Éducation

Au tour des universités

Québec — Promise depuis le « printemps érable », la révision du financement des universités se concrétise en toute fin de mandat du gouvernement Couillard. Elles ont droit cette année à leur plus importante hausse budgétaire depuis la crise étudiante de 2012.

Québec augmente les subventions des universités de 6 %, soit près de 200 millions de dollars. Elles atteindront 3,5 milliards en 2018-2019, ce qui inclut le service de la dette (395 millions).

« La formule de financement des universités sera simplifiée et actualisée, selon les coûts de formation d’aujourd’hui », a annoncé le ministre des Finances, Carlos Leitão dans son budget déposé à l’Assemblée nationale hier. Les 18 établissements universitaires attendent depuis des années cette révision de leur formule de financement.

Les gouvernements Charest et Marois avaient tous deux promis un réinvestissement d’environ 1,7 milliard d’ici 2018-2019, afin de régler la crise étudiante. Cette promesse ne s’est jamais concrétisée.

Les subventions aux universités n’ont à peu près pas bougé de 2012 à 2016 (environ 2,8 milliards par année, sans le service de la dette). Par conséquent, il y a eu des compressions dans le réseau.

Le gouvernement Couillard lui donne de l’oxygène depuis 2017. Il calcule que « les investissements additionnels pour moderniser le financement des universités » atteignent 121 millions cette année et s’élèvera à 295 millions en 2022-2023. Le résultat des élections de l’automne pourrait toutefois modifier ce plan d’action.

Pour les 48 cégeps du Québec, la hausse budgétaire s’élève à 4,4 % ou 104 millions. Leur financement passera ainsi à 2,5 milliards de dollars, ce qui comprend le service de la dette. Québec injecte 32 millions d’argent frais, ce qui est quatre fois moindre que pour les universités.

Pour une rare fois, le taux de croissance des dépenses est plus élevé pour les établissements d’enseignement supérieur (5,8 %) que pour les écoles primaires et secondaires (4,5 %).

Embauches confirmées

Québec confirme l’embauche de 10 200 professionnels pour le réseau de l’éducation en cinq ans : 7700 pour le primaire et le secondaire, et 2500 pour les cégeps et les universités. Pour 2018-2019, on parle de 1700 embauches. Environ 2350 ont déjà été faites l’an dernier. Tous ces ajouts d’effectifs avaient été annoncés dans le précédent budget et lors de la mise à jour économique de l’automne dernier. Si l’on tient compte des embauches dans le milieu de l’éducation et de celles promises dans d’autres secteurs, dont celui de la santé, les effectifs de l’État augmenteront de 3,4 % au cours de la prochaine année (contre 1,9 % l’an dernier et 1 % l’année précédente).

Promesse tenue, vraiment ?

Le Parti libéral du Québec avait promis en campagne électorale « d’augmenter au rythme annuel de 3,5 % » les dépenses en éducation. Dans le budget Leitão, le gouvernement Couillard se targue d’atteindre son objectif. De 2016-2017 à 2018-2019, la croissance atteint 4,3 % en moyenne, « soit 0,8 point de pourcentage de plus que l’objectif initialement prévu », plaide-t-il. Il exclut toutefois de son calcul les deux premières années de son mandat. Le budget de l’éducation a augmenté d’à peine 1,2 % en 2014-2015 et a été à peu près gelé en 2015-2016. On arrive à une moyenne d’environ 3 % en tenant compte de ces deux années. Pour le gouvernement, il importe de considérer que ses marges de manœuvre étaient limitées en début de mandat, une période monopolisée par le retour à l’équilibre budgétaire.

Un plan d’action numérique

Le gouvernement Couillard promet près de 1 milliard de dollars en cinq ans pour mettre en œuvre un « plan d’action numérique en éducation et en enseignement supérieur ». On parle de 168 millions cette année. Ce plan prévoit non seulement des investissements dans les infrastructures informatiques, mais aussi une meilleure formation dans ce domaine. Québec envisage de rendre obligatoire un cours d’initiation à la programmation.

Réforme de la taxation scolaire

Comme prévu, Québec compensera le manque à gagner des commissions scolaires causé par la baisse du compte de taxes des contribuables fonciers. Pour 2018-2019, l’allègement fiscal représente 499 millions de dollars ; 700 millions par année par la suite. Le budget 2018-2019 prévoit que le gouvernement augmente ses transferts aux commissions scolaires d’une somme équivalente.

« À la lecture du budget, nous sommes déçus du manque de détails présentés dans les documents en ce qui concerne les mesures en éducation. Il est malheureux que nous puissions difficilement juger de la portée des annonces. » 

— Corinne Payne, présidente de la Fédération des comités de parents du Québec

« Comme élus scolaires, nous avons la responsabilité de répartir équitablement les ressources, c'est-à-dire d'apprécier la juste part qui revient à chacun. Malheureusement, les mesures dédiées tendent à favoriser l'uniformité dans l'offre de services aux élèves.» 

— Alain Fortier, président de la Fédération des commissions scolaires du Québec

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