Sécurité routière

danger et confusion

À la suite d’un appel aux usagers, La Presse a recensé 10 voies cyclables de la métropole dont la configuration est particulièrement douteuse. En voici un survol, réalisé avec la contribution de cyclistes montréalais et de Suzanne Lareau, présidente-directrice générale de Vélo Québec.

Avenue Duluth/rue Saint-Urbain

Les cyclistes qui s’engagent à contresens sur l’avenue Duluth vers l’ouest après le croisement avec la rue Saint-Urbain se voient dirigés face à des espaces de stationnement. Cet espace cycliste a été tout récemment ajouté. Cela peut sembler absurde, voire dangereux, mais d’après Suzanne Lareau, c’est plutôt pour la sécurité des cyclistes que cette bande a été tracée. « On s’assure qu’il n’y a pas de voiture stationnée, pour que les cyclistes puissent s’engager tranquillement dans la rue par la bande et ensuite côtoyer les voitures à contresens. » Renaud Avard, un usager du réseau cyclable, ne voit pas la chose du même œil. « J’ai écrit à la Ville la semaine dernière pour dire que, selon moi, avec l’étroitesse du sens unique à l’envers, […] c’est dangereux », nous a-t-il écrit.

Rue Molson/rue Rachel

Les indications des feux de circulation créent de la confusion et mettent en péril la sécurité des cyclistes à cette intersection. On enjoint à ceux-ci d’avancer tout droit au même moment où l’autorisation de tourner à gauche est accordée aux automobilistes arrivant de l’ouest. « J’expliquais à mon ami que c’était dangereux et cinq minutes plus tard, j’ai vu deux cyclistes passer proche de se faire frapper », révèle Mathieu Asselin dans un courriel envoyé à La Presse. « Ici, il faudrait vraiment qu’il y ait un feu cycliste », acquiesce Mme Lareau. L’on saurait ainsi clairement qui obtient la priorité de passage.

Boulevard LaSalle/ rue Henri-Duhamel

La chaussée désignée pour les cyclistes est tracée en plein centre de la rue, sur la voie automobile. « Je ne sais jamais où me placer », commente l’usagère Amélie Sénécal. Aucune section n’est vraiment réservée aux citoyens à vélo, qui doivent s’engager sur la route en même temps que les voitures, sans aucune bande délimitant leur voie. « Les chaussées désignées sont là pour inviter les cyclistes à prendre une route qui n’est pas très achalandée. C’est adéquat seulement quand il s’agit d’un chemin tranquille », ajoute Suzanne Lareau.

Rue de Bellechasse/ boulevard Saint-Laurent

Les utilisateurs de la bande cyclable sur le boulevard Saint-Laurent en provenance du sud et voulant s’engager à droite ne savent pas tous à quel feu de circulation se fier pour éviter les accrochages avec les piétons et les automobilistes. « Il n’y a aucune ligne directrice claire et des quasi-accidents chaque matin à l’heure de pointe », déplore par courriel Stephan Kellner, un usager de cette route. Suzanne Lareau estime toutefois que le coin n’est pas vraiment problématique. « C’est sûr qu’il y a beaucoup de circulation, il faut être attentif, mais après les premières fois, ça se fait bien », nuance-t-elle.

Transitions entre l’avenue Sainte-Croix et la rue de Lucerne

La circulation est très dense mais bien qu’il y ait un tronçon de bande cyclable de quelques mètres sous la route Transcanadienne, aucun espace n’est réservé aux cyclistes avant, sur l’avenue Sainte-Croix. « C’est un coin névralgique où on n’a pas pensé aux cyclistes, note Suzanne Lareau. C’est très mal fait et ça roule très vite ici. » Elle ajoute qu’il faudrait faire en sorte qu’un cycliste arrivant de n’importe quel côté puisse rejoindre la piste au sud, mais que cette zone est un « nœud » entre des voies cyclables où l’aménagement est très dangereux. Plusieurs cyclistes utilisent donc le trottoir, mais doivent ensuite s’engager sur la chaussée souvent encombrée afin de rejoindre la piste cyclable vers la rue de Lucerne.

