« VIADUCS » ET TUNNELS
La Ville corrigera les dangers pour les cyclistes
Les principaux dangers auxquels les cyclistes font face lorsqu’ils roulent sous un pont d’étagement (viaduc) de Montréal seront corrigés. En plus d’ajouter des bandes cyclables, la Ville s’attaquera aux puisards autour desquels les nids-de-poule prolifèrent et améliorera de l’éclairage pour éviter l’effet de trou noir.
Deux ans après l’accident qui a coûté la vie à la cycliste Mathilde Blais, la Ville de Montréal a annoncé hier une série de mesures permanentes qui seront mises en œuvre pour éviter de tels drames. Déjà depuis cette mort tragique, la Ville avait permis aux cyclistes de rouler sur le trottoir à 57 endroits, mais les nouvelles mesures vont beaucoup plus loin.
Les fonctionnaires ont ainsi préparé quatre aménagements différents pour sécuriser ce qu’ils appellent les « passages inférieurs », soit quand une route passe sous une infrastructure. Sur 188 passages inférieurs existants, 93 seront corrigés, les autres ayant été jugés sécuritaires.
Au-delà de l’ajout de bandes cyclables et de zones tampons là où c’est possible, Montréal s’attaquera tout particulièrement aux puisards qui bordent les chaussées. « Un des éléments les plus difficiles pour les vélos, ce sont les fameux puisards », a indiqué un fonctionnaire.
Les nids-de-poule y apparaissent en effet plus fréquemment, forçant les cyclistes à bifurquer soudainement pour les éviter. Afin de corriger la situation, la Ville prévoit une réfection des puisards et s’engage à mieux les entretenir à l’avenir pour éviter l’apparition de nids-de-poule.
Mais dans le passage de la rue Saint-Denis, Montréal prend les grands moyens : les dix puisards présents dans le passage inférieur seront carrément déplacés. Plutôt que se trouver à l’extrême droite de la chaussée – donc là où circulent les vélos –, ils seront placés à la gauche de la chaussée. Mais pour ce faire, l’inclinaison de la chaussée devra être revue pour que l’écoulement des eaux soit adéquat.
Vélo Québec voit d’un très bon œil l’attention portée aux puisards. Sa présidente, Suzanne Lareau, conçoit toutefois qu’il ne sera pas possible d’appliquer cette solution à tous les passages inférieurs.
« C’est une idée géniale. Mais encore là, déplacer un puisard, ça n’a l’air de rien, mais c’est extrêmement compliqué. »
— Suzanne Lareau, présidente de Vélo Québec
Les puisards ont été impliqués dans au moins un accident grave à Montréal. Juliet Wilson Davies est devenue paraplégique en 2007 après qu’une de ses roues s’est coincée dans une telle grille. Dans le cas de la mort de Mathilde Blais, le coroner n’avait pu déterminer si elle avait été percutée parce que le camion-remorque avait fait une manœuvre vers la cycliste ou si cette dernière s’était déportée sur sa gauche pour éviter un obstacle sur son chemin.
Montréal compte également améliorer l’éclairage dans les passages inférieurs en misant sur les DEL. La Ville espère ainsi arriver à éliminer l’effet de trou noir qui survient lorsque les automobilistes s’engouffrent dans un passage inférieur.
La métropole mène actuellement un projet pilote dans la rue Saint-Denis, où quatre appareils ont été installés en mars dernier pour tester leur efficacité. Une fois un modèle choisi, il servirait à refaire l’éclairage de 133 passages inférieurs.
Montréal attend un avis du directeur de la santé publique sur l’innocuité de l’éclairage DEL.
Suzanne Lareau félicite Montréal d’avoir pris ses responsabilités à la suite de la mort tragique de Mathilde Blais. Elle déplore toutefois que le gouvernement du Québec n’en ait pas fait autant, sa réforme du Code de la sécurité routière n’ayant toujours pas été présentée.
Des mesures insuffisantes pour l’opposition
Les mesures mises de l’avant par Montréal pour sécuriser les passages inférieurs « n’auraient pas permis d’éviter la mort de Mathilde Blais », dénonce l’opposition à l’hôtel de ville. Projet Montréal estime que les solutions mises de l’avant sont insuffisantes parce qu’elles ne donnent pas suffisamment de place aux cyclistes. Plutôt que de simples bandes cyclables, l’opposition espérait voir Montréal miser sur des pistes en site propre, comme celle aménagée sous le viaduc Saint-Laurent où les cyclistes sont protégés par un muret. « On expose officiellement les cyclistes et les piétons à des conflits ou à des collisions, de crainte de retirer de la capacité routière », déplore la conseillère Marianne Giguère.
— Pierre-André Normandin,