ACCIDENTS POIDS LOURDS-VÉLOS

La solution est sur les bus scolaires

Recommandations et études se sont succédé ces dernières années pour trouver une parade aux accidents mortels impliquant des poids lourds et des cyclistes en milieu urbain. L’une d’elles pourrait aboutir au Québec à l’utilisation pure et simple de miroirs semblables à ceux des autobus scolaires, a appris La Presse.

LA SOLUTION…

Lorsqu’il y a collision, les piétons et les cyclistes sont le plus souvent heurtés par un véhicule lourd lorsque ceux-ci traversent devant le véhicule qui est à l’arrêt ou lorsque le poids lourd effectue un virage sur sa droite. « Si le conducteur ne cède pas la priorité au piéton, c’est que généralement, il ne l’a pas vu. Les zones problématiques sont à l’avant et à droite de la cabine du véhicule », fait remarquer Sébastien Bédard, ingénieur au Service de la normalisation technique à la Direction du transport routier des marchandises du ministère des Transports (MTQ).

Pour remédier à cette absence de visibilité à l’avant et à droite d’un camion, une équipe de chercheurs de Polytechnique Montréal a proposé d’avoir recours au même type de miroirs que ceux installés sur les autobus scolaires.

« En ajoutant des miroirs dits “antéviseurs”, c’est-à-dire pour voir à l’avant, on voit l’avant et la droite de la cabine », explique Sébastien Bédard. De forme ronde ou elliptique, le miroir de gauche sert à voir devant la cabine, celui de droite permet de voir à droite de la cabine.

« Comme sur un autobus scolaire, les miroirs sont placés au bout du capot et permettent de voir toute la partie avant du véhicule. La seule différence entre les miroirs de gauche et de droite, c’est l’orientation, un peu plus vers l’extérieur pour celui de droite », précise l’ingénieur du MTQ.

… À VÉRIFIER DANS LA PRATIQUE

Cette proposition doit cependant être expérimentée dans les rues de Montréal au quotidien. Testée dans un entrepôt sur des véhicules statiques puis sous différentes conditions météo simulées, elle a convaincu Polytechnique, le MTQ et la Ville de Montréal. Mais les 16 véhicules essayés cet hiver et le printemps prochain, équipés de quatre marques et modèles de miroirs différents, doivent permettre de constater si ces miroirs peuvent être installés sur plusieurs types de véhicules, si plusieurs modèles de miroirs sont appropriés et si cela va convenir aux chauffeurs de véhicules lourds. Un rapport final devrait être remis dans six mois à l’issue de plus de deux ans et demi de démarches.

PAS DE LÉGISLATION

Si cette solution est définitivement approuvée, elle ne fera pas pour autant l’objet d’une loi. Le MTQ a l’intention, curieusement, d’élaborer « un guide de bonnes pratiques » pour utiliser ce type de miroirs.

« Une loi ou un règlement nécessite un guide de toute façon. Il y a des législations dans le monde qui obligent à avoir des miroirs, mais il faut qu’elles s’appliquent à tout le monde. Ça devient plus complexe sans être impossible. On a privilégié le guide parce que ce serait plus simple, plus rapide et plus pratique [à implanter]. Et ça n’empêche pas de faire une loi plus tard », justifie Sébastien Bédard.

Le Ministère semble vouloir privilégier le volontariat plutôt que la loi. Québec ne veut pas et ne peut pas s’adresser aux constructeurs de véhicules. « Ici, on travaille sur le parc de véhicules lourds existant. Il faut trouver une solution à faible coût pouvant modifier les véhicules existants pour améliorer la visibilité », dit M. Bédard.

Avant d’ajouter : « Il y a actuellement beaucoup de développement technologique basé sur des caméras de détection. Imposer une loi sur des miroirs serait miner ces développements. On veut laisser la place au développement technologique. »

Québec espère être en mesure de fournir aux chauffeurs l’outil qui améliorera leur capacité à détecter les piétons et cyclistes autour de leur véhicule.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.