Patates Dolbec

Techno et pommes de terre font bon ménage

Des nouvelles méthodes dans les champs jusqu’aux produits nouveau genre, l’innovation est à l’honneur dans l’agroalimentaire. Tout l’été, notre chroniqueuse vous présente des entreprises aux idées fraîches.

Pourquoi cette entreprise ?

Parce que Patates Dolbec, une entreprise quinquagénaire installée à Saint-Ubalde, dans la circonscription de Portneuf – à environ 70 kilomètres au nord-est de Trois-Rivières – , et spécialisée dans la culture et la vente de pommes de terre, a décidé d’implanter une révolution techno 4.0 dans son usine, histoire d’informatiser le plus possible les opérations de lavage, triage et emballage des tubercules, et d’enrichir ainsi le type d’emplois offerts à une main-d’œuvre difficile à trouver et à garder. 

Les produits

Patates Dolbec est une entreprise qui produit et vend des pommes de terre pour les restaurants, mais surtout pour les consommateurs qui font leurs courses au supermarché. Vous les avez peut-être vues chez Metro, au Tigre Géant ou au Walmart près de chez vous. Quand l’entreprise les vend sous sa marque – elle fournit aussi les marques maison de plusieurs grandes chaînes – , elle propose ce qu’elle appelle la gamme « parfaite ». 

Donc, au lieu de nous proposer juste un autre sac de pommes de terre dans le rayon des fruits et légumes, on nous vend les pommes de terre « parfaites » pour faire des frites « parfaites » ou pour de la purée ou encore pour les mettre au four. Celles-là, on les préemballe même dans de l’aluminium, histoire d’offrir une solution clés en main.

Les pommes de terre Dolbec sont aussi vendues aux restaurants, exportées aux États-Unis et vendues en Ontario. En tout, l’entreprise produit 90 millions de livres de pommes de terre par année, récoltées sur 3200 acres de potagers. (La ferme compte 10 000 acres, mais elle fait de la rotation pour laisser la terre se ressourcer.)

Les gens

L’entreprise a été fondée en 1967 par Adrien Dolbec, l’arrière-grand-père du propriétaire actuel, Stéphane Dolbec, qui l’a rachetée de son père en 2005. Il dirige l’entreprise avec notamment sa compagne, Josée Petitclerc, responsable des communications et du marketing. Ils ont trois fils, de 18, 16 et 13 ans, qui ont tous des intérêts liés différemment aux activités de l’entreprise familiale. L’un adore les chiffres, l’autre, la mécanique et le troisième, le jardinage.

Peut-être, dit Josée Petitclerc, y aura-t-il donc une autre génération pour reprendre le flambeau. L’entreprise compte en outre toute une équipe de direction. En tout, 130 personnes travaillent chez Patates Dolbec. L’informatisation et la robotisation de l’entreprise, implantées surtout en 2016 et 2017, n’ont pas diminué le nombre d’emplois, mais plutôt transformé le type d’emplois, explique Josée Petitclerc.

Maintenant, il faut comprendre, améliorer, entretenir, réparer des machines plutôt qu’accomplir des tâches répétitives – style trier des pommes de terre – qui peuvent être faites par les appareils.

« Dans le fond, les seuls postes qui ont disparu, ce sont des postes pour lesquels on avait beaucoup de difficulté à trouver du personnel et à le garder. »

— Josée Petitclerc, responsable des communications et du marketing chez Patates Dolbec

En outre, Patates Dolbec n’en serait pas là, ajoute-t-elle, sans le travail des équipes des entreprises surtout québécoises qui ont conçu et mis en place les nouveaux systèmes informatisés et robotisés.

On parle notamment d’Epsilia de Trois-Rivières, « leurs systèmes sont au cœur de [leur] informatisation, jusqu’aux ventes », de Divel, de Louiseville, qui a veillé sur les navettes robotisées de transport des sacs de pommes de terre, à Équipement Capital de Saint-Ambroise, à Leclerc Robotique de Saint-Augustin-de-Desmaures dont le bras robotisé empile les sacs de tubercules…

Les défis

Le premier défi dans l’automatisation de l’usine était de s’assurer que toutes les machines « se parlent et réagissent les unes aux autres », explique Josée Petitclerc. C’est là la grande différence qu’apportent les nouveaux systèmes tels que ceux développés par Epsilia. Les machines – celle qui lave, celle qui trie, par exemple – s’ajustent aux travaux des unes et des autres afin qu’il n’y ait pas d’embouteillage ou de débordements. L’autre grand défi, qui est derrière le projet d’automatisation, c’est de trouver et de garder de la main-d’œuvre pour soutenir la croissance de l’entreprise, « qui est belle depuis quelques années ».

Patates Dolbec a pu développer de nouveaux marchés grâce aux améliorations techniques qui garantissent la qualité des produits et la fiabilité de l’approvisionnement, mais cette progression doit durer et être soutenue. Côté produits, le défi du moment s’appelle « grelots ». Les consommateurs en redemandent, mais ce sont des pommes de terre fragiles. 

L’avenir

Patates Dolbec réfléchit à toutes sortes de nouvelles avenues pour son avenir, en plus de l’amélioration des systèmes de production déjà mis en marche. Trouver de meilleures solutions pour utiliser moins de pesticides, moins d’engrais chimiques, est sur l’écran radar. Une sélection éventuellement de pommes de terre bio ? Peut-être. Actuellement, dit-elle, la ferme a une approche d’agriculture « raisonnée ».

« On n’épand pas pour épandre », explique Mme Petitclerc. « Ça ne se passe plus comme dans le passé. » Les interventions agricoles sont plus précises, plus ciblées, un processus qui doit toujours évoluer, dit-elle. Pour des raisons financières – « ça coûte cher, tous ces produits-là » – et parce que, oui, il y a de la demande des consommateurs pour des produits le plus naturels possible. « Sauf que le gouvernement met de la pression pour qu’on change nos façons de faire, mais ne nous aide pas beaucoup », dit-elle. Il revient aux entreprises de tester de nouvelles plantes, de nouvelles méthodes. L’avenir, il est là, dans la découverte. 

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.