Un gars, une passion

Trouver une étoile dans un rocher

Jean-Pierre Lefebvre

76 ans

Passion :

la minéralogie

Montréal

Le Club de minéralogie de Montréal a certes connu des années plus actives, mais les gens qui y travaillent continuent de le faire avec engagement et détermination. Le président sortant Jean-Pierre Lefebvre croit dur comme pierre à la raison d’être de son organisation puisque c’est grâce à elle que, pendant plus de 30 ans, il a pu faire apparaître des trésors cachés dans le roc. Il nous parle de sa passion pour la minéralogie.

C’est au début des années 80 qu’il découvre par hasard le Club de minéralogie de Montréal. « En arrivant, la première chose que je vois, c’est la dolomite dans la vitrine. J’étais tellement impressionné. Quelques jours plus tard, on m’invite à une excursion dans une carrière, on me prête les outils et je rejoins le groupe. On descend à pied dans la carrière et, en route vers le fond, on me demande de frapper sur une roche avec une masse. La roche s’ouvre et j’y trouve une calcite beige pâle, un quartz fumé et de la dolomite rose. J’avais l’impression d’avoir trouvé la pierre philosophale ! », raconte avec une énergie captivante Jean-Pierre Lefebvre. C’est à partir de ce moment qu’il s’est mis à collectionner les minéraux.

DE PARTOUT DANS LE MONDE

À cette même époque, il était professeur agrégé à HEC Montréal. « Deux fois par année, je me retrouvais à enseigner quelque part dans le monde, particulièrement en Afrique, mais partout ailleurs aussi, sauf les États-Unis. » Jean-Pierre Lefebvre profitait des week-ends pour aller faire des excursions dans les carrières locales. Comme cette fois où, pour 10 $ par jour, un ancien mineur tunisien l’a emmené au fond d’une mine de fluorite. Ensemble, ils longeaient les couloirs à la recherche de minéraux. Sous terre, Jean-Pierre Lefebvre était ébloui par la beauté d’un environnement qui se dévoilait sous les faisceaux de la lampe de poche.

« À la blague, mes collègues répétaient qu’il ne fallait pas partir en voyage avec moi parce que je revenais toujours avec plein de minéraux, explique-t-il. Comme le poids de mes valises dépassait toujours la limite permise, je demandais à mes amis d’en prendre dans leurs bagages. On en rit, mais j’ai bâti une grande partie de ma collection avec ça. » Aujourd’hui, faute d’espace, une grande partie de sa collection a été liquidée sous forme de don à des musées québécois.

LA QUÊTE DE LA PLUS BELLE PIERRE

Si Jean-Pierre Lefebvre s’intéresse tant à la minéralogie, c’est pour plusieurs raisons.

« C’est fascinant, tu vas dans n’importe quelle carrière, tu vois le gris, tu vois la roche, c’est énorme, c’est colossal. »

— Jean-Pierre Lefebvre

« Si tu te mets à frapper ici ou là, tu trouves une pièce. Qui a fait ça ? Comment ça s’est fait ? Comment on appelle ça ? C’est à toi, c’est toi qui l’as trouvé. Je reste ébahi par la splendeur de ce que la Terre peut nous donner. »

Des excursions, il a dû arrêter d’en faire. « Je me connais, j’oublie l’âge que j’ai. En excursion, c’est une pulsion difficile à décrire qui fait que tu te mets en danger. C’est déplacer des roches trop lourdes, trop marcher, trop forcer. Et le corps envoie des signaux. »

Faire des salons, donner des cours, écrire des articles, bâtir des ateliers, monter des vitrines, partir en excursion, collectionner, c’est une implication totale pour M. Lefebvre. « J’ai l’impression d’avoir fait quelque chose d’utile tout en suivant ma passion. Raconter, ça me donne des frissons, ça me rappelle tellement de souvenirs », confie-t-il en résumant sa passion à une longue succession d’aventures qui l’a mené aux quatre coins du monde, de l’Afrique à la Chine en passant par l’Amérique du Sud et les quelques carrières qui ceinturent Montréal.

TOUJOURS À LA TÊTE DU CLUB

Le Club de minéralogie de Montréal vit une période de grands bouleversements. Il doit déménager et il est extrêmement difficile de trouver un autre local. C’est une mission complexe pour le président sortant qui tient à rester aux commandes du navire. « Je dois rester ici encore un peu, poursuivre mon implication et aider le Club dans son déménagement. Ensuite, il faudra essayer de rebâtir tout ça et seulement là, je pourrai passer le flambeau. On trouvera une solution », assure Jean-Pierre Lefebvre.

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