Aventure

Quand la réalité rattrape le rêve

Pour tous les aventuriers, chaque projet commence par un rêve. Ils doivent toutefois disposer de moyens suffisants pour que ce rêve puisse devenir réalité. Amélie Gagné l’a constaté bien malgré elle.

Cette graphiste et photographe de 34 ans, originaire de la Gaspésie, avait une idée en tête. Celle de faire le tour de la Scandinavie à vélo. Un trajet de 7000 à 8000 km qui lui aurait pris environ trois ou quatre mois à parcourir, selon ses prévisions.

En principe, elle aurait dû partir ce mois-ci. Mais voilà, son périple n’aura pas lieu. Face à un manque de ressources financières pour mener à bien le projet, Amélie n’a eu d’autre choix que d’y renoncer. Pour l’instant, du moins.

Déçue ? Un peu, bien sûr. C’est cependant loin d’être la fin du monde à ses yeux.

« En autant que je puisse continuer de voyager, ce n’est pas un échec. J’ai d’autres projets en tête », explique-t-elle en entrevue avec La Presse.

NOMADE DANS L’ÂME

Voyager, c’est ce qui anime Amélie depuis toujours. En janvier 2014, elle a choisi de laisser un emploi et une vie stables à Montréal pour s’envoler avec son sac à dos vers l’Asie du Sud-Est.

C’est lorsque sa relation avec son conjoint des 10 dernières années a pris fin en Thaïlande qu’elle s’est tournée vers le sport, et le voyage à vélo plus précisément.

Elle s’est ainsi promenée dans les pays avoisinants avant de mettre le cap sur l’Europe, il y a quelques mois. Elle explore le continent au gré des contrats de travail qu’elle signe. Au moment de l’entretien, elle était assise à son bureau de Berlin, en Allemagne.

« J’essaie de montrer aux femmes qu’il est possible de ne pas suivre une certaine voie indiquée et qu’on peut faire ce qu’on veut. »

— Amélie Gagné

Pourtant, rien ne semblait destiner Amélie à un parcours d’aventurière à vélo a priori. De son propre aveu, elle n’est « vraiment pas une athlète ». L’appel du dépassement de soi était cependant trop fort.

« J’avais envie de me tester. De voir mes limites corporelles et mentales », raconte-t-elle.

SITUATION FRÉQUENTE

Le tour de la Scandinavie avait valu à Amélie une nomination pour la bourse Osez l’aventure !, remise par Frédéric Dion. Le gagnant reçoit 5000 $ en argent, et 5000 $ supplémentaires sous forme d’équipement. Mais à son avis, même si elle l’avait remportée, elle aurait néanmoins fini par manquer de fonds.

Quand on lui demande d’estimer le coût total d’une telle odyssée, Amélie avoue qu’elle peut difficilement définir un chiffre, qui se serait néanmoins avéré assez faible. « En voyageant à vélo, je n’ai pas de dépenses de transport. Je n’ai pas non plus d’hôtel à payer, puisque je fais du camping », souligne-t-elle.

Sa situation n’a malheureusement rien d’unique. Nombreux sont les aventuriers qui doivent abandonner le défi qu’ils souhaitent relever, faute d’argent. Ce n’est pas un hasard si plusieurs d’entre eux se tournent vers des commanditaires ou des campagnes de financement participatif (crowdfunding) pour obtenir le soutien nécessaire.

Mais Amélie n’est pas friande du concept. Une certaine timidité la refroidit lorsque vient le temps de solliciter un coup de main extérieur.

« Je ne me suis jamais considérée comme assez extraordinaire pour faire appel à des commanditaires. […] Je trouve ça hyper difficile et un peu égoïste de demander aux gens de financer mon petit caprice. »

— Amélie Gagné

Elle pourrait finir par se résigner, cela dit. Devant l’impossibilité de se lancer dans son projet comme prévu, Amélie songe en effet à se tourner davantage vers le public pour l’appuyer lorsque nécessaire. Le public québécois, en particulier, qu’elle estime avoir négligé. Son blogue, Mostly Amelie, qui recense ses différentes aventures, est uniquement rédigé en anglais.

« Je me suis rendu compte que j’aurais dû rejoindre les gens du Québec plus tôt, admet-elle. Je m’aperçois que les Québécois sont super intéressés. Je leur dois bien ça. »

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