Boulevard Alexis-Nihon direction nord/chemin de la Côte-Vertu

La bande cyclable n’est pas assez visible pour les conducteurs arrivant du chemin de la Côte-Vertu qui s’engagent à droite sur le boulevard Alexis-Nihon. « La position des chevrons est étonnante pour les automobilistes qui ne les voient pas au beau milieu de la chaussée », reproche Sylvain Bossé, un cycliste qui nous a écrit un courriel. Un obstacle a cependant été installé au début du tronçon pour éviter que les voitures n’empiètent sur la zone réservée aux cyclistes. « Il n’est pas bien gros, mais bien que ce soit étroit et un peu à la dernière minute, ce n’est pas la voie cyclable la moins sécuritaire », relativise Mme Lareau.

Rue de la Commune/rue Berri

Il n’y a aucune indication au sol signalant que cette route est une piste cyclable avant une centaine de mètres. Les tracés qui la délimitent sont aussi de moins en moins visibles. De très nombreux piétons s’engagent donc sur la voie comme s’il s’agissait d’un trottoir. « C’est épouvantable, c’est un coin complètement absurde et ça fait 25 ans que c’est comme ça », dit Suzanne Lareau. Lors des travaux du 350e anniversaire de la ville, la voie cyclable avait été effacée. Depuis, rien n’a été fait pour la rebâtir. La Ville a lancé un projet de mise à niveau pour cette piste dans sa programmation de voies cyclables 2017-2018. « Je ne sais pas comment ils vont la refaire, parce que ça a été reconçu comme si c’était fait exprès pour que les cyclistes ne puissent pas circuler », conclut Mme Lareau.

Boulevard Gouin Est/52e Avenue

La piste du boulevard Gouin est une des plus vieilles routes cyclables de la ville. Dans cette section, le tracé de l’accotement asphalté est très étroit et n’est pas droit. « C’est une piste complètement désuète et elle l’était déjà quand elle a été construite au début des années 80 », estime Suzanne Lareau, qui pense qu’il faudrait la rebâtir dans son entièreté. Les cyclistes rencontrent également des poteaux électriques faisant obstacle à plusieurs reprises sur la piste. « Il y a assez de signalisation, mais il y a beaucoup de bouts de route à refaire ici », commente Carla Estrada, cycliste qui emprunte ce chemin très souvent l’été.

Rue du Marché-Central

L’accotement asphalté dans la rue du Marché-Central n’est assez large que pour un cycliste, mais les chevrons indiquent une double voie. Bien qu’il n’y ait pas un achalandage important dans cette zone, cette contradiction illustre certains problèmes dans la conception des aménagements. Suzanne Lareau considère que cette bande est une bonne initiative pour que les cyclistes puissent circuler à contresens, mais que le travail a été bâclé. « Ils ont mis une petite affaire trop étroite et ça a été ça. » Guillaume Larocque se déplace à vélo depuis plusieurs années et décrit la voie cyclable du Marché central très simplement : « C’est du n’importe quoi. » Il ajoute que « trop souvent, il y a juste des dessins de vélos peints à terre et on dit que c’est une piste cyclable. Ce n’est carrément pas sécuritaire ».

Avenue Pierre-De Coubertin

Des bollards sont installés tout le long des bandes cyclables sur l’avenue Pierre-De Coubertin. Ils séparent les cyclistes des quelques voitures autorisées à se garer dans cette zone, mais il n’y en a pas de l’autre côté, pour séparer les vélos de la circulation. « Ça n’a pas de sens que les bollards soient là pour séparer la voie de stationnement des voitures et la bande cyclable. Je n’y comprends rien, c’est vraiment étrange », s’étonne Suzanne Lareau, présidente-directrice générale de Vélo Québec.

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