THÉÂTRE

Eric Jean joue la comédie

VARIATIONS SUR LE TEMPS

Pour souligner les 60 ans du Quat’Sous, le metteur en scène Eric Jean avait envie de reprendre une pièce qui a eu du succès au cours de la petite histoire du théâtre de l’avenue des Pins. Son choix s’est arrêté sur une comédie de David Ives, créée en 1996, puis reprise en 2004.

Eric Jean avoue d’emblée ne pas avoir de penchant pour les comédies. Pourtant, allez savoir pourquoi, c’est exactement ce qu’il avait envie de programmer pour célébrer cette 60e saison.

« C’était clair dans ma tête que je voulais une comédie, nous dit le metteur en scène. J’avais envie de voir ce que je pouvais faire avec ça, parce que je n’en ai pas monté souvent. J’avoue qu’au début, j’ai trouvé ça difficile, mais j’y ai pris goût… Ce ne sera pas un Bye Bye, mais c’est une comédie qui peut être grasse, même si elle n’est jamais grossière. »

Il y a deux ans, dans le cadre d’un projet avec des élèves de l’École nationale de théâtre, il a lu Variations sur un temps (All in the Timing) de l’Américain David Ives (La Vénus au vison), un recueil de 14 courtes pièces dont cinq avaient été adaptées à la scène en 1996 par Pierre Bernard – avec Marc Labrèche, Élise Guilbault, Luc Picard et Diane Lavallée.

« J’ai vu le spectacle lors de sa reprise en 2004, explique Eric Jean. Je trouve que c’est une comédie brillante. C’est un auteur qui joue sur les sens et les mots. Honnêtement, je me suis demandé si j’étais le bon gars pour monter ça et puis je me suis dit : allez, j’y vais ! »

Le metteur en scène s’est entouré de six trentenaires « bien ancrés dans le présent », insiste-t-il : Émilie Bibeau, Geneviève Schmidt, Anne-Élisabeth Bossé, Mani Soleymanlou, Simon Lacroix et Daniel Parent.

LE SENS DU TIMING

Les cinq pièces retenues sont les mêmes qu’en 2004. Parmi celles-ci, Mini-putt, qui met en scène le rendez-vous doux d’un jeune homme à trois moments de sa vie, et C’est sûr, qui fait le récit d’une rencontre amoureuse où tous les faux pas du couple sont signalés, puis rejoués jusqu’à leur parfaite exécution. Bref, des comédies de situation qui proposent plusieurs allers-retours dans le temps.

« Ce sont des pièces qui abordent toutes le thème de la rencontre, résume Émilie Bibeau (Albertine, en cinq temps, Les chroniques de Saint-Léonard). Je crois que c’est pour ça que la pièce vieillit bien. »

« Il y a un défi rythmique dans le jeu, mais, sur le plan humain, les personnages tentent tous de communiquer et de se rencontrer, et ça, ce n’est jamais inintéressant. »

— La comédienne Émilie Bibeau

Le titre de la pièce, Variations sur un temps, fait référence à la fois au timing qui fait qu’on se trouve au bon endroit au bon moment, mais aussi au timing du comédien, qui doit bien envoyer ses « punchs ». « Ce sont des personnages très bien définis, très typés, mais il faut les jouer avec nuance et subtilité pour qu’on puisse voir le côté humain et pour qu’on puisse y croire », poursuit Émilie Bibeau.

Variations sur la mort de Trotski explore un autre type de variation. Léon Trotski aurait survécu 36 heures après avoir reçu un pic à glace sur la tête. L’auteur a donc exploré huit scénarios pour évoquer sa lente mort !

SAUTER DANS L’ARÈNE

Pour illustrer ce jeu avec le temps, Eric Jean a créé un espace de jeu qui donnera l’impression d’assister à des joutes d’improvisation, avec le temps qui s’écoule entre chaque pièce. « C’est une façon de jouer avec les structures et les codes de David Ives », estime le metteur en scène. Une vraie partie de plaisir pour les six comédiens, qui s’apprêtent à sauter dans l’arène.

« Il y a quelque chose de sportif et de jouissif », nous dit Geneviève Schmidt, révélée dans L’effet des rayons gamma sur les vieux-garçons. « On a eu beaucoup de liberté. En même temps, ce sont des pièces qui exigent rigueur et précision », nous dit l’actrice qu’on verra dans Cinq à sept de Fanny Britt (dans une mise en scène de Mani Soleymanlou) et dans Je préfère qu’on reste amis au Rideau Vert.

Trois intermèdes musicaux ont été intégrés au spectacle. « C’était une façon de mettre en valeur la musicalité du texte et de la confronter avec de vraies chansons », révèle Eric Jean. 

« Je trouve ça le fun de jouer avec d’autres acteurs de ma génération, conclut Geneviève Schmidt. Et puis je trouve que pour l’automne, c’est un show qui fait du bien. Un show bonbon, popsicle, très coloré et très vivant. »

Au Quat’Sous, du 5 au 30 octobre

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