Opinion  Politique

Trop intelligents pour se faire leurrer

Malgré un contexte mondial inquiétant, je suis convaincu que les Québécois éliront un parti qui combattra le scepticisme et la désillusion politique

En ce début d’année, dans un monde en profond changement et secoué par le terrorisme et la violence, il est difficile de ne pas nous interroger sur ce que l’avenir nous réserve.

Nous sommes évidemment engagés dans l’ère de la mondialisation, une ère pleine de remises en question. Sur le plan de l’économie, les moyens de communication et de transport ont aboli, au cours des 25 dernières années, les frontières et les distances, de telle sorte que les pays se sont engagés dans la libéralisation des échanges facilités par une multitude de traités. Cela a mené à une accélération du commerce international jamais vue dans le passé.

Ce nouveau contexte a permis à d’énormes et puissantes entreprises de se former. Des entreprises qui échappent largement aux contrôles des gouvernements et des organismes internationaux. Ces derniers, dont l’Organisation mondiale du commerce, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, ont d’ailleurs nettement favorisé la création de ces entreprises qui, grâce aux paradis fiscaux, évitent de payer leur juste part d’impôts.

La mondialisation a ainsi fait en sorte que dans une large mesure, à l’échelle mondiale, l’économie domine le politique au lieu de lui être assujettie.

Cette inversion permet une dangereuse concentration de pouvoir et de la richesse, en plus de favoriser l’accroissement des inégalités sociales. Dans ce monde, les idéologies politiques n’ont plus guère de signification. Aux yeux des gens, les repères traditionnels de gauche et de droite, de socialisme et de capitalisme, n’ont plus vraiment d’influence. 

La surprise Trump

Les manifestions de ce nouveau contexte se multiplient.

C’est ainsi qu’en France, le gouvernement de droite de Sarkozy a été remplacé par celui de gauche de Hollande ; il semble maintenant possible qu’en octobre prochain, Marine Le Pen prenne le pouvoir. Les États-Unis sont engagés dans un scénario semblable. George W. Bush, le champion de la droite radicale, a été remplacé par Barack Obama, élu grâce à une impressionnante vague d’enthousiasme. Huit ans plus tard, contre toute attente, la démocrate Hillary Clinton vient de subir une difficile défaite aux mains de Donald Trump, cet ignoble macho dont l’objectif est de défaire l’œuvre de son prédécesseur.

Enfin, ici même au Canada, on se souvient que la montée du NPD de Jack Layton fut éphémère. Elle s’est vite estompée devant la droite de Stephen Harper qui, pendant une dizaine d’années, a gouverné pratiquement sans véritable opposition. Mais tout comme ailleurs, il a subi une dure défaite aux mains des libéraux de Justin Trudeau.

C’est la victoire de Trump qui a constitué le fait marquant de 2016. Dans le vide créé par l’absence des critères de gauche et de droite, face à la vague de frustration et de colère de ceux qui ont été ignorés et tenus à l’écart du partage des richesses, Trump s’est emparé de la présidence des États-Unis. Pêle-mêle, Trump prône le recours à la violence plutôt que la négociation, le démantèlement de l’État, l’ouverture de l’ALENA, le protectionnisme et une fin non convaincante des excès de Wall Street.

L’élection de Trump constitue, au moment où le monde affronte des enjeux sans précédent, un inquiétant retour en arrière.

des dirigeants opportunistes

Au Québec, nous sommes inquiets et perplexes et, si l’on en juge par les récentes élections partielles et les sondages, nous ne savons pas quelle direction prendre. Personne n’a évidemment réponse à cette question.

Sur la scène politique, nos dirigeants donnent souvent l’impression d’ajuster leurs positions de façon purement opportuniste au gré des évènements. Ce qui a pour effet d’accentuer à leur endroit la désillusion et la perte de confiance.

En ce début d’année préélectorale, il est évident que le gouvernement Couillard, sans orientation claire et convaincante, souffre d’un sérieux déficit de confiance, et ce, malgré la vigueur de l’économie. De son côté, le PQ vient d’effectuer un double virage, d’abord vers l’indépendance et la droite avec Pierre Karl Péladeau, puis vers la gauche et le bon gouvernement avec Jean-François Lisée. Du côté de la CAQ, il est de plus en plus difficile de voir dans quelle direction François Legault semble vouloir orienter son parti. Enfin, l’incertitude quant à l’avenir de Québec solidaire brouille encore davantage les cartes.

intégrité et éthique

Dans ce contexte, je suis loin de croire que la population se laissera convaincre par le plus offrant aux prochaines élections, comme souvent par le passé. À mon avis, nos dirigeants politiques sous-estiment l’intelligence et la perspicacité des Québécois. Je suis convaincu qu’ils ne se laisseront pas leurrer.

Les gens vont plutôt opter pour le parti qui va inspirer le plus la confiance sur les questions d’intégrité et d’éthique. Je crois aussi qu’ils choisiront le parti qui proposera des mesures visant les causes du scepticisme et de la désillusion. On peut penser à l’introduction d’un système de représentation proportionnelle, afin que toutes les voix puissent être entendues, et à une lutte crédible contre l’évasion fiscale afin que tous paient leur juste part d’impôts.

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