routes de campagne, dans des conditions parfois extrêmes. Durant la Seconde Guerre mondiale, sa maison devient un centre de la Croix-Rouge, dont elle préside les activités de guerre. Elle reçoit la médaille du Mérite de la Société canadienne de la Croix-Rouge en 1954, en reconnaissance de son travail durant les années de guerre.

— Anne Provost, Saint-Lambert

Françoise Gaudet-Smet, 1902-1986

Journaliste, conférencière, animatrice d’émissions de télévision et de radio, cette femme avant-gardiste engagée socialement a aidé les femmes à prendre leur vie en main. Elle s’est occupée avec amour et générosité de jeunes filles enceintes confiées à elle par leur mère, une sœur ou une amie. À son domaine de Claire-Vallée, elle recevait des groupes d’étudiants pour leur permettre d’approfondir leurs connaissances.

— Rita Lafond, Laval

Dorimène Desjardins, 1858-1932

Soulignons les efforts de Dorimène Desjardins, épouse et bras droit d'Alphonse Desjardins, qui était reconnu pour sa détermination à soutenir financièrement les ouvriers et les cultivateurs canadiens-français, en leur donnant accès au crédit pour la première fois de l'histoire. En plus d'élever et d'éduquer ses enfants, elle a cofondé les Caisses populaires.

— Mélanie Sarrazin, Prévost

Chantal Jolis, 1947-2012

S'il y a bien un nom féminin que je voudrais voir dans le paysage montréalais, c'est celui de Chantal Jolis. Elle a façonné mon univers musical. J'ai découvert des interprètes et des musiques de partout grâce à elle. Elle nous a parlé non seulement de musique, mais aussi de vins, de lieux, de gens, avec une passion et une curiosité qui ne l'ont jamais quittée, même à la fin de sa vie.

— Michael Sévigny

Florence Fernet-Martel, 1892-1986

Elle a été une suffragette au côté de Mme Thérèse Casgrain. Elle s’est battue toute sa vie pour le droit des femmes. Elle fut l’une des premières diplômées en sciences sociales de l'Université de Montréal. Elle était traductrice, fervente adepte d'histoire et de généalogie. Elle a hébergé des étudiants de l'Université de Montréal pendant quarante ans.

— Jacques Bergeron

Adèle Lauzon, née en 1931

Elle a grandi dans le Québec de Duplessis et s'est embarquée pour l'Europe, encore ravagée par la guerre, en 1950. Elle est devenue la première femme journaliste à couvrir la politique internationale à La Presse. Elle a couvert deux révolutions importantes : celles de Cuba et de l'Algérie. Elle est la seule journaliste à avoir eu un entretien avec le Che. Je considère qu'elle a sa place dans notre histoire. Elle a ouvert la porte aux femmes journalistes intéressées par les nouvelles internationales, un milieu qui était exclusivement masculin avant elle.

— Josée Fournier

Agathe de Saint-Père, 1657-1747

Née à Montréal, elle a été une femme d'affaires formidable, qui s’est démarquée notamment dans le commerce du textile et de la boulangerie. Demi-sœur des enfants de Charles LeMoyne et épouse de Pierre Le Gardeur de Repentigny, cette femme était une vraie battante.

— Suzanne Bastien, Repentigny

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