Opinion Jeux olympiques

L’olympisme comme arme de revendication politique

Dans quelques jours débutera la plus grosse compétition sportive planétaire : les Jeux olympiques. Beaucoup de choses ont déjà été dites sur cet évènement, notamment des travaux d’infrastructure qui prennent du retard et des dépassements de coût. Cependant, les débats les plus importants concernent les problèmes de dopage en Russie et, dans ce contexte, la participation ou non des différents sportifs russes aux Jeux de Rio.

Rappelons tout d’abord que la fédération internationale d’athlétisme a interdit aux athlètes russes de participer à Rio. De plus, à la suite du dépôt du rapport MacLaren, qui a montré l’existence d’un programme de dopage étatique en Russie, chaque fédération internationale devra décider si elle autorise les sportifs russes à participer ou non aux Jeux.

La Fédération internationale de tennis a déjà tranché : elle autorisera les joueurs russes à participer. Celle de natation a pour sa part banni sept nageurs. En ce qui a trait aux autres fédérations, on ne connaît pas encore leur décision, et ce à quelques jours du commencement des épreuves.

La situation est donc pour le moins confuse et l’on risque fortement de se retrouver avec certaines fédérations qui banniront les sportifs russes, contrairement à d’autres qui autoriseront leur participation.

Ajoutons à cela que pour participer aux Jeux, les sportifs russes devront montrer qu’ils ne sont pas dopés (on se demande comment certains vont procéder puisque les échantillons d’urine ont été trafiqués) et qu’ils n’ont jamais eu de contrôle positif au cours de leur carrière.

Il est d’ailleurs intéressant de noter que cette demande est tout à fait discriminatoire puisque cette politique ne s’applique qu’aux sportifs russes alors que les Jeux olympiques compteront un certain nombre de participants ayant déjà été convaincu de dopage provenant d’autres pays (Yohan Blake, Justin Galtin, Alejandro Valverde, etc.). Ainsi, on se demande encore comment les différentes instances vont gérer cette situation et surtout la façon dont les athlètes concernés vont arriver à se préparer.

Les Jeux olympiques ont donc déjà franchi le terrain politique avant même le début des épreuves. Néanmoins, un autre élément concernant les liens entre sport et politique pourrait également émerger lors des épreuves. Il s’agit du sport comme lieu de résistance. Autrement dit, le sport n’est pas vu uniquement ici comme le reflet ou la conséquence d’inégalités sociales ou géopolitiques, mais aussi comme un terrain, une vitrine permettant de dénoncer certaines injustices sociales.

Nous avons tous en mémoire John Carlos et Tonnie Smith, têtes baissées, gants noirs et bras levés aux Jeux olympiques de Mexico pour dénoncer la condition des Noirs aux États-Unis. Depuis quelques semaines, à la suite du mouvement « Black Lives Matter », un certain nombre de sportifs ont commencé à prendre la parole.

Les basketteurs (Carmelo Anthony, LeBron James, Dwyane Wade et Chris Paul) ont dénoncé les violences à caractère raciste chez nos voisins du Sud. Plus récemment, certaines de leurs collègues féminines de la WNBA ont reçu une amende car elles ont porté un survêtement noir en hommage aux Noirs tués récemment.

Et si ces protestations se déroulaient aussi au Brésil ? Et si le politique s’amenait au Jeux olympiques non pas sous la forme d’enjeux géopolitiques, mais sous la forme de revendication politique ? Et si le sport pouvait, pour une fois, incarner le changement social ? Peut-être que cela doit passer par les athlètes et non pas par les institutions.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.