éducation

« La plus belle bibliothèque universitaire au Canada ! »

Un bac à sable technologique, un studio de visualisation, des murs végétaux, des salles zéro bruit, des activités de zoothérapie, 3200 places assises, 21 km de rayons de livres…

Rarement une bibliothèque a-t-elle aussi bien illustré la notion de « lieu de vie » que la bibliothèque Webster de l’Université Concordia, qui vient d’être magnifiquement rénovée et agrandie.

Sur 170 000 pi2 d’espaces lumineux et colorés, répartis sur cinq étages, on peut lire un journal dans un fauteuil, s’isoler dans une salle silencieuse, s’amuser dans un espace de création, partager une banquette ou une salle de travail, disposer d’un ordinateur ou d’une tablette numérique, préparer un exposé oral, assister à des ateliers ou à des conférences, faire une entrevue d’embauche, défendre une thèse de doctorat, acheter des bouchons d’oreille ou boire un café.

La bibliothèque Webster est la seule de la ville et du Québec ouverte 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

« On est très chanceux », dit Guylaine Beaudry, vice-rectrice exécutive adjointe, stratégie numérique, et bibliothécaire en chef. « Nos étudiants donnent 1 $ par crédit pour l’amélioration des services de la bibliothèque. »

Douze crédits par trimestre, ça donne 24 $ par an, multipliés par le nombre d’étudiants. Cela permet notamment d’ouvrir la bibliothèque la nuit.

Qui peut y aller ?

Tout le monde. C’est une bibliothèque publique, précise Mme Beaudry.

En 1992, lors de son inauguration, il y avait 16 000 étudiants à Concordia. Aujourd’hui, ils sont près de 48 000… « Il n’y avait jamais de places, rappelle la vice-rectrice. Pendant les examens, c’était absolument horrible. J’ai pris des photos, pris des photos, pris des photos. Un moment donné, je suis allée montrer ça au chef et je lui ai dit : “Il faut vraiment qu’on fasse quelque chose.” »

Coût des travaux menés de 2015 à 2018 : 37 millions.

Le gros du financement provient du plan quinquennal d’investissement pour le maintien des actifs du gouvernement du Québec. La part des étudiants ? 1,3 million.

Un drôle de bac à sable

Le bac à sable des technologies permet l’exploration numérique dans un espace de création. On y teste un large éventail de matériaux : de la machine à coudre à l’imprimante 3D, en passant par des outils et des systèmes de réalité virtuelle. Jasia Stuart, analyste technologique, prévoit donner des ateliers sur le projet Arduino, la découpe de vinyle contrôlée par ordinateur, et comment enseigner à un chat l’art d’envoyer des égoportraits !

Du végétal au vertical

« Ce projet était complètement fou en consultations, affirme Guylaine Beaudry. On en a fait, c’est pas possible. Dans une de nos premières consultations, on a demandé à nos étudiants de nous dire les 10 choses qu’ils voulaient avoir. Des plantes et des œuvres d’art sont sorties très, très haut. » Les murs végétaux (260 000 $) ont été payés avec la contribution des étudiants. « On n’utilise pas des fonds publics pour faire ce genre de choses », précise la vice-rectrice.

Des escaliers silencieux

« Une des choses qu’il fallait absolument régler, c’est l’acoustique, indique l’architecte Audrey Archambault, de chez MSDL. La bibliothèque était extrêmement bruyante. Dans l’escalier, on a mis des panneaux acoustiques très performants sur les murs. En tout, il y a 22 types d’environnement de travail : de l’espace collaboratif à la salle zéro bruit. Tout le monde y trouve son compte. »

La fin du papier

Webster achète pour 6 millions de dollars par an : des livres et des articles numériques, des vidéos et des fichiers audio. Des livres papier ? Très peu, comparativement au numérique. L’an dernier, la bibliothèque a acheté pour 500 000 $ de livres en format papier. « Le nombre de prêts en copies imprimées, en 20 ans, a diminué de 80 % dans toutes les bibliothèques au Canada », souligne Mme Beaudry.

Des kilomètres de rayons

La bibliothèque possède 21 km de rayons de livres. « Tous les livres n’ont pas été numérisés », précise la vice-rectrice. En effet, selon les études, moins de 10 % de ce qu’on a publié au Canada a été numérisé. Pour optimiser l’espace, Webster a tout de même légué 68 000 ouvrages au cours des trois dernières années. Des doublons. « Avant, quand un ouvrage était très populaire et qu’il était très en demande, on achetait trois, quatre, cinq, six copies. Aujourd’hui, on ne fait plus ça parce que c’est en ligne. »

La plus belle au Canada

La bibliothèque compte 19 espaces de travail de collaboration, cintrés de bois, qu’on peut réserver pour une période de deux heures maximum. Ils sont dotés d’un grand mur blanc sur lequel on peut écrire, d’un écran et d’une caméra. Et aux extrémités de chaque étage se trouvent deux grandes salles de lecture vitrées, munies d’ordinateurs et de lampes de table. « C’est la plus belle bibliothèque universitaire au Canada ! », tranche Audrey Archambault.

Le luxe de l’espace

La bibliothèque est composée de deux tours réunies par un atrium. « C’est un grand luxe d’avoir autant d’espace dans un édifice public », assure la bibliothécaire en chef. L’une des tours donne sur Bishop, l’autre sur Mackay, coin De Maisonneuve. « Le mobilier est de super bonne qualité », note Audrey Archambault. « Il faut que ce soit beau et durable parce que je sais que mon université n’aura pas l’argent pour les renouveler avant au moins 20 ans », ajoute Mme Beaudry.

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