COMMANDITÉ

ACTION

Ça roule !

Plus qu’un objet de loisir ou uniquement destiné aux sportifs, le vélo est devenu un moyen de transport pour beaucoup de Québécois.

Je l’avoue : j’ai longtemps été réfractaire à l’idée de me déplacer à vélo en ville, pratique que j’ai vraiment découverte lorsque je suis arrivée à Montréal, il y a 10 ans. Outre ma peur liée à la pratique de la bicyclette en ville, l’idée même d’enfourcher un vélo, chose que je n’avais pas faite depuis l’enfance, ne m’attirait pas du tout. Pire, j’étais de ces automobilistes qui ragent lorsqu’ils doivent partager la route avec un cycliste. Je sais, j’ai honte. Mais au fil des années passées dans la métropole, et surtout au contact de cette communauté de cyclistes qui prend d’assaut les rues et les pistes cyclables de la ville, j’ai découvert tous les avantages associés à cette pratique : le vélo est un moyen de transport commode, rapide, peu coûteux, écologique et qui permet en outre de faire de l’exercice physique. Pour parcourir de courtes distances — on parle en général de 5 km ou moins —, c’est tout simplement le meilleur moyen de se déplacer en ville.

Je ne suis apparemment pas la seule à avoir changé son fusil d’épaule. Selon le dernier rapport État du vélo de Vélo Québec, paru en 2010 (de nouveaux chiffres sont attendus pour juin 2016), le pourcentage de cyclistes adultes pour qui le vélo est un réel mode de transport est passé de 25 % à 53 % entre 2000 et 2010 à Montréal. On parle donc d’une tendance qui se confirme d’année en année. On y apprend aussi que les hommes sont en général plus enclins que les femmes à se servir du vélo comme moyen de transport, puisque les messieurs effectuent entre les deux tiers et les trois quarts de leurs déplacements utilitaires sur deux roues.

Magali Bebronne, de Vélo Québec, explique ce phénomène par la façon dont les villes sont conçues, puisqu’on y trouve un certain nombre de freins quant à la sécurité pour les femmes. « De manière générale, si leur trajet ne comporte pas de voies cyclables qui sont vraiment conviviales et sécuritaires, les femmes vont avoir des craintes et risquent de pas vouloir prendre leur vélo. »

L’aspect sécuritaire n’est pas le seul en cause. « Les femmes qui assument encore une grande part de la logistique familiale, comme aller chercher les enfants à l’école et faire l’épicerie, sont souvent plus chargées que les hommes et risquent de se rabattre vers d’autres moyens de transport, d’autant plus que l’offre de vélo cargo [NDLR : conçu pour transporter des enfants ou des charges importantes] n’est pas tellement intéressante », indique Magali Bebronne. Malgré ces faits, le commuting (trajet quotidien) à vélo est une tendance en hausse : de plus en plus de gens s’y adonnent.

L’ABC DU VÉLO URBAIN

Comment rendre l’expérience du commuting à vélo agréable ? « Tout d’abord, il faut trouver un vélo confortable, sur lequel on est à l’aise », énonce Julien Lafond, passionné de bicyclette et restaurateur de vélos usagés. La taille du cycliste est un bon indicateur, mais il ne faut pas négliger de calculer spécifiquement la hauteur de sa fourche afin d’avoir un vélo bien adapté. La position que le cycliste aura sur le vélo est aussi à considérer : pour être rapide, on veut être plus penché et avoir une position aérodynamique.

Par contre, on peut aussi privilégier une position du dos plus droite, plus confortable, qui permet de voir plus loin sur la route et qui incite à aller plus doucement : idéal pour éviter d’arriver en nage au bureau. On doit donc se poser quelques questions avant de procéder à l’achat : quelle utilisation fera-t-on du vélo ? Quel trajet sera emprunté ? Doit-on transporter du matériel ? Est-ce qu’un siège d’enfant devra être installé ? Il faut aussi s’assurer que le vélo a des garde-boue afin d’éviter de se retrouver avec le dos taché par les saletés de la route.

Très populaire en ce moment, le vélo de type randonneur, à mi-chemin entre le vélo de route et le vélo de cyclotourisme, est assez polyvalent : aussi utile pour se rendre au boulot situé à quelques kilomètres de chez soi que pour faire de longues randonnées en étant chargé. Il représente le juste milieu entre performance et confort. « Le vélo fixed gear [vélo de piste à une vitesse] reste toujours aussi très populaire, puisque la mécanique simplifiée et facile d’entretien permet de se rendre du point A au point B sans trop se casser la tête. C’est d’ailleurs la monture la plus utilisée par les courriers à vélo », explique Julien Lafond. Dans les tendances fortes, on remarque aussi un retour au design plus vintage, aux cadres en acier et aux accessoires chromés. Le cuir revient aussi en force, que ce soit pour les selles, les guidolines (rubans de guidons) ou les sacs de transport : comparé au synthétique, il est plus esthétique et plus durable, ce qui confère en outre à l’ensemble un look plus chic.

LE BI-CYCLE, C’EST CHIC

Tout un marché prend forme autour de cet aspect « chic » du commuting. Plusieurs magasins se spécialisent et offrent des produits ou des vêtements destinés aux gens qui utilisent le vélo pour se déplacer, mais qui ne veulent pas avoir l’apparence du cycliste habillé en lycra de la tête aux pieds. Fitz & Follwell Cie. (115, av. du Mont-Royal Ouest) se décrit comme « une boutique qui reflète la culture raffinée du vélo à Montréal » et est l’exemple parfait du courant de pensée « cycle chic ».

Né à Copenhague et lancé par Mikael Colville-Andersen, ce mouvement a pour but de changer favorablement la perception du cyclisme urbain. Dans les pays où le cyclisme est bien intégré à la vie quotidienne, les gens ne s’habillent pas différemment lorsqu’ils vont à vélo : ils portent leurs vêtements de tous les jours et le style n’est pas sacrifié. Le blogue photos Montréal Cycle Chic — on en trouve des versions pour plusieurs villes dans le monde — le démontre d’ailleurs très bien. La boutique Dumoulin Bicyclettes (173, rue Jean-Talon Est), quant à elle, se spécialise dans la vente de vélos pliants, considérés comme le nec plus ultra du cyclisme utilitaire. Magali Bebronne de Vélo Québec le surnomme même le « caméléon du vélo utilitaire ». Comme il se plie, il est le compagnon idéal pour des trajets intermodaux et est un must pour le commuting à vélo. Enfin, un bon sac est toujours très utile. Magali suggère la marque Linus ; elle a le modèle The Sac, qui s’accroche sur le porte-bagage, pour lequel elle reçoit de nombreux compliments.

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