COMMANDITÉ
GRANDE ENTREVUE
Roy Dupuis

Suivre son instinct

Figure incontournable du cinéma québécois, Roy Dupuis incarne le père de Félix Leclerc dans Pieds nus dans l’aube, le dernier film du réalisateur Francis Leclerc. L’acteur se confie ici sur ses engagements, ses passions et ses rêves, loin des plateaux de tournage.

L’acteur discret

Depuis quelques années, le moins que l’on puisse dire, c’est que Roy Dupuis ne squatte pas les écrans de cinéma ou de télé. L’acteur joue plutôt le rôle du gars très discret, un choix assumé pleinement. « Je suis dans une période de ma vie où j’ai beaucoup moins envie de travailler. Je reçois toujours des scénarios, mais disons que je ne cours pas après le travail d’acteur pour la simple et bonne raison que je n’en ai pas besoin. »

N’allez pas croire que Roy Dupuis envisage de mettre fin à sa carrière pour autant. Il suffit d’effleurer cette option pour qu’il confie avoir déjà deux projets cinématographiques sur le feu pour les prochains mois, sans cependant en dire davantage.

« Je ne me vois pas arrêter définitivement mon métier que j’adore, mais avec le temps, je suis devenu plus sélectif : si je ne suis pas surpris et attiré par l’histoire que le film veut raconter, je ne peux pas faire le film. L’histoire a toujours été l’élément déclencheur pour choisir mes projets. »

La dernière histoire qui a convaincu l’acteur, c’est celle que Félix Leclerc a imaginée dans son premier roman, Pieds nus dans l’aube, et qui a été portée à l’écran par son fils Francis, aidé à la scénarisation par Fred Pellerin. Le film nous transporte à La Tuque, en 1927, et raconte la vie de Felix Leclerc, alors âgé de 12 ans. Roy Dupuis incarne son père, un bâtisseur assez taiseux parfaitement interprété. « J’ai immédiatement été accroché par l’histoire, par les relations très fortes entre les différents personnages. On pouvait tout de suite sentir une atmosphère incroyable à la lecture du scénario. Mais si ça n’avait pas été Francis derrière la caméra, je n’aurais sans doute pas accepté de faire ce film. J’aime beaucoup son travail, sa vision et sa sensibilité. »

Roy Dupuis porte avec élégance ses cinquante-quatre années et n’hésite pas à se réjouir des avantages liés à cet âge en tant qu’acteur. « Les rôles qu’on me propose maintenant sont forcément plus complexes, plus riches que quand j’avais 20 ans, tout simplement parce qu’avec le temps, on a vécu plus d’expériences. »

Le citoyen engagé

Si vous cherchez Roy Dupuis, vous aurez plus de chances de le trouver en région, un outil à la main, que dans un cocktail mondain à Montréal en train de boire du champagne. « Je viens de l’Abitibi et c’est vrai que j’ai eu, depuis tout jeune, une relation très intime avec la forêt. Je suis un "gars de bois" comme on dit par chez nous et ça n’a pas changé aujourd’hui. D’ailleurs, je passe mon temps libre dans ma maison qui date de 1840 à y faire des travaux en tous genres, à être en forêt. »

Passionné par la science au sens large depuis l’enfance – il avait commencé des études en sciences –, Roy Dupuis a continué à nourrir cette curiosité pour la planète et les questions scientifiques en multipliant la lecture de livres de vulgarisation comme ceux d’Hubert Reeves ou de Stephen Hawkins.

« C’est très important de se tenir au courant, de rester informé sur les récentes avancées scientifiques car au fond, je suis convaincu qu’on a tendance à aimer encore plus ce qu’on comprend bien. »

Cette fascination pour la nature a trouvé une concrétisation logique dans le lancement de la Fondation Rivières, qu’il a mise sur pied il y a 15 ans. Les enjeux écologiques sont toujours une préoccupation majeure pour le citoyen Dupuis. « Même si les choses se sont améliorées à certains niveaux, on est quand même très en retard en ce qui concerne les énergies au Québec. L’hydroélectricité, par exemple, est une technologie "dinosaure" qu’il va falloir abandonner absolument pour aller vers l’énergie solaire. Il y a encore beaucoup à faire, mais le rapport entre l’homme et la nature a changé. Avant, on considérait ça comme une lutte, il fallait se battre contre la nature pour survivre. Aujourd’hui, on a pris conscience qu’on a besoin d’elle et qu’on en fait partie au même titre que le reste. »

Le voyageur

Outre son intérêt pour la planète, il est passionné par le voyage, le voyage vers ce qu’il ne connaît pas, comme l’Inde, ce pays qu’il a déjà visité trois fois pendant trois mois à chaque visite. « Il y a quelque chose qui fait du bien en Inde. C’est un pays tellement intense à tous les niveaux! J’ai été frappé par la générosité des gens, même les plus pauvres, par la beauté de ce pays si fascinant. Mon premier voyage en Turquie m’avait également surpris. Je n’en revenais pas de toutes les choses que j’y ai découvertes : les objets, la nourriture, l’architecture. C’est ça qui est captivant dans le voyage, c’est découvrir ce qu’on ne connaît pas et ceux qu’on ne connaît pas. »

Un autre voyage important est à l’agenda de Roy Dupuis : la Chine. « Je pense que c’est le même genre de pays que l’Inde, dans le sens "dépaysement total". Je veux y aller pendant plusieurs mois aussi pour bien prendre le temps de découvrir les différentes régions. Je vais également en profiter pour refaire une ascension de haute montagne, au Népal sûrement. »

« Je pense que c’est le même genre de pays que l’Inde, dans le sens "dépaysement total". Je veux y aller pendant plusieurs mois aussi pour bien prendre le temps de découvrir les différentes régions. Je vais également en profiter pour refaire une ascension de haute montagne, au Népal sûrement. J’ai déjà gravi 6 200 mètres dans l’Himalaya, mais la prochaine fois, je veux atteindre 8 000 mètres. »

Mais le voyage qui fait rêver l’acteur depuis toujours ne se fera pas sur terre, mais en mer. Il rêve en effet d’un tour du monde à la voile; il a d’ailleurs déjà l’embarcation idéale. « J’ai récupéré le bateau du célèbre aventurier Mike Horn, et je suis en train de le remettre en état avec un jour l’objectif de partir sur l’eau pour un tour du monde, dit-il. Le voyage à la voile est vraiment particulier, car on doit toujours rester à l’écoute des éléments, on est face à quelque chose qui est plus fort que soi. J’aimerais faire ce voyage qui durera plusieurs années avec une femme, même si je sais qu’il y aura des portions où je la navigation se fera en solitaire. Ce serait important pour moi de vivre cette expérience à deux. »

Pieds nus dans l’aube prendra l’affiche le 27 octobre.

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