PME Innovation

Tenir l’alzheimer à l’œil

L’INNOVATION

Optina, une entreprise de Montréal, a mis au point un système de détection précoce de la maladie d’Alzheimer, à l’aide d’une caméra hyperspectrale qui photographie la rétine de l’œil.

QUI

Fondée en 2012 par Jean-Daniel Arbour, directeur du département d’ophtalmologie de l’Université de Montréal, et l’astrophysicien Sébastien Blais-Ouellette, créateur de la firme Photon etc., Optina s’est vouée à la conception d’un système de diagnostic de maladies par observation de la rétine.

Le président actuel, David Lapointe, est entré en fonction en 2013 « dans le but de développer les applications de diagnostic de l’alzheimer ».

« Près de 15 % des gens de 60 ans et plus rapportent des problèmes de mémoire, mais seule une fraction de ceux-là a vraiment la maladie d’Alzheimer. Pour les traiter, il faut les repérer à ce stade-là. Il est impossible de passer un scan de 4000 $ à 15 % de la population de 60 ans et plus. »

— David Lapointe, président d’Optina

« On doit donc développer une méthode qui permettra un diagnostic à grand volume et à bas coût », ajoute M. Lapointe.

COUP D’ŒIL SUR LE SYSTÈME

La présence d’agrégats de la protéine bêta-amyloïde dans le cerveau est un indicateur précoce de la maladie d’Alzheimer. On détecte habituellement la molécule avec une coûteuse et longue imagerie du cerveau, qui nécessite l’injection d’un marqueur radioactif.

Or, en raison de ses importantes connexions nerveuses, l’œil est en quelque sorte une extension du cerveau. Les chercheurs d’Optina ont fait le pari de détecter sur la rétine la présence de cette protéine.

Comment ? Ils ont mis au point une caméra hyperspectrale, à laquelle ils ont associé un programme d’analyse de données.

Plutôt qu’à 3000 ou 4000 $, l’intervention se chiffrerait à quelques centaines de dollars.

150 DÉCLICS

En à peine une seconde et demie, la caméra enregistre en rafale quelque 150 images de la rétine, chacune éclairée par une lumière d’une longueur déterminée.

Ces longueurs d’onde s’étagent entre 450 et 900 nanomètres.

Un peu à la manière de diapositives qu’on empilerait, ces images qui progressent en longueur d’onde sont superposées pour former un cube dit « hyperspectral ».

« C’est dans ce cube 3D qu’on cherche l’information reliée aux maladies », indique David Lapointe.

L’entreprise a conçu un programme qui corrige, calibre et analyse ces images pour repérer la signature de la protéine amyloïde.

MISE AU POINT

La technologie a été testée auprès d’une quinzaine de patients « et les résultats pointent dans la bonne direction », indique David Lapointe.

D’ici l’été, une centaine d’autres tests devraient suffire à « établir les spécifications du test diagnostic ».

« Et après ça, c’est du financement ! »

REGARD SUR L’AVENIR

Pour l’instant, Optina fabrique elle-même ses systèmes de caméras hyperspectrales, dont elle a vendu quelques exemplaires à des établissements de recherche. Mais l’entreprise, qui ne désire pas commercialiser sa technologie, prévoit plutôt la céder aux entreprises spécialisées en optique médicale. « Ultimement, ce qu’on veut devenir, c’est une compagnie de diagnostic », décrit David Lapointe.

Entre-temps, l’entreprise a lancé un protocole de recherche pour la détection de l’artériosclérose. « De la même façon que vous avez des nerfs dans la rétine pour l’alzheimer, dit-il, vous avez des artères dans la rétine pour l’artériosclérose. »

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