agriculture urbaine

Un pôle agroalimentaire sur le site d’Electrolux ?

Plus de cinq ans après la fermeture de l’usine Electrolux de L’Assomption, la Ville, en négociation avec la multinationale suédoise toujours propriétaire de l’emplacement, souhaite acquérir le terrain pour y implanter une zone destinée aux entreprises du secteur agricole et alimentaire. Le projet – qui doit, selon les prévisions, démarrer au printemps – représente des investissements privés de 220 millions et devrait créer 2600 emplois.

Imaginez une sorte de campus universitaire ou un parc industriel nouveau genre où s’implante un centre de recherches en agriculture, situé à côté d’un bâtiment dans lequel on fait de la pisciculture et qui abriterait sur son toit des serres où l’on fait pousser des tomates. C’est avec cette image que le maire de L’Assomption, Sébastien Nadeau, décrit la zone Agtech, un projet en développement depuis 2015.

Des entreprises comme Loop, connue pour ses jus produits avec des fruits et légumes imparfaits auparavant destinés à l’enfouissement, comptent parmi celles qui ont manifesté leur intérêt et qui jonglent avec l’idée de s’installer dans la zone Agtech, a confirmé à La Presse le fondateur de la société, David Côté. Pour sa part, Jean-Michel Vanier, directeur des finances des Fermes Lufa, spécialistes des tomates de serre, estime que ce projet « est une très bonne nouvelle ». Il ne cache pas que l’entreprise est intéressée par l’idée, mais ne sait pas encore pour le moment de quelle façon elle pourrait s’y impliquer.

De son côté, La Boîte maraîchère, reconnue pour faire pousser des légumes à l’intérieur de gros conteneurs recyclés, a la ferme intention d’élire domicile dans ce parc industriel nouveau genre. Au total, une dizaine d’entreprises ont fait part de leur intérêt.

Inauguration

Bien que la construction ne soit pas encore commencée, les représentants des villes de L’Assomption et de Repentigny ainsi que les initiateurs du projet procéderont jeudi soir à l’inauguration de la zone en présentant les différents services qui seront offerts aux entreprises : incubateurs, services-conseils, activités de développement et de financement.

« Pour l’implantation des entreprises, ça peut aller très rapidement », assure Marilou Cyr, directrice de la zone Agtech. En fait, les activités se dérouleront à deux emplacements différents. Le premier se situe dans le parc industriel de Le Gardeur et comprend 300 000 pieds carrés de terrains, dont 12 hectares mis à la disposition des chercheurs pour l’expérimentation des cultures, explique Sébastien Nadeau. Le second pôle sera à L’Assomption sur le terrain de l’ancienne usine (1,2 million de pieds carrés). Et une autre superficie de 800 000 pieds carrés située en pourtour pourrait être utilisée.

Mais le projet risque-t-il d’être compromis si Electrolux, qui a démoli l’usine en novembre 2019, refuse de vendre l’emplacement ? « J’ai confiance qu’on va trouver un terrain d’entente, répond le maire Nadeau. Les discussions sont très cordiales et respectueuses. » D’ici le mois de mars, l’entreprise suédoise devrait rendre une décision.

Zone Agtech

220 millions en investissements privés

2600 emplois

Une trentaine d’entreprises implantées sur place (usine, installations de recherche)

70 entreprises en incubation

Deux endroits : Le Gardeur et L’Assomption

Peu importe quelle sera la réponse d’Electrolux, « le projet va de l’avant », assure pour sa part Marilou Cyr, qui souligne que « d’autres pieds carrés » sont disponibles à Repentigny, notamment.

« Je pense que dès le printemps, il va y avoir déjà des projets qui vont démarrer, ajoute M. Nadeau. Il faut penser que la construction va se faire de façon graduelle. Mais il faut que mon plan de la zone soit complètement défini. »

Le projet, qui représente des investissements privés de 225 millions, sera notamment financé par les entreprises qui s’y installeront et les municipalités concernées. Sébastien Nadeau se dit convaincu que la zone Agtech sera victime de son succès. « On va avoir rapidement des défis de pieds carrés, soutient-il. Nous, ce qu’on veut, c’est que dans 25 ans, la MRC de L’Assomption soit reconnue dans la nouvelle agriculture comme étant la référence, comme la Food Valley aux Pays-Bas, comme la Silicon Valley en Californie. »

« Ça va être quoi, l’agriculture, dans 30 ans ? La mission de la zone Agtech, c’est de positionner le Québec dans cette nouvelle agriculture qui va correspondre à nos besoins et développer notre expertise. »

— Sébastien Nadeau, maire de L’Assomption

L’usine d’Electrolux

Rappelons que l’usine d’Electrolux à L’Assomption a cessé ses activités en juillet 2014, causant la perte de 1300 emplois. On avait plutôt misé sur Memphis, au Tennessee, où l’État avait allongé 188 millions US en subventions à Electrolux pour qu’elle y construise une nouvelle usine. Pourtant, six ans plus tard, celle-ci fermait aussi ses portes.

À L’Assomption, au cours des dernières années, l’avenir du terrain est demeuré méconnu, car la multinationale n’a proposé aucun plan de remplacement.

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