Étude

Diffuser un égoportrait augmente l’anxiété des jeunes femmes

Diffuser un égoportrait sur les réseaux sociaux fait baisser la confiance en soi, augmente l’anxiété et mine l’humeur des jeunes femmes, selon une nouvelle étude réalisée à l’Université York de Toronto.

« Baisse de l’estime de soi »

Omniprésents sur les réseaux sociaux, les égoportraits semblent témoigner d’une certaine assurance, du fait d’être bien dans sa peau. Or, diffuser ces égoportraits fait plutôt naître des sentiments négatifs chez les jeunes femmes – la portion de la population qui en diffuse le plus –, révèle une nouvelle étude faite à Toronto. « Nous avons réalisé que les femmes qui diffusent un égoportrait sur les réseaux sociaux ont par la suite une moins bonne opinion de leur corps et se sentent moins attirantes physiquement, explique en entrevue Jennifer S. Mills, professeure au département de psychologie de l’Université York, à Toronto. Il y a un élément de vulnérabilité, et ça a un effet direct sur l’état d’esprit. »

Dix minutes

Pour mener leur étude, les chercheuses ont recruté 113 étudiantes de premier cycle en psychologie âgées de 16 à 29 ans, qui devaient répondre à des questions sur l’image qu’elles avaient de leur corps, leur humeur et leur satisfaction avec leur apparence physique. Ensuite, un sous-groupe devait prendre un égoportrait avec un iPad et le diffuser sur sa page Facebook ou Instagram, tandis qu’un autre sous-groupe – le groupe témoin – utilisait le iPad pour lire des articles sur le domaine du voyage. Dix minutes après, les participantes devaient à nouveau répondre aux questions sur leur état d’esprit.

Impact minime des retouches

Certaines des participantes pouvaient retoucher leur égoportrait, et les chercheurs étaient curieux de voir si cela pouvait changer la donne. Chez ce groupe, la confiance en soi, l’humeur et l’acceptation corporelle ont toutes été touchées négativement, mais d’une façon légèrement moins prononcée que chez celles qui devaient publier la photo telle quelle. « On croyait qu’en donnant aux participantes la chance de présenter la meilleure version d’elles-mêmes, l’expérience pourrait être positive. Or, ce n’était pas positif, c’était seulement un peu moins négatif », dit Mme Mills. Les chercheuses concluent l’étude en ces mots : « Par conséquent, diffuser fréquemment des égoportraits devrait être considéré comme un comportement à risque en matière de santé mentale pour les jeunes femmes, en particulier s’ils déclenchent une insatisfaction à propos de leur apparence physique. »

Et les hommes ?

Si l’étude s’est penchée uniquement sur les femmes, c’est parce que la littérature scientifique sur la question est plus abondante que celle traitant des hommes. « Si c’était à refaire, j’inclurais des hommes, dit Mme Mills. Cela dit, nous voulions faire le lien avec toute la recherche déjà réalisée, qui nous dit que, de manière générale, les femmes sont plus susceptibles d’être insatisfaites de leur corps et de leur apparence, et passent plus de temps à y penser que les hommes. On sait aussi que les femmes diffusent globalement plus d’égoportraits et s’intéressent plus à l’apparence sur les réseaux sociaux. »

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