Hockey

Le cas Fleischmann

Les joueurs de hockey qui se sont retrouvés à l’hôpital pour soigner une thrombose veineuse profonde et surtout une embolie pulmonaire ont reçu le même discours alarmant.

« Le pire moment, se rappelle Tomas Fleischmann, c’est de m’être retrouvé couché à l’hôpital devant un médecin qui m’a dit que je n’allais peut-être plus jamais jouer au hockey. »

L’histoire de l’attaquant du Tricolore est typique des cas de problèmes vasculaires qu’on voit actuellement dans le hockey. En 2009, alors qu’il portait l’uniforme des Capitals de Washington, Fleischmann avait été atteint par une rondelle en toute fin de saison. Sa jambe s’était mise à enfler dans l’avion qui le ramenait en République tchèque, quelques jours plus tard.

« Je ne l’ai pas traitée comme il faut parce que je ne savais pas de quoi il s’agissait, explique l’ailier de 31 ans. Je ne faisais que reposer ma jambe. Or, plus un caillot reste longtemps dans notre corps, plus il est difficile de l’évacuer. »

Les médecins tchèques ont décelé un caillot sanguin dans son mollet gauche et ont découvert du même coup qu’un problème génétique le prédisposait à en avoir d’autres.

« Le docteur m’a dit qu’il ne savait pas comment mon corps réagirait aux coups auxquels sont exposés les joueurs de hockey parce que mon sang est plus épais que la normale. »

Malgré les craintes initiales, un traitement proposé par un spécialiste de Washington – qui suivait déjà un hockeyeur aux prises avec de tels ennuis – a permis à Fleischmann de continuer à jouer. Il a raté les premières semaines d’activité de la saison 2009-2010, mais tout est rentré dans l’ordre par la suite.

Du moins, c’est ce qu’il croyait.

En janvier 2011, après avoir inscrit 21 points à ses 22 premiers matchs avec l’Avalanche du Colorado, Fleischmann s’est plaint d’un souffle court et de douleurs à la poitrine. Des examens ont révélé la présence de caillots sanguins aux deux poumons – une belle grosse embolie pulmonaire.

DES INJECTIONS RÉGULIÈRES

Les caillots sont traités avec des agents anticoagulants qui permettent d’éclaircir le sang. On s’en sert autant pour prévenir la formation de caillots que pour aider à les dissoudre.

Or, un joueur ne peut pas jouer quand son système sanguin contient des anticoagulants actifs.

« Toute blessure que subit un joueur qui prend des anticoagulants comporte plus de risques d’être grave et de ne pas être bien combattue par l’organisme, explique le docteur Philip Wells de l’Université d’Ottawa. S’il subit un choc à la tête, il court un risque accru de faire une hémorragie cérébrale. S’il se coupe sur un patin, il va saigner bien davantage. »

Bref, c’est jouer avec une bombe à retardement.

Depuis cinq ans, donc depuis l’épisode au Colorado, Fleischmann suit un programme qui prévoit des injections régulières d’anticoagulants, mais dont les traces disparaissent au moment de sauter sur la glace.

« J’éclaircis mon sang après les entraînements ou encore après les matchs. Il faut juste que j’attende un certain nombre d’heures selon la dose que j’absorbe. Mon sang s’éclaircit durant la nuit et le jour, je fonctionne comme tout le monde. »

— Tomas Fleischmann

Tout est rentré dans l’ordre pour l’ailier du Tricolore, qui espère que ses ennuis sont derrière lui. Les Panthers de la Floride, puis le Canadien, lui ont fait signer des contrats en toute connaissance de cause.

Mais pour d’autres qui voulaient continuer de jouer, le prix à payer était élevé.

La carrière de Jed Ortmeyer dans la LNH a pris fin en 2012 à l’âge de 33 ans après deux saisons au Minnesota et trois épisodes thromboemboliques. « Les équipes pour lesquelles j’ai joué après avoir quitté New York étaient prêtes à me faire jouer, mais j’ai dû signer une lettre de renonciation, nous a précisé Ortmeyer. Si je mourais ou que j’étais forcé d’arrêter de jouer, l’équipe n’allait pas être tenue responsable.

« Bref, je jouais à mes propres risques. »

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