Attentat en France

Le suspect a envoyé une photo de lui à un numéro canadien

Le principal suspect dans l’affaire de la décapitation d’un patron d’usine de produits chimiques du sud-est de la France s’est pris en photo avec la tête de sa victime et a envoyé l’image à un numéro de téléphone canadien à l’aide de l’application WhatsApp, ont révélé les autorités françaises, hier.

Les autorités tentent de confirmer l’identité du destinataire, mais elles n’étaient pas en mesure de corroborer les informations de certains médias selon lesquelles la photo aurait été envoyée à une personne non identifiée qui se trouverait aujourd’hui en Syrie. C’est, du moins, ce qu’auraient indiqué des responsables sous le couvert de l’anonymat.

Un représentant de la sécurité a précisé que l’égoportrait avait été envoyé au moyen de l’application WhatsApp, système de messagerie instantanée appartenant à Facebook, vers un numéro de téléphone au Canada.

COLLABORATION DU CANADA

L’annonce a évidemment eu des impacts au Canada et au Québec, où une trentaine de jeunes ont tenté, depuis 2013, de quitter le pays pour rallier des organisations terroristes installées pour la plupart au Moyen-Orient.

Le porte-parole du ministre de la Sécurité publique du Canada Steven Blaney a indiqué à La Presse Canadienne que le Canada était impliqué dans l’enquête française. Jean-Christophe de Le Rue a confirmé que les autorités canadiennes « [assistaient] les autorités françaises dans leur enquête », sans fournir plus de détails.

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) n’a pas répondu aux demandes d’entrevue.

Au début du mois, la GRC a mené des perquisitions antiterroristes dans des établissements scolaires, notamment au Collège de Maisonneuve à Montréal, qu’avaient fréquenté quelques-uns des Québécois qui ont fui ou tenté de fuir le pays pour mener le djihad. 

À la mi-mai, c’est également la GRC qui a intercepté, à l’aéroport de Montréal, une dizaine de jeunes qui semblaient déterminés à quitter le pays pour aller grossir les rangs de groupes djihadistes à l’étranger. 

Le principal suspect de l’attentat survenu dans une usine de l’Isère est Yassin Salhi. L’homme de 35 ans, qui a déjà eu des liens avec l’islam radical, de même que sa femme et sa sœur, étaient toujours détenus hier à Lyon, au lendemain de l’attaque lors de laquelle il aurait précipité un camion dans un entrepôt de produits chimiques et accroché la tête décapitée de son patron sur une clôture de l’usine, selon les autorités.

AUCUNE REVENDICATION

Aucun groupe n’a revendiqué jusqu’à maintenant l’attaque à Saint-Quentin-Fallavier, en Isère. La décapitation semble faire écho aux pratiques du groupe armé État islamique, qui décapite ses prisonniers et expose les têtes à la vue de tous, et survient quelques jours après que des extrémistes eurent appelé à mener des attaques pendant le ramadan, mois sacré des musulmans.

Plus tôt hier, la porte-parole du procureur de Paris, Agnès Thibault-Lecuivre, avait indiqué que le suspect refusait de parler aux enquêteurs. Elle a aussi annoncé qu’un quatrième suspect arrêté après l’attaque avait été libéré sans accusation.

Les enquêteurs n’ont pas encore été en mesure de déterminer le motif de l’attaque ni de mettre au jour de possibles liens avec le djihadisme international, a précisé Mme Thibault-Lecuivre. En vertu des lois antiterroristes françaises, Yassin Salhi et les deux femmes ne peuvent être détenus pendant plus de quatre jours si aucune accusation préliminaire n’est déposée.

Par ailleurs, des centaines de personnes ont afflué hier en Isère pour rendre hommage à Hervé Cornara, le chef d’entreprise qui employait Yassin Salhi depuis le mois de mars, et dénoncer la violence. Des dizaines de personnes ont participé à une minute de silence à Saint-Quentin-Fallavier. D’autres se sont présentées dans un quartier résidentiel de Fontaines-sur-Saône, en banlieue de Lyon, pour saluer la mémoire de M. Cornara.

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