Parlons guénilles

La plus belle saison

S’habiller de façon optimale, c’est en octobre que ça se passe : conjoncture du petit croustillant dans l’air et de la lumière parfaite, quelques semaines encore pour trotter sous les feuilles colorées et offrir généreusement au monde entier votre vous magnifié.

Vêtu à la perfection avec le manteau mi-saison (pas la doudoune pour accompagner Jean Lemire) et des bottes (peut-être imperméables, mais pas pour marcher sur la lune), peut-être un béret ? un chapeau ? Allez-y avec le chapeau, ne négligez jamais les vertus d’un chapeau. Rien de tel qu’un chapeau pour être sur son trente-six et se faire dire par une chic dame anglophone : « You are always soooo pulled together ! » Allons-y, mes poules ! Ensemble pour embellir la vie et remettre la fin du monde à plus tard.

Octobre, c’est également le moment idéal pour acheter une pièce ou deux, avant les soldes de décembre… même si vous n’avez besoin de rien, même si votre budget ne le permet pas vraiment, juste comme ça pour rien.

Pendant mon adolescence, dans les années 70, bien avant cette époque des chaînes de magasins mégasurface où les filles et leurs mères peuvent acheter trop facilement des tas de vêtements qui ne durent pas (d’ailleurs, le documentaire The True Cost sur l’industrie de la mode changera peut-être à jamais votre façon de consommer), je m’écarte un peu du sujet. Dans les années 70, donc, mes tantes, mes cousines, ma mère, ma sœur Hélène et moi nous donnions rendez-vous deux fois l’an au bazar de l’organisation B’nai B’rith qui, dans un volet caritatif, prenait d’assaut la grande salle d’exposition de la Place Bonaventure. Une fois sur place, nous partions à la chasse afin de dénicher, pour quelques sous à peine (oui, oui, vous avez bien lu !), des vêtements déjà portés et donnés, mais en bon état. J’ai un souvenir très vif de l’exaltation quand venait le temps de montrer nos trouvailles.

Du déjà porté ? Je n’ai aucun problème avec ça ! J’ai pour mon dire que dans la chaîne vestimentaire, si t’es pas au sommet de la pyramide, où est le problème dans le fait de glaner les beautés laissées par d’autres qui voyagent, ont du goût, des sous et pas le temps d’user leur butin.

DERNIÈRE TROUVAILLE

À Montréal seulement, chaque quartier a sa ou ses boutiques de consignation. La donne a maintenant changé et, comme à New York et à Paris, toutes s’y retrouvent sans complexe ni orgueil pour vivre une vraie expérience shopping. Désormais, on retrouve moins de locaux exigus remplis de choses disparates, l’idée étant plutôt de mettre en valeur les belles pièces et d’avoir envie de passer un bon moment, que vous trouviez ou pas. L’offre est de plus en plus intéressante… je vous invite d’ailleurs à me dévoiler vos endroits de prédilection.

En attendant de recevoir vos suggestions, je vous parle de la dernière boutique qui a réussi à faire augmenter mes pulsations cardiaques. Danielle Leblanc est une entremetteuse de morceaux choisis. Elle a eu une carrière bien remplie, elle a voyagé, mais pour cette nouvelle aventure, c’est son goût parfait et sa culture infinie de la mode qui font la différence. En bonus, elle vous offre une petite anecdote sur la robe qui vous attire ou l’histoire de ce sac que vous n’auriez peut-être pas rencontré dans sa première vie. Danielle aime tellement son inventaire qu’elle caressera, pour une dernière fois, le cachemire Burberry lorsque vous passerez à la caisse. Cette aubaine deviendra votre chandail de l’automne. Qui sait, la robe en lainage Missoni qui trône sur les rayons, joyeuse comme tout, sera peut-être de la bonne taille pour vous… chanceuse, va !

Je placote encore, comme si j’hésitais à vous donner trop vite l’adresse, et me demande : y a-t-il un équivalent pour hommes ? Nos gars qui s’habillent et veulent un grand frisson soldé, ils vont où donc ?

Une autre petite question pour vous, allez, jetez-moi par terre et terminez la phrase suivante : Pour moi, l’élégance, c’est…

Au bonheur de vous lire, avant de vous reconnaître dans la rue.

Adresse de la boutique : Charlotte et Gabrielle, 353, rue Prince-Albert, Westmount, Montréal

La chronique de Chantal Lamarre est publiée tous les deux vendredi dans Pause Chic !

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