Sécurité routière

Le réseau est-il sûr ?

Le Grand Montréal est quadrillé par 1770 km de voies cyclables, dont 112 km ont été créés depuis 2015 dans l’île de Montréal seulement. Si on en croit l’élu responsable du dossier vélo, Marc-André Gadoury, « c’est sécuritaire de faire du vélo à Montréal ». Suzanne Lareau, de Vélo Québec, est plus nuancée.

Suzanne Lareau

« Il y a pas mal d’effort à faire »

La présidente-directrice générale de l’organisme Vélo Québec, Suzanne Lareau, reconnaît que le réseau cyclable montréalais s’est perfectionné d’année en année. Elle estime néanmoins que la Ville doit redoubler d’efforts en matière d’aménagements.

Les premières voies cyclables à Montréal ont été inaugurées dans les années 70 et le réseau s’est développé de plus en plus à partir de 1985. Certaines pistes de la métropole n’ont pas été retouchées depuis et se dégradent au fil des années. « La partie très vieillissante du réseau a beaucoup plus de problèmes », remarque Mme Lareau. D’après elle, beaucoup de voies doivent être restaurées, d’autres complètement refaites.

« Il faut que la Ville développe de nouveaux aménagements, mais aussi qu’elle s’occupe de la partie vieillissante. »

Bien d’autres infrastructures ont été ajoutées depuis. Plusieurs sont parfaitement adaptées à la montée de popularité du vélo, mais les aménagements cyclables montréalais sont loin d’être parfaits. « Ce n’est pas tout bien ou tout mal, mais il y a pas mal d’effort à faire. »

D’après le rapport sur l’état du vélo au Québec de 2015, 4,2 millions de Québécois faisaient de la bicyclette cette année-là, dont près de 3 millions l’utilisant chaque semaine. L’étude, réalisée tous les cinq ans par Vélo Québec, annonce une croissance persistante de l’utilisation de ce mode de transport.

L’intention des élus de faire de Montréal une ville cyclable des plus sûres semble là. « Il y a une véritable volonté de la part de la Ville. Chaque année ça s’améliore, il y a du bon travail qui est fait », avance Suzanne Lareau, qui note cependant que plusieurs problématiques ne sont pas abordées.

Ces trois dernières années, 49 km de voie, soit près de 45 % des aménagements édifiés par la Ville, ont été des chaussées désignées, ces rues peu fréquentées marquées comme voies cyclables. « C’est moins intéressant, observe Suzanne Lareau. Je m’attends à ce que la Ville travaille plus sur des aménagements protégés de la circulation. »

La cycliste et PDG de Vélo Québec pointe particulièrement en direction du centre-ville de Montréal lorsqu’elle énumère les problématiques à résoudre sur le réseau cyclable. « On n’a pas fait beaucoup d’aménagements structurants et ça nous en prend plus. C’est encombré de voitures, il y a énormément de piétons », décrit-elle. Selon Suzanne Lareau, pour que Montréal se démarque par son réseau cyclable, il faudra encore beaucoup de travail. « Sans les bons aménagements, sécuritaires et efficaces, on n’y arrivera pas. »

Marc-André Gadoury

« Une bonne vitesse de croisière »

« La Ville de Montréal ne fait pas d’aménagements qui mettraient la sécurité des cyclistes à risque », martèle Marc-André Gadoury. Selon le président du comité consultatif sur le vélo, des efforts considérables sont mis en œuvre pour améliorer le réseau cyclable montréalais. « Il y a un travail systématique qui est fait, on a atteint une bonne vitesse de croisière. »

En ce qui concerne les vieilles voies cyclables détériorées et inadaptées, M. Gadoury rétorque qu’un projet a été lancé cette année pour évaluer l’état des pistes. « On réalise une auscultation spécifique des routes cyclistes qui va nous permettre de prendre les mesures adaptées. » L’élu ajoute que dans son programme de réalisation des voies cyclables 2017-2018, la Ville prévoit « neuf projets de mise aux normes selon l’évaluation de chacun des kilomètres des voies cyclables », comptabilisant environ 10 km.

Pour les nouveaux aménagements, la Ville ne compte pas accélérer les travaux.

« On a un objectif de 50 km de voie cyclable ajoutés par année et on pense que c’est le bon. »

Marc-André Gadour estime que le réseau se développe présentement à une bonne vitesse.

En outre, le conseiller municipal soulève le fait que la « culture du vélo » dans la métropole évolue et que les mesures pour rendre accessible la route aux cyclistes se répandent.

Selon le rapport sur l’état du vélo au Québec de 2015, la pratique du vélo de plus en plus populaire globalement et notamment en ville. L’élu responsable du réseau cyclable reconnaît l’importance de s’adapter à une demande grandissante d’infrastructures, mais ne considère pas que le travail fait par la Ville soit inopérant, au contraire. « On prend différentes mesures selon les besoins et on s’adapte année après année », avance-t-il, ajoutant que la Ville prend soin de valider ses projets avec le comité vélo et plusieurs groupes, Vélo Québec entre autres.

Par ailleurs, la firme Copenhagenize inclut à tout coup Montréal dans son classement bisannuel des meilleures villes cyclables, depuis 2011. Le manque de sécurité des aménagements est toutefois noté. Même son de cloche du côté des cyclistes montréalais consultés ou de l’experte Suzanne Lareau, qui atteste que plusieurs pistes sont dangereuses et inadaptées.

Bien qu’elle soit la seule métropole nord-américaine au palmarès Copenhagenize, la ville a dégringolé de la huitième à la dernière place du top 20 et elle est encore loin d’atteindre le niveau de Copenhague ou d’Amsterdam.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.