Opinion Environnement 

Des engagements sérieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre ?

Voici quelques constats d’un rapport récent des Nations unies sur le changement climatique : nous nous dirigeons vers des catastrophes climatiques ; les engagements de pays sont insuffisants ; les États ne prennent pas vraiment les moyens de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES).

On peut facilement prévoir les réactions des élus québécois à ce sujet : « Par ses actions, le Québec est un leader : 1. Nous avons implanté un système de droits d’émission. 2. Nous développons le marché des autos électriques. 3. Nous soutenons le transport collectif. » Examinons si ces actions vont réduire les émissions.

Rappelons d’abord que, depuis 20 ans au Québec, tous les secteurs économiques ont diminué légèrement leurs émissions, sauf la principale source, le transport, qui les a fortement augmentées. Tout récemment, l’industrie pétrolière a confirmé que les ventes de carburant automobile ont augmenté dans les trois dernières années. De plus, l’étalement urbain continue ; c’est un facteur important de la multiplication du nombre de véhicules et du rallongement des distances parcourues.

1. Les droits d’émission et les transports

Quel est l’effet du système québécois de droits d’émission sur les transports ? Récemment, le système a imposé un prix d’environ 17 $ la tonne de CO2. Cela représente un coût de 4 ¢/litre. Mais à cause de la baisse du prix mondial du baril de pétrole, le coût à la pompe a baissé sensiblement (au cours des dernières années). Dans le contexte actuel, le système de droits d’émission est incapable de changer les tendances en transport.

2. La voiture électrique au Québec

Autre action québécoise, la promotion des autos électriques. On entend souvent l’affirmation suivante : « Aux États-Unis, l’auto électrique n’est pas verte, car l’électricité qui recharge les batteries provient de centrales au gaz ou au charbon, très polluantes. Mais au Québec, grâce à l’hydroélectricité, l’auto électrique n’est pas polluante. » Vrai ou faux ?

Pour comprendre la réalité, voici quelques affirmations débattues dans les années 2000. L’hydroélectricité n’émet presque pas de gaz à effet de serre (GES) : vrai. En conséquence, au Québec, réduire la consommation d’électricité ne permet pas de réduire les GES : faux et voici pourquoi. Si on réduit la consommation de 1 kilowattheure (kWh), est-ce que ce kilowattheure d’hydroélectricité disparaît ? Non, il reste sous forme d’eau stockée dans le réservoir hydroélectrique. Cette eau pourra ensuite être turbinée, permettant d’ajouter 1 kWh, quand nous exportons vers les États-Unis. Hydro-Québec est très fière, avec raison, de dire que ses exportations réduisent la production d’électricité au gaz ou au charbon. Les économies d’électricité au Québec ont donc le même bénéfice environnemental que celles réalisées dans le nord-est des États-Unis.

Maintenant, pour promouvoir les autos électriques, Hydro-Québec et le gouvernement affirment que les autos sont alimentées à l’hydroélectricité. C’est une incohérence. Reprenons la logique. Si les autos électriques consomment un million de kilowattheures, il y a un million de kilowattheures qui ne peuvent plus être exportés. À cause de cette consommation des autos électriques, des centrales au gaz et au charbon devront produire un million de kilowattheures supplémentaires. En résumé, les autos électriques québécoises font baisser les émissions de GES au Québec, mais les font augmenter d’autant en Nouvelle-Angleterre.

3. Le REM, l’étalement urbain et les GES

Autre action québécoise, le Réseau électrique métropolitain (REM), un projet de transport collectif dont le coût annoncé est de 6 milliards de dollars. Ce coût ne tient pas compte des 3 milliards de dollars d’infrastructures publiques « données » au promoteur (CDPQ Infra) : tunnel du Mont-Royal, deux voies du nouveau pont Champlain, ligne Deux-Montagnes… Plusieurs analyses réalisées pour la Coalition Climat Montréal confirment que ce projet fera AUGMENTER les émissions de GES. Pourquoi ? Encouragement à l’étalement urbain ; énorme quantité de béton dans les infrastructures en hauteur. Et selon le BAPE, 90 % des futurs usagers du REM utilisent déjà les transports collectifs.

Des engagements non réalistes

Le Québec s’est engagé à réduire ses émissions de GES de 37,5 %, en 2030. Le maire Denis Coderre, grand promoteur du REM et de l’auto électrique, s’est engagé à réduire les émissions montréalaises de 30 % en 2020 et de 80 % en 2050. Considérant les actions prévues, ces engagements ne sont pas sérieux.

On peut cependant rester positif. Le cas du REM, avec un vrai coût minimum de 10 milliards de dollars, illustre que nous avons les moyens économiques pour réduire les émissions, si nos élus prennent leurs engagements au sérieux. Dans le cadre du Fonds vert, un projet de 100 millions de dollars qui ne réduirait pas les émissions, ferait une grosse controverse. Le REM, c’est 100 projets de 100 millions, sans la moindre réduction des émissions.

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