États financiers de Montréal

Surplus de 139 millions et investissements records dans les infrastructures

La Ville de Montréal a rendu publics hier ses états financiers pour l’année 2016, qui comportent un surplus de 139,1 millions de dollars. Malgré son importance, ce montant représente 2,8 % des revenus globaux de Montréal (ville centre, arrondissements et conseil d’agglomération). En voici un tour d’horizon.

Un surplus obligé

Comme toutes les villes et municipalités du Québec, la Ville de Montréal ne peut faire de déficit. Ainsi, année après année, elle publie dans son rapport annuel un surplus. En 2016, il s’établissait à 165,4 millions, soit l’excédent généré par la ville centre (106,9 millions) et les 19 arrondissements (58,5 millions). Mais de cette somme, il a fallu retrancher 26,3 millions correspondant au déficit provenant du Conseil d’agglomération, soit au total 139,1 millions. Une augmentation de 40,5 millions des revenus ainsi que des économies de 69 millions dans les dépenses sont à l’origine de ce surplus, explique-t-on à la Ville.

Taxes omniprésentes

Les taxes foncières payées par les contribuables montréalais demeurent le principal revenu de Montréal ; elles représentent 68 % de tous les revenus de la Ville. En 2016, les taxes ont généré 3,3 milliards, soit 13,6 millions de plus que ce qui avait été prévu au budget. Pour le président du comité exécutif de la Ville, Pierre Desrochers, la hausse des revenus de taxes laisse voir « un marché immobilier très actif et un taux de chômage très bas à 9,5 % ». Ce sont les immeubles non résidentiels, dont plusieurs grands projets, qui sont à l’origine d’une assiette fiscale plus élevée que prévu.

Un fardeau trop lourd

La chef de Projet Montréal et conseillère municipale Valérie Plante dénonce « la pression » exercée sur les Montréalais (taxes foncières et droits de mutation en hausse de 43,6 millions). « Le fardeau fiscal demeure entièrement sur les épaules des contribuables et ça tend même à augmenter. À l’inverse, les transferts provenant du gouvernement du Québec diminuent », a-t-elle noté. Mme Plante a également montré du doigt le financement gouvernemental en matière d’habitation, car la contribution a diminué de près de 12 millions. « C’est une préoccupation à Projet Montréal surtout pour soutenir les citoyens et les familles à demeurer à Montréal », a ajouté Mme Plante.

Constats d’infraction en baisse

D’autres sources de revenus sont en baisse. C’est notamment le cas des constats d’infraction délivrés par les policiers et les agents de stationnement, en baisse de 18,8 millions par rapport à 2015. La surveillance policière aux abords des très nombreux chantiers routiers pourrait expliquer cette situation, selon Pierre Desrochers. Ironiquement, c’est ce travail qui a entraîné une augmentation de 10,2 millions de la rémunération des policiers. M. Desrochers est actuellement en discussion avec la Fraternité des policiers sur la possibilité de recourir à des civils pour faire ce travail, ce qui n’est pas chose faite.

Investissements records

La Ville de Montréal a connu une année record en 2016 au chapitre des investissements effectués dans les infrastructures, soit 1,2 milliard, en hausse de 25 % par rapport à l’année précédente. Depuis l’entrée en vigueur du Programme montréalais d’immobilisation (PMI) pour la période 2015-2024, la valeur des réalisations a augmenté de 59 % sur trois ans. Ce sont principalement les infrastructures souterraines qui ont obtenu la part du lion, en progression de 42 %. « Les résultats d’aujourd’hui sont le reflet de notre engagement à augmenter la proportion des investissements réalisés », a souligné M. Desrochers.

Hausse du poids de la dette

Le paiement de la dette de Montréal accapare 17 % des revenus de la Ville. Mais selon Pierre Desrochers, il n’y a pas lieu de s’inquiéter, car la dette est maîtrisée. Le poids de la dette par citoyen est toutefois en augmentation depuis 2001 : elle est passée de 2511 à 2676 $. M. Desrochers a rappelé que le niveau d’endettement était intimement lié aux investissements à long terme (immobilisations), que la Ville a décidé d’accélérer. « Il fallait faire un effort considérable. […] Il y a présentement un besoin criant d’investissements », a-t-il souligné.

Périmètre comptable

Les états financiers de Montréal ne concernent pas les organismes qui relèvent de la Ville. Ainsi, la Société de transport de Montréal (STM), la Société d’habitation et de développement de Montréal (SHDM), le Technoparc, la Société du parc Jean-Drapeau, le Conseil des arts de Montréal, le Conseil interculturel de Montréal, l’Office de consultation publique de Montréal, Anjou 80, la Société en commandite Stationnement de Montréal, le Bureau de taxi et BIXI Montréal ne font pas partie du périmètre comptable de la Ville. Montréal finance toutefois ces organismes, dont la STM à hauteur de 432,9 millions en 2016 (en hausse de 14,4 millions par rapport à 2015).

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