OPINION JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA FEMME

Hommage aux femmes de la santé

Si vous avez la malchance d’être à l’hôpital aujourd’hui, et que vous croisez une de ces soignantes, dites-lui merci

On reconnaît facilement une femme médecin : son écriture est lisible. Blague à part, les femmes médecins sont plus consciencieuses, rigoureuses et prennent plus de temps avec leurs patients. Pour mieux les écouter, leur expliquer et faire un tour complet de leur santé. En cette Journée de la femme, je pense qu’il faut leur lever notre chapeau.

Je ne peux m’empêcher d’envoyer une flèche à notre ministre de la Santé, dont le projet de loi 20 sera particulièrement injuste pour les femmes médecins. Ce projet de loi prévoit couper la rémunération des médecins qui n’atteignent pas certaines cibles.

Les femmes médecins seront pénalisées pour vouloir faire une médecine de qualité, complète, qui prend du temps. Et elles seront pénalisées parce qu’elles vivent directement les contrecoups de la conciliation travail-famille. Eh oui, encore en 2015, ce sont les femmes qui assument la plupart du temps la majorité des tâches ménagères et des soins aux enfants !

Notre système de santé est tenu à bout de bras par des femmes, dans des conditions pas toujours faciles.

Pensons à l’infirmière qui, après son quart de travail aux urgences, se fait imposer un quart supplémentaire. Ou aux préposées aux bénéficiaires qui lavent les malades, changent des couches ou se font parfois insulter par des patients déments. Ce sont en grande majorité des femmes qui occupent ces postes.

Si vous avez la malchance d’être à l’hôpital aujourd’hui, et que vous croisez une de ces soignantes, dites-lui merci. Même si elle n’a pas répondu à votre appel assez vite, même si vous êtes sur une civière depuis 48 heures, même si elle vous a parlé un peu rudement. Les soignantes ne sont pas responsables de la désorganisation de notre système, elles méritent notre gentillesse.

AUSSI EN DEHORS DU SYSTÈME

En dehors du réseau, la santé est aussi une affaire de femmes. Je le constate à chaque visite d’enfant fiévreux : la plupart du temps, c’est la mère qui a passé la nuit à son chevet. Et je m’en rends compte à nouveau lors des visites à domicile : c’est presque toujours une fille qui s’occupe de ses vieux parents malades ou mourants. Comme société, nous ne faisons pas toujours tout ce qu’il faut pour bien les appuyer. À quand des politiques honnêtes pour soutenir les parents d’enfants malades et les aidantes naturelles ?

Lorsqu’on s’attarde à examiner les conséquences de la pauvreté sur la santé, encore une fois, on reconnaît un visage féminin. Les femmes, encore aujourd’hui, sont majoritaires parmi les travailleurs précaires et au salaire minimum. Elles sont aussi majoritaires comme chef de famille monoparentale. Malheureuse combinaison, qui laisse certains enfants bien vulnérables au début de leur vie. Les mesures actuelles d’austérité sont inquiétantes : va-t-on couper dans le maigre support dont bénéficient ces mères et leur famille ?

Nous devons au contraire faire plus pour les aider : plus de places en garderie en milieu défavorisé, meilleur soutien à l’emploi, bonification des aides familiales. Les politiques sociales qui visent les femmes ont un effet multiplicateur : chaque fois qu’une femme se sort de la pauvreté, elle entraîne avec elle ses proches, sa famille, avec un impact majeur sur la santé de tous. En cette Journée de la femme, je nous souhaite comme société de reconnaître à sa juste valeur le travail des femmes, et d’aider les plus démunies d’entre elles comme elles le méritent.

